Tenter de se frayer un chemin dans ce si concurrentiel espace metal relèverait, aujourd'hui plus qu'hier, d'un véritable parcours du combattant pour les nouveaux entrants. Conscient de cet état de fait, ce jeune quintet suisse originaire d'
Olten en a mesuré les enjeux et surtout jaugé les risques d'un tel investissement. Aussi, prudent dans sa démarche, le combo helvétique a pris le temps d'affiner les gammes et les arpèges de ses compositions, de soigner ses enregistrements et de solidifier la logistique de son projet, n'accouchant de son introductif effort, le présent EP 6 titres «
Flight of the Phoenix », pas moins de huit années suite à sa création, fin 2005.
Le temps pour le collectif suisse de stabiliser son line up, conjuguant désormais les talents de : Debora Lavagnolo, au chant ; Tobias Brutschi, à la batterie ;
Angelo Salerno (ex-Green
Labyrinth, ex-
Dystera), à la basse ;
Pascal Töngi, aux guitares et Tom Hiebaum, aux claviers. De cette étroite collaboration naît une pimpante et vivifiante auto-production, généreuse de ses 28 minutes d'obédience metal mélodico-symphonique à la touche opératique, dans la veine de
Nightwish,
Xandria,
Amberian Dawn et consorts.
C'est à la lumière de ses pistes les plus offensives que la troupe parvient à marquer ses premiers points, nous embarquant alors dans de sémillantes séries d'accords pour ne plus nous lâcher. D'une part, eu égard à ses riffs crochetés adossés à une frondeuse rythmique, le nerveux «
Flight of the Phoenix » poussera irrémédiablement le chaland à un headbang bien senti. Dans l'ombre de
Nightwish (première mouture), ce bref et pulsionnel effort se double d'une ligne mélodique des plus enivrantes sur laquelle se greffent les saisissantes envolées lyriques de la sirène. D'autre part, au regard de ses soudaines accélérations, de ses suaves séries de notes et de ses enchaînements sécurisés, le sanguin «
Circle of
Witches » révèle, lui aussi, de séduisants atours auxquels s'adjoignent quelques surprises du plus bel effet. Si, à la lecture de ces deux propos, une impression de déjà entendu nous étreint, force est d'observer que la magie finit par opérer...
Dans une même énergie, d'autres plages, certes moins tubesques, n'en réservent pas moins leur lot de délectables séries de notes coalisées à moult grisantes péripéties. Ainsi, dans le sillage de
Xandria (seconde période), le vitaminé «
Forbidden Love » nous octroie un galvanisant cheminement d'harmoniques ainsi que de grisantes montées en puissance du corps orchestral. Si, à nouveau, les cristallines volutes de la déesse font mouche, on regrettera toutefois des lignes de claviers omniprésentes, un poil surannées, et un refrain pourtant catchy et bien amené mais hélas des plus convenus. En dépit des mêmes carences observées, on ne pourra guère éluder le polyrythmique et ''nightwishien'' « Walking
Dead Man ». Et ce, au regard de son atmosphère orientalisante, capiteuse à souhait, de l'indéfectible et dévorante vélocité de ses frappes de fûts, et de ses fuligineuses et vibrantes accélérations.
Quand il retient un tantinet sa monture, le club des cinq n'a pas davantage tari d'inspiration, nous happant dès lors sans avoir à forcer le trait. Ce qu'illustre précisément « Fading Away », théâtralisant mid tempo dans la lignée d'un
Amberian Dawn des premiers émois, avec un zeste de
Nightwish quant à ses arrangements instrumentaux. Jouissant d'un fin legato à la lead guitare, d'insoupçonnées variations rythmiques, et recelant des couplets bien customisés que relayent des refrains immersifs à souhait, le seyant propos se dote, en prime, des troublantes inflexions de la maîtresse de cérémonie. Dans un même mouvement, le ''xandrien'' mid tempo progressif « The Pattern », quant à lui, se pare de truculents gimmicks guitaristiques parallèlement à une captatrice densification du dispositif instrumental. Autre moment fortement chargé en émotions, mis une fois encore en exergue par les chatoyantes patines de la mezzo-soprano, poussant irrémédiablement au total enivrement de nos sens.
A l'aune de son premier effort, le combo helvétique signe une œuvre d'une énergie aisément communicative, à l'ingénierie soignée, mais éminemment classique dans sa forme comme dans son concept. Témoignant d'une technicité de bon aloi et de qualités mélodiques que pourraient lui envier nombre de ses pairs, il lui faudra cependant mieux digérer ses sources pour les faire siennes, davantage varier son propos sur les plans atmosphériques et vocaux, et surtout consentir à l'une ou l'autre prise de risque s'il souhaite, à terme, tenir la concurrence en respect. Pour l'heure, si nos acolytes cherchent encore leurs marques, un réel potentiel s'esquisse déjà, à développer toutefois pour espérer un large recueil de l'adhésion. Bref, pour envisager d'impacter les pavillons déjà sensibilisés aux travaux de ses maîtres inspirateurs, la troupe devra impérativement élever d'un cran le niveau de ses exigences quant à ses choix d'harmoniques et d'instrumentation, et offrir une palette plus étoffée d'exercices de styles. A bon entendeur...
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