Mechina est attendu au tournant depuis la sortie de son album révélation «
Conqueror ». Les Américains, en digne représentant d'un space metal grandiloquent, prouvaient qu'il était possible de donner un nouveau souffle au metal industriel. Même si la recette de base rappelle un mélange de
Fear Factory et de
Meshuggah, l'ensemble même des morceaux va bien au delà de ces deux piliers grâce à la mise en place d'orchestrations et d'un souffle épique imprenable.
La sortie d' «
Empyrean » a quelque peu été compromise puisqu'à la base, le nouvel opus devait voir le jour l'an dernier. Suite à des problèmes d'argent et de mastering, le groupe passe alors plus de temps sur son nouveau rejeton, et le jeu en vaut la chandelle. Car ce qu'il avait proposé sur le single «
Empyrean » sorti en avril se retrouve bouleversé et remis en question. Le son est bien meilleur et les orchestrations plus travaillées.
Avec «
Empyrean », le quatuor poursuit ce qu'il avait entamé avec «
Conqueror ». Le concept est toujours science fiction. L'auditeur suit un groupe d'humains échappant à une Terre ravagée par un holocauste nucléaire et en partance pour une nouvelle planète,
Empyrean, en 2632. Il s'agit donc d'une histoire narrée à travers onze morceaux reliés en un bloc. Il est donc conseillé d'écouter l'opus du début à la fin afin de saisir toutes les subtilités.
Bien qu'on soit pas très loin de «
Conqueror » pour ce qui est de la recette principale, on est tout de même un cran au-dessus. Le travail a payé et le death industriel de
Mechina se dote désormais d'une âme. On découvre un ensemble très cohérent, dans lequel se côtoient divers éléments, des expérimentations cybernétiques (« [Cryostasis_Simulation_2632_01] »), aux tonalités djent, en passant par la lourdeur et l'agressivité du death, sans oublier les arrangements symphoniques de grande qualité.
Il ne serait pas inconcevable de dire que «
Empyrean » peut plaire à tous les amateurs de bandes sons, qu'elles proviennent de films/séries ou de jeux vidéos science fiction. L'introduction « Aporia », suivie de « Asterion » pourraient rappeler certaines d'entre elles, comme BattleStar Galactica, Deus Ex, Ratchet and Clank,
Mass Effect,
Halo...agrémentées de riffs tranchants et de growls. Les chants féminins arabisants apportent une petite touche orientale voire ethnique histoire d'apporter un peu de chaleur dans le froid de l'espace.
Mechina a mûri et la palette musicale en devient plus variée. Les guitares sont moins linéaires et plus en harmonie avec le reste de l'instrumentation. Une véritable fresque épique s'offre à nous, à l'image d' «
Interregnum », porté par un chant clair atmosphérique, des choeurs, et un final grandiose. « Imperialus » et « Catechism » mettent l'accent sur une osmose parfaite entre l'harmonie des orchestrations et l'agressivité du death metal (blasts, gros riffs, growls). Sans oublier « Terminus », qui, du haut de ses dix minutes, nous transportent très loin tout en sachant nous tenir en haleine jusqu'au bout grâce aux changements de rythme et au côté épique prédominant.
L'alliage du death et du sympho fait des siennes ces derniers temps, et on pense forcément à « The Great
Mass » de Septic
Flesh. Ici, rien de comparable, non seulement parce qu'on ne se retrouve pas avec la même ambiance, mais aussi parce qu'il n'y a pas de véritable orchestre. Et c'est ce qui, finalement, manque à
Mechina. De vrais cuivres et de vrais violons apporteraient une autre dimension aux compositions des Américains, histoire de les rendre encore plus vivantes et plus profondes.
Malgré tous ces bons points, la musique de
Mechina reste encore perfectible. D'une, les orchestrations, bien qu'excellentes, mériteraient d'être moins linéaires. Certains changements d'ambiance permettent de varier l'utilisation de la programmation, mais sinon, ça manque un peu de folie et d'envolées majestueuses, le groupe utilisant un peu trop souvent les mêmes lignes. Autres défauts : le chant clair, un peu trop mielleux sur certains passages, et le mixage, en particulier les balances. A cause d'elles, le son n'est pas toujours correct et certains réglages sont de rigueur s'il on veut apprécier l'ensemble à sa juste valeur et saisir les subtilités.
2013 commence plutôt bien avec ce groupe ayant un regard vers l'avenir sans renier ses origines.
Mechina peut se targuer d'officier dans un space metal unique en son genre grâce à un «
Empyrean » captivant.
Plus qu'à attendre 2015 maintenant, en espérant que la dernière partie de la trilogie surplombera toutes les autres.
Encore un groupe à ajouter à ma série Sybreed, Neurotech et autres "cyber" en tous genres ;)
Je remarque que je ne suis pas le seul à trouver le son VRAIMENT limite.
Peut-être parce que je produis aussi de mon côté ;)
Le mix d'origine ne doit pas être terrible : on entend des pics sonores sur le chant clair, les guitares sont perdues derrière l'orchestration, qui contient trop de basses...bon je vais arrêter là ;)
Et le mastering, qui aurai pu régler la moitié des problèmes, n'a fait que les laisser en place, voire les amplifier...
Dommage, car c'est vraiment un excellent groupe !
Le genre de groupe pour lequel j'aurai passé des jours à mixer gratuitement, juste pour avoir mon nom sur l'album (et éviter ce son là) :D
Sinon après de nombreuses écoutes je suis complètement sous le charme.
Malgré les quelques défauts (que la chronique décrit parfaitement), l'album est très prenant, un effet BO de film SF très bien rendu.
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