Pour les thrashers,
Heathen est l'archétype de la qualité qui ne rime pas avec quantité. Trois albums au compteur avant celui-ci seulement, et chacun dans leur époque, parmi ce qui se faisait de mieux dans le genre. Dès son premier jet (
Breaking the Silence - 1987), les Californiens avaient su convaincre les plus exigeants avec un savoir-faire musical indéniable et des influences à aller chercher du côté de la NWOBHM.
Pas du tout comme ses petits copains de la Bay-
Area qui étaient majoritairement plus portés vers le punk ou l'agression. Avec un durcissement rythmique pas piqué des vers sur l'implacable
Victims of Deception (1991),
Heathen avait toutes les cartes en mains pour se battre dans la cour des grands
Anthrax et autres
Testament. Malheureusement, les années 90 passant par là, on ne réentendit les Californiens qu'au milieu des années 2000 avec un EP fourre-tout en 2004, quelques concerts locaux et une autre réussite, l'inespéré
The Evolution of Chaos (2009), qui ressuscitait avec bonheur les qualités du groupe. Depuis, Lee Altus et Kragen Lum, les deux guitaristes compositeurs habituels sont allés prêter main forte à
Exodus, lors de tournées aux quatre coins du monde, retardant inexorablement la composition d'un nouvel album d'
Heathen.
Fort d'une signature chez le puissant label allemand
Nuclear Blast,
Empire of the Blind (orné d'une belle pochette, comme d'habitude chez les américains) débute par un solo fort en caractère, annonçant que le groupe n'a rien perdu de sa capacité mélodique (ici un thème introductif que l'on reconnaîtra dans l'outro "
Monument to Ruin"). Ces mélodies et soli seront le gros point fort du disque, avec une virtuosité inattaquable que l'on retrouvera tout au long de l'album, avec souvent en plein cœur des morceaux des parties de guitare magnifiques ("
Empire of the Blind", "Sun In My
Hand", et... presque tous les titres) typiques de la formation. Ajoutons-y la voix, reconnaissable, de White (parfois, mais pas tout le temps, son timbre ayant pris un coup de vieux décelable dès les premiers sons de "The Blight" et du coup à l'impact mélodique bien moindre que par le passé) qui amène harmonies et mélodies aux compositions toutes créées par Lum pour cet album. Enfin, notons un effort de diversité, plus ou moins réussi sur la ballade "
Shrine of
Apathy" aux jolies harmonies vocales mais à l'instrumentation fade, sur le fabuleux instrumental "A
Fine Red Mist", ou avec le lourdaud "Devour", tentative groovy proche d'un
Anthrax 2.0.
Car, ne nous y trompons pas, l'unicité d'écriture effectuée par Lum laisse un goût désagréable en bouche.
Pas que les compositions soient mauvaises, on est chez
Heathen quand même, cette seule appellation se suffisant à elle même, mais il est fort à parier que les longues tournées chez
Exodus aient plus qu'influencées les compositions des Californiens. On retrouvera ainsi souvent en riff principal/introductif de chaque morceau un gros, très gros, énorme parfum
Exodus. Même le jeu du batteur
Jim Demaria (
Toxik) ressemble à celui déployé par Tom Hunting sur les parties les plus énervées (flagrant sur les attaques qui suivent les riffs les plus
Exodus du lot). Ce point important pourra diviser, et c'est compréhensible, les adeptes du groupe, habitués à voir en
Heathen une formation avec de la personnalité et à nul autre pareil. Ici, ce peut donc être la douche froide, car la comparaison est inévitable au gré de titres comme "
Blood to Be Let", le terrible "The Gods
Divide", ou "The Blight" pour les comparaisons les plus évidentes. A l'inverse, un titre comme l'excellent "In Black", très thrash mais plus personnel et au riffing acéré convaincra immédiatement les nostalgiques d'un "Opiate Of the Masses" par exemple.
Avec des grands moments comme des titres plus convenus, et auréolé d'un parfum
Exodus trop prégnant, ce nouvel
Heathen constitue une relative déception, car les attentes étaient grandes pour un groupe à la parole rare et au savoir-faire indéniable mais qui, ici, a pêché par l'absence de Altus à la création et par la porosité entre les deux groupes dans lesquels jouent les guitaristes. Les irrités par le chant de Souza pourront par contre trouver ici un bel album, farci de beaux soli à se mettre entre le oreilles, aux accointances
Exodus avérées et avec une qualité indéniable, bien que diluée et ayant quelque peu perdu de sa singularité. Quel dommage !
Je n'ose l'écouter ce nouveau Heathen tant j'ai l'impression qu'il va me décevoir.
Aller suite à cette belle chronique je me lance.
Les points positifs :
Les solos, toujours aussi dingues chez ce groupe.
Les partites chants, les refrains, ça fait plaisir d'avoir une vrai recherche sur le chant. D'ailleurs je trouve que c'est vraiment le point fort de l'album qui permet d'oublier ces riffs exodussiens.
Je retrouve le Heathen que j'aime sur l'instru A fine red mist, excellente compo.
Les points négatifs :
Ces fameux riffs à la exodus, pas qu'ils soient mauvais, mais c'est Heathen que j'ai envis d'écouter pas Exodus. Certaines compos sont assez moyennasse... Devour, Dead and gone.
Puis surtout j'aime quand Heathen prend le temps de déployer les armes, de laisser parler leur instruments. Ici on a des compos assez basiques dans leur construction, j'ai envis de dire "trop courte pour du Heathen". En faite je pense que ce n'est pas ce genre d'album qu'on attend d'un telle groupe.
Au final, cela s'écoute bien, et très facilement (ce qui est assez surprenant, d'habitude il me faut un paquet d'écoutes pour Heathen), un album sympathique j'ai envis de dire mais très loin d'un Victims of Deception.
Merci pour le chro.
ouais ben c'est ce que je disais à Francky la dernière fois , pas emballé par cet album de Heathen et l'absence de Lee Altus se fait vraiment sentir , bref pas jojo l'album j'espère que le prochain sera dans la trempe de Évolution Of Chaos .
Merci pour la chro.
Je me le suis passé pas mal de fois sur YT depuis 10 jours, histoire de me faire un avis avant un éventuel achat.
Content déjà de retrouver des titres plus courts, ceux à rallonge de « Evolution of Chaos » finissant souvent par me perdre.
Un album assez « impersonnel », de qualité inégale selon les morceaux, mais qui propose toujours des plans de guitare de dingo. Ca j’aime ! Vous avez noté le solo introductif de « The rotting sphere » ? Comme pour « Death by hanging » sur leur terrible premier album de 87 !
Pour dire vite, je pense qu’il n’y a pas un mot de ta chro que je ne partage pas
Ah si quand même, tu parles d’une belle pochette, comme d’habitude avec le groupe. Heuuu, celle de « Breaking The Silence » c’est pas trop ça quand même
Bref, je vais attendre de trouver ce disque pour quelques euros avant de l’acheter. Comme pour le dernier Testament par exemple.
Relativement déçu également pas mauvais non plus mais nettement moins bon que le superbe évolution of chaos qui me fout à chaque fois une claque d'enfer ! !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire