Bien qu'aujourd'hui
Anorexia Nervosa ne soit plus, le quintet de Limoges peut se vanter d'avoir su se forger une réelle renommée avec seulement quatre albums et divers E.P de qualité faisant d'eux l'un des groupes de black metal Français les plus appréciés et ce même après la dissolution du groupe en 2005.
Qui aurait pu prévoir en 1997, après la sortie de leur premier opus "
Exile" qui offrait un black assez alambiqué, doté de bonnes idées, mais manquant un peu d'âme, que le groupe donnerait le jour à une petite perle de black metal symphonique qui jettera la première de leur édifice, certes petit, mais terriblement beau et confortable.
Le virage opéré au sein de "
Drudenhaus" peut s'expliquer par le changement de line-up. Des divergences musicales au sein du groupe ayant forcé le départ de Marc Zabé (guitare) et de Stéphane Gerbaud (chant), c'est donc
Rose Hreidmarr qui vient prêter main forte au groupe à l'aide sa voix si caractéristique, lui-même suivi par le talentueux claviériste Neb Xort qui apportera la touche symphonique si délicieuse que nous connaissons aujourd'hui.
Si "
Exile" était un album sombre et glauque, "
Drudenhaus" se veut plus haut en couleur dans les harmonies et la composition générale qui est plus grandiloquente. Chaque titre est très rythmé et la production (excellente en elle-même) rend hommage au travail fourni par chacun des membres. Le fait que le groupe possède son propre studio n'est certainement pas étranger à cette fusion onirique entre les divers instruments et le travail réalisé s'avère tout à fait à la hauteur de la qualité des compositions.
Les guitares délivrent des riff au tempo très accéléré qui renforcent l'aspect de puissance des différentes pistes, les nappes de clavier de Neb Xort savent aussi bien apporter des touches mélodiques bien placées lors de break intenses qu'offrir de courtes introductions à certains morceaux en guise de transition. Le bémol que l'on pourrait relever est que la batterie manque parfois de puissance, nous forçant alors à tendre l'oreille sur certains passages, ce qui est assez dommage étant donné que le double pédalage et les blast de Nilcas Vant valent largement le détour.
L'album débute sur les chapeaux de roue avec le redoutable "A Dolefull
Night In
Thelema" qui offre dès les premières secondes un bon aperçu de ce que sera l'album sur sa longueur. Un riff incisif s'empare de l'auditeur et ne le lâche pas jusqu'au break mélodique et éloquent où Hreidmarr nous offre les prémices de son chant en Français qui, mine de rien, apporte un plus à l'album. En effet le sieur RMS maîtrise plusieurs langues et ne se gêne aucunement pour les utiliser. Nous aurons ainsi droit à différents thèmes tels que l'opposition à dieu, la sexualité, la mort, rien de bien nouveau en somme, mais abordés sous différents angles : les parties des textes en anglais étant plus métaphoriques et cyniques et les parties françaises touchant plus à de la poésie macabre.
Sur cet album, on peut dire qu'il n'y a vraisemblablement rien à ajouter et rien à jeter. Chaque titre possède son moment fort, comme par exemple "
God Bless The
Hustler" et son final explosif qui donne une furieuse envie à l'auditeur de casser la première chose qui lui passe sous la main grâce à la furie vocale du chanteur attitré et la folie contagieuse des guitares ou encore "
Dirge And Requiem For My
Sister Whore", son intro malicieuse nous préparant à un refrain blasphématoire qui prend aux tripes.
L'album sera peut-être difficile à appréhender lors de la première écoute. En effet, une ligne directrice dans la production et dans l'atmosphère ne rendra tout d'abord pas justice au réel contenu de la galette en rendant celle-ci plus complexe que la moyenne et demandera plus d'attention de votre part. Ceci dit, il serait dommage que certains d'entre vous s'arrêtent à cette petite difficulté et passent à côté de titres tels que "The
Drudenhaus Anthem" avec sa symphonie aussi hargneuse que rapide et son break envoûtant ou encore "Enter The Church Of
Fornication" et sa sublime symbiose blast beats/clavier qui en fait l'un des titres les plus brutaux de l'album aux côtés de "The
Red Archomance".
C'est donc sous une magnifique pochette automnale et neuf pistes savoureuses pleines de folie douce et furieuse à la fois qu'
Anorexia Nervosa aura sorti l'album amorçant le début de leur réussite.
Si vous êtes amateurs de Black Symphonique de qualité, assez alambiqué et plus simplement jouissif, jetez vous dessus, vous ne le regretterez pas.
Pour l'instant, le groupe est en Stand-By et leur avenir incertain, mais pour ce qui est de leur passé ça vaut sacrément le détour.
Valentheris.
Anorexia Nervosa fut à mon sens la quintessence du Black "des lumieres"à la francaise. Le chanteur est particulierement bon. Je me rappelle lors de la premiere ecoute peu apres sa sortie avoir mis qlq ecoutes avant d apprivoiser le groupe...en effet je trouvais que ca partait dans tous les sens...mais en fait non, le groupe va dans le meme sens, celui de l'excellence!
Tout y est bien produit et le resultat est 1 joyau .
Je regrette la disparition de ce groupe!
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