Les Américains de
Jag Panzer n’auront finalement jamais retirés grands profits de leur album
Ample Destruction. L’œuvre pourtant exceptionnelle sera même le point de départ d’un parcours chaotique, durant les années 80, dans lequel les déboires les plus fâcheux conduiront le groupe de désillusions en déconvenues avant de, finalement, le condamner à une mort artistique définitive, du moins le croyait-on. Il faudra attendre dix longue années avant que, fort d’une impromptue résurrection miraculeuse, le groupe ne donne suite à son chef-d’œuvre. Une suite baptisée
Dissidence Alliance et qui sort en
1994.
Si l’œuvre pourrait apparaitre comme l’objet de fantasme inespéré d’un désir avide, délicieux prolongement créatif d’un album sortis une décennie plus tôt, la concrétisation de cette utopie, objet en main, morceau entre les oreilles, s’avère très vite décevante et ce pour plusieurs raisons majeures.
Tout d’abords à cause de la défection de Harry ‘‘The
Tyrant’’ Conklin qui apparait comme une cruelle déception. Le chanteur, aux capacités incroyables, à la polyvalence admirable s’époumonant en des aigus sublimes et en des graves délicieux, n’est pas de cette nouvelle aventure. Son successeur, Daniel J. Conca, aux intonations plus écorchées et plus rugueuses, apparait comme inconfortablement installer dans cette nouvelle tâche qui est la sienne. Si les qualités de ce nouveau venu ne sont pas, tout à fait, en cause, elles soulignent davantage encore, s’il en était besoin, l’immense talent de son prédécesseur. Très clairement Harry était une des caractéristiques les plus délicieusement symptomatiques de
Jag Panzer. En le perdant, c’est un peu de son âme que le groupe perd.
D’autant plus qu’à cet embarrassant changement de vocaliste s’ajoute celui, plus embarrassant encore, d’une modification de style. En effet faisant taire quelques peu son Heavy aux influences NWOBHM très prononcés,
Jag Panzer devient, sur cet œuvre, un ardent défenseur d’un Heavy Thrash aux riffs acérés. Dans ce contexte la décision, quant au choix de ce nouveau chanteur, apparait cohérente mais le résultat n’en demeure pas moins décevant.
Dès les prémisses d’un Jeffrey-Behind The
Gate aux rythmes et aux mélodies lancinantes, lourdes et pénibles, dans lequel Daniel éructe dans une expression aux inflexions proche de celle d’une union improbable entre Lemmy Killminster et un médiocre chanteur quelconque de Death
Metal, le groupe piétinent nos velléités nées du souvenir antique de ce que fut autrefois ce groupe. Dénaturant totalement son image
Jag Panzer poursuit dans cette entreprise de destruction en nous proposant des titres essentiellement lents et sans inspiration, échafaudé sur des schémas pas totalement similaires (puisque dévoilant parfois des plans plus véloces) mais presque, de ce premier titres. Ainsi nous offrent-ils les piètres
Psycho Next Door,
Spirit Suicide ou encore, par exemple, The Chruch. L’épouvantable quintessence de ce carnage est atteinte lors d’un atroce
Forsaken Child. Le titre, en une sorte de ballade désagréable, aux guitares, et aux refrains faussement proche d’Iron Maiden (mais que Steve Harris n’aurait sans doute pas osé composer), nous offre les angoisses douloureuses d’un moment sans aucun intérêt.
Au-delà de ce spectacle affligeant, le reste de l’œuvre est d’une banale médiocrité. Ces chansons certes, plus nerveuses, nous laissent agoniser dans ce profond ennui obsédant. Seule The
Clown et Edge of the
Blindness sont de natures suffisantes à pouvoir, éventuellement, prétendre nous procurer quelques, légères, satisfactions. Mais mon Dieu que c’est peu.
La renaissance d’un
Jag Panzer injustement ignoré, au son de ce négligeable
Dissident Alliance, est donc un échec artistique retentissant. S’égarant en une musique Heavy/Thrash inaccoutumée, sans son leader charismatique et en nous proposant donc une œuvre incongrue, le groupe aura bien trop dénaturé son image et son nom.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire