Ample Destruction

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16/20
Nom du groupe Jag Panzer
Nom de l'album Ample Destruction
Type Album
Date de parution Août 1984
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album71

Tracklist

Re-Issue in 1990 by Metalcore Records with a different cover
1.
 License to Kill
 03:02
2.
 Warfare
 05:11
3.
 Symphony of Terror
 04:24
4.
 Harder Than Steel
 04:54
5.
 Generally Hostile
 03:20
6.
 The Watching
 04:10
7.
 Reign of the Tyrants
 03:33
8.
 Cardiac Arrest
 03:12
9.
 The Crucifix
 07:19

Durée totale : 39:05

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Jag Panzer


Chronique @ ZazPanzer

29 Décembre 2010

La magie de la NWOBHM la violence et la crasse en plus ...

Octobre 1984 en France. Banlieue parisienne. Au pied d’immeubles fraîchement rénovés, quelques Peugeot 103 pétaradent, chevauchées par des «Hardos» en guerre contre les «Funks». Sapés en Spandex motif léopard ou dentifrice, T-Shirts Tokyo Blade sous les perfectos, franges Dickinson au vent, ceux qu’on n’appelle pas encore les «Métalleux» se ruent vers le kiosque à journaux le plus proche pour s’y procurer le dernier Enfer Magazine (classé avec les revues érotiques et non avec les mensuels musicaux). Ils n’ont que deux pièces de 10 balles et quelques centimes dans la fouille. Enfer est à 12 francs, ils achèteront aussi un paquet de Marlboro à 8,20 F. Tiens, c’est Angus qui fait la couv’ ! Vite, les chroniques de Bruno Bages et de Bruno «Tequila» Khaled ! La rumeur dit qu’un groupe de dingues va arriver en import à Juke Box, avenue du Maine, dans le 14ème. Un truc qu’on n’a encore jamais entendu ! Jag Panzer. Merde ! Les mecs d’Enfer sont passés à côté, trop occupés à écouter en boucle Ride The Lightning, Rock’N’Roll Secours, Sign Of The Hammer et No Remorse. Tant pis.

Effectivement, de l’autre côté de l’Atlantique, à l’Ouest des Etats-Unis, plus précisément dans la ville de Colorado Springs, au pied des montagnes rocheuses, quatre adolescents s’affairent depuis trois ans déjà. Harry Conklin, chanteur surpuissant capable de ridiculiser Rob Halford, Bruce Dickinson, Eric Adams ou John Arch, et portant de surcroît le doux surnom de Tyrant, cherche un nouveau nom pour son groupe, préalablement baptisé… Tyrant. Pas de chance, le patronyme existe déjà. Harry veut une image évoquant sa musique : violente, radicale, sans pitié. A la bibliothèque de son quartier, il tombe sur une photo de blindé allemand, le Jagdpanzer, et décide d’adopter ce nom sans autre forme de procès. Cependant, incapable de le prononcer correctement, il finit par enlever le «d» et scinder le nom en deux parties. Jag Panzer vient de naître officiellement.

Partis tenter leur chance à L.A . en 1983 sous l’impulsion d’Andrew Banks du fanzine «Heavy Metal Times», les quatre potes viennent de rentrer de la Cité des Anges queues entre les pattes. Ils ramènent pourtant dans leurs valises un petit nouveau, Joey Tafolla, shredder californien, attiré par la réputation locale que s’est bâtie le combo dans le circuit des clubs de Denver. Conklin ne sait pas encore que Joey n’est autre que la pièce qui manque à son puzzle. En effet, malgré des répétitions interminables et d’innombrables concerts, le groupe ne parvient pas à décoller, à passer au stade supérieur. L’EP 4 titres enregistré l’année précédente pour Azra Records est passable, Harry le sait, mais il a en tête une vision folle, un attentat digne du nom choisi pour son combo. Tafolla sera le déclencheur de la bombe.

Jag Panzer est composé d’excellents musiciens, ayant parfaitement intégré les codes de la NWOBHM dont ils sont de fervents admirateurs. Mais à l’instar de la scène de San Francisco, Conklin et ses sbires ne veulent pas se contenter de copier. Ils expérimentent, cherchent à intégrer les influences mélodiques venues du Vieux Continent tout en essayant de développer un son et une identité qui leur seront propre. Leur musique doit rester américaine. Un peu crade. Le Thrash ne sera pourtant pas leur créneau, Harry cherche autre chose. C’est sa voix surnaturelle qui doit évidemment être mise en avant, mais cela ne suffit pas. L’accompagnement doit la magnifier. C’est l’erreur qui avait été commise sur le premier EP : des compositions trop banales, évoquant vaguement un mauvais groupe de la Bay Area servaient de base à des lignes de chant torturées. On n’y reprendra pas Conklin. Branle-bas de combat en répétition, il faut tout revoir, retravailler les morceaux. Tafolla a été engagé pour faire avancer Jag Panzer et il se met au travail, entraînant les quatre autres musiciens dans un tourbillon de créativité et de violence. Ce n’est pas une simple pierre que Joey apporte à l’édifice... Architecte visionnaire, il va faire d’une bicoque un palais digne des plus grands. Sous l’impulsion du maître guitariste, le groupe provincial de seconde zone va accoucher en six mois -enregistrement compris- d’un chef d’œuvre qui finira idolâtré par des milliers de metalheads à travers le monde. Si Joey Tafolla et Harry «Tyrant» Conklin réunis sont indéniablement la clé de voûte de cet album, il faut tout de même saluer le travail des trois autres musiciens, Mark Briody, second guitariste inspiré, John Tetley à la basse et Rick Hilyard derrière les fûts.

Leurs nouvelles compositions seront plus complexes et plus fines sans toutefois trahir l'esprit brutal et direct de leurs débuts. Exit le son cradingue et sourd de l’EP «Tyrants», «Ample Destruction» offre cette fois un bon mix, caractéristique des groupes underground des 80's: son de guitare et de batterie bruts en tête.

Plusieurs morceaux sont donc retravaillés, notamment «The Crucifix» qui devait figurer sur l’EP [Mark Briody n’ayant pas de guitare acoustique, il avait prévu d’en louer une au magasin de musique local, mais la guitare avait déjà été empruntée !] Et le résultat est bluffant. Dès les premières de note de «License to Kill», l’auditeur est pris à la gorge, otage des riffs hargneux de la paire Briody / Tafolla, et surtout du psychopathe Tyrant qui s'impose de manière visionnaire avec ses chœurs suraigus façon Halford sous LSD, voire King Diamond castré (Scrrrreammmmm !!!) et d’autres hyper graves, pas encore des growls mais quelques années plus tard cela aurait peut-être été le cas (A -TI-GER IN A CAGE !), l’ensemble évoquant le Power américain qui n’était pas encore né.

Chaque chanson nous réserve une nouvelle surprise dont on ne se lasse pas, malgré les années et le nombre d’écoutes hebdomadaires. Ainsi Warfare vous fera vous demander à quel moment Tyrant reprend sa respiration, Generally Hostile et ses chœurs de brutes épaisses («NO MERCY») vous donneront des envies de meurtre salvateur, le passage en harmonie croisée d’Harder Than Steel évoquera aux connaisseurs le Fates Warning des grandes heures - celui d’ «Awaken The Guardian»- … Je ne m’étendrai pas plus longtemps, car «Ample Destruction» synthétise finalement toute la magie des grands groupes de la NWOBHM de ce début de décennie, à commencer par Iron Maiden et Judas Priest, en y ajoutant ce qui manquait peut-être à notre Europe trop sage : la violence et la crasse.

Pour la sortie de l’album, Jag Panzer donne un concert à Colorado Springs. Les potes de Conklin distribuent des flyers dans les rues depuis 2 mois, mais le patron du club qui les accueille table sur 50 entrées maxi, à savoir les pénibles habituels qui suivent la bande d’énervés. Ce sont finalement 425 personnes précisément qui débarquent dans le petit rad. Le concert est chroniqué élogieusement dans la presse, et l’album sort le lendemain, toujours chez Azra Records. Il reçoit miraculeusement, mais à juste titre, une critique unanime et dithyrambique. La légende est en marche. «Ample Destruction» devient culte en quelques mois grâce au bouche à oreille et aux fanzines. Ce classique underground ne sera pourtant disponible en Europe qu’en import, personne chez nous n’ayant trouvé le groupe assez intéressant pour signer un deal de distribution. Qu’importe, le jagdpanzer avancera et sèmera la mort sans se retourner partout dans le monde.

Retour en France. Décembre 2010. Juke Box Disques a mis la clé sous la porte depuis trop longtemps. Les vieux numéros d’Enfer Magazine ne sont plus lus que par des nostalgiques de l’époque où les paquets rouges coûtaient 8,20F. Les Spandex sont religieusement remisés dans un tiroir du dressing au côté de vestes patchées et autographiées au marqueur. «Ample Destruction» continue à tourner sur ma platine.

22 Commentaires

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LeMoustre - 03 Août 2025:

Zaz je ne vois ton com que maintenant. Ah bon ben je me trompe alors. L'amalgame avec la Vierge de Fer ne s'arrête pas là tellement les vocalises du chanteur possèdent parfois la même tessiture que Bruce D.

Un bien bel album quoiqu'il en soit.

Hate de les voir au Pyrenean le mois prochain

ZazPanzer - 03 Août 2025:

J'aimerais tellement venir au Pyrenean, mais c'est toujours compliqué pour moi professionnellement à cette période. Mais là, pour Jag, je tenterais bien un AR eclair... A voir. Je n'ai vu Tyrant live qu'une seule fois, en 2019 au Whisky A Gogo, il jouait dans le super groupe "Three Tremors" avec Ripper Owens. Voir ces deux là reprendre Painkiller valait son pesant de cahouètes mais aucun titre du Ample Destruction, juste "Black" de "4th Judgement", terrible. Je viens de m'offrir le CD-book HRR qui présente toutes les pochettes, mais pas de précisions sur les dates des artworks. Un des albums de ma vie que j'écoute toujours autant, immortel.

LeMoustre - 04 Août 2025:

Tu sais ce que valent les autres albums ?

ZazPanzer - 06 Août 2025:

Je n'ai en dur que "Fourth Judgement" (1997) qui est très bon mais n'atteint pas le niveau de celui-ci bien sûr. C'est à mon avis le meilleur après "Ample Destruction", mais je ne connais pas leur albums récents.

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Chronique @ dark_omens

16 Juin 2016

De la NWOBHM sublimée par des Américains...

Le destin parfois s’amuse de manière sournoise et cynique à jouer avec nos bonnes fortunes. L’art n’est pas avare de ces exemples où malgré les talents incontestables de virtuoses évidents, l’indifférence notoire qui entoure ces géniaux créateurs demeure quasiment insurmontable. Entassées dans ces pièces sombres de l’oubli, l'insupportable agonie indue des œuvres les plus marquantes de ces artistes doit cesser.

Vers la fin des années 70 et le début des années 80, un nouveau mouvement musical voit le jour. Cette nouvelle tendance, née au Royaume-Uni, sera baptisée NWOBHM (littéralement "New Wave Of British Heavy Metal"). Né du relatif désintérêt du public pour les pionniers du genre (Black Sabbath, Led Zeppelin, Deep Purple…), il se caractérise surtout par une volonté très marquée, et très nouvelle, de s’éloigner définitivement des influences Blues des racines originelles encore très fortes dans le Hard/Heavy de l’époque et, surtout, par une volonté de radicaliser en le rendant plus vif. Si l’histoire retiendra de ce périple les acteurs anglo-saxons les plus notoirement méritants tels que Judas Priest, Diamond Head, Iron Maiden et autres Saxon, elle négligera ceux, non moins méritants, sévissant outre-Atlantique tels que Jag Panzer.

Ce dernier n’aura, effectivement, jamais véritablement joui de la renommée qu’il aurait pourtant été en droit d’attendre, au vu, et au su, de certaines de ces œuvres. Son premier véritable album, Ample Destruction, sort en 1984 dans l’indifférence générale. Bien trop éloigné, géographiquement, du cœur de ce nouveau bouleversement artistique qu’est la NWOBHM, autant dire que cet opus est d’emblée voué à ne jamais rencontrer son public.

Et pourtant de ces chants, de ces riffs, de cette agressivité, de cette vélocité, de ce Heavy aux atmosphères parfois sombres, soulignées par la voix tantôt grave tantôt aiguë, mais superbe, de Harry ‘‘The Tyrant’’ Conklin et de cette incroyable modernité contemporaine naît une des œuvres les plus injustement ignorées.

Et dès son entame, alors même que résonne la virulence et la fougue extraordinaire d’un excellent Licensed To Kill dans lequel ce vocaliste prodigieux, à l’amplitude incroyable, à la polyvalence délicieuse, donne toute la mesure de son exceptionnel talent, nous sommes conquis. Ce sentiment de plaisir ne se dément jamais tout au long de ces neuf titres incisifs, inspirés et redoutablement actuels. Generally Hostile, machine de destruction ahurissante à la vitesse formidable, vient même changer nos convictions en certitudes concernant les qualités de ce groupe, et de cette œuvre. Bien évidemment, la filiation, et l’admiration, que possèdent ces Américains pour la scène britannique demeure omniprésente. Ainsi n’est-il pas rare d’entendre, ici et là, certains accents british très prononcés, que n’aurait sans aucun doute pas reniés le quintette de Bimingham, tels que sur, par exemple, Warfare. Ou encore d’entendre des relents que n’auraient, sans doute, pas, non plus, désavoués Steve Harris et les siens, dans cette manière de composer, perceptible tout au long d’un album intelligemment construit. Au chapitre des influences, évoquons aussi Manowar et son vocaliste Eric Adam, avec lequel Harry possède parfois quelques mimétismes, ou encore Black Sabbath, avec lequel le groupe de Colorado Springs partage quelques aspirations pour les riffs lourds tels que sur un The Crucifix qui clôt admirablement cette œuvre. Toutefois, de ces ascendances notoires Jag Panzer extrait un suc qu'il rend, par la magie de son talent, délicieusement personnel.

Ample Destruction est donc une première œuvre magistrale qui révèle, déjà, toutes les qualités, jusqu’à présent, méconnues d’un Jag Panzer injustement ignoré. Intemporel, indispensable, essentiel, impérissable… Nul mot ne peut exactement qualifier avec précision l’illustre caractère d’un tel opus.

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