Nombreux sont les exemples de groupes dont on ne comprend pas la faible notoriété, qui ont pourtant un talent indéniable et de sérieux atouts pour convaincre, mais qui ne parviennent pas réellement à percer. Lorsque
Pyramaze a débuté, puis a sorti ses premiers albums vers 2004-2006, le groupe danois avait tout pour réussir : des compositions racées et originales, un chanteur particulièrement doué en la personne de Lance
King, qui commençait à bien marquer sa trace dans le milieu
Power/Prog, et des labels enthousiastes. Le groupe s'est séparé de Lance
King en 2006, mais c'est une autre pointure qui l'a remplacé, le génial Matt Barlow issu d'
Iced Earth. Ce remplacement offre au groupe un petit regain de popularité, le temps d'un album – le sympathique
Immortal – mais qui retombe rapidement avec le départ de l'américain qui préfère retourner dans son groupe d'origine.
Mais ce n'est pas tout ! Arrivent ensuite le talentueux vocaliste suédois Urban breed (
Bloodbound et
Tad Morose principalement), ainsi que le producteur et guitariste reconnu Jacob Hansen pour tenter de remettre à flot le navire. Finalement rien ne se fait avec Urban breed, qui retourne à d'autres (nombreux) projets, et c'est tout récemment qu'on nous annonce qu'un chanteur norvégien peu connu, Terje Harøy, a rejoint les danois pour sortir le quatrième album.
Autant vous dire qu'avec un tel défilement de personnalité il est curieux de ne pas plus entendre parler de ce groupe, surtout que d'un point de vue musical la qualité est bien présente. La cause la plus probable est la longue période de silence et de doute, entre 2008 et fin 2014, où les informations sur le nouvel album ont été délivrées au compte-goutte et de manière très lacunaire. Les incessants mouvements de line-up n'ont pas aidé à donner de la cohésion à la formation danoise, dont seul le batteur est un membre d'origine !
Mais trêves de considérations sans queue ni tête, et cessons de bouder notre plaisir ; après tant d'attente, nous tenons enfin ce quatrième album, doté de plus d'une magnifique pochette.
Pyramaze is back ! Nouveau chanteur, nouvel album, nouveau label : nouvelles ambitions ?
Effectivement ce quatrième album se caractérise par de nouvelles ambitions, qui sont principalement représentées par un changement de style, léger mais certain. De toute manière, le style de
Pyramaze n'a jamais été définitivement fixé, puisque les danois sont partis du metal progressif, pour dériver doucement vers un power metal plus basique et aussi plus rugueux. La qualité a baissé suivant le même rythme que l'évolution du groupe, tout en restant à un niveau toujours acceptable. Peut-être qu'avec quelques années supplémentaires depuis la sortie du dernier opus le groupe a eu le temps de réfléchir sur la ligne à choisir ; toujours est-il qu'un virage est cette fois nettement opéré.
Disciples of the Sun prend le pari d'un power metal plus mélodique, agrémenté de nouvelles touches symphoniques et du retour des influences progressives.
On s'en rend compte dès l'introduction de l'album, We Are the
Ocean, qui dévoile quelques velléités symphoniques, accompagnées au piano, mais qui fait finalement écho à de nombreux autres albums à l'introduction similaire. Ces nouvelles orchestrations sont bien présentes sur tout l'album, mais restent correctement assez en arrière, sans prendre la place des guitares. Un mélange bien réalisé en somme, à l'instar des morceaux When Black Turns to White et The Battle of Paridas où orchestrations et guitares sont parfaitement équilibrées. La musique prend alors une dimension plus épique, et gagne en profondeur. On pense ainsi parfois aux derniers travaux de
Kamelot, le gothisme/romantisme en moins, ou encore à
Serenity dans une moindre mesure.
D'un autre côté, le
Pyramaze de 2015 regarde en arrière, et se souvient de ses racines progressives, à l'époque du génial
Melancholy Beast et du bon
Legend of the Bone Carver. Ce registre que l'on pourrait qualifier de Heavy prog mélodique (n'ayons pas peur des étiquettes) fait cette fois penser à
Evergrey, même si on atteint pas le niveau du dernier en date, Hymns for the Broken. Je pense notamment au très beau Back for
More (quoique légèrement progressif), à l'excellent Unveil, à la fois lourd et puissant, ou encore à
Hope Springs
Eternal. Ce dernier morceau dévoile de magnifiques mélodies entêtantes, et donne la part belle à la guitare pour un long passage instrumental typiquement progressif. Cependant, la durée des morceaux n'excède jamais six minutes, et donc il n'y a pas au programme de longues envolées progressives, qui auraient magnifié ces compositions. En fait,
Pyramaze ne joue du prog que du bout des ongles, un peu comme sur
Legend of the Bone Carver, alors qu'ils ne devraient pas hésiter à s'y lancer pleinement. De ce fait, le schéma couplets-refrains-solo de guitare utilisé ici peut se révéler lassant.
Heureusement que les danois savent faire les choses bien, pour ne pas risquer de nous ennuyer. La production est très soignée, typique des productions actuelles en power metal, où l'on distingue clairement chaque instrument. Je tiens enfin à laisser un petit mot à propos du nouveau vocaliste de la bande, Terje Harøy. Les nouvelles à propos de
Pyramaze concernant ce nouveau chanteur étant très fraîches (il a été annoncé en mars), on se doute que le norvégien a rejoint les rangs du groupe très récemment. Pourtant il semble s'être parfaitement adapté au style du groupe, y apportant même son grain particulier. Sa voix un peu rugueuse peut évoquer Russell Allen, ou même Mats Levén lorsqu'il prend des intonations orientales sur le morceau Unveil. Assez impressionnant par sa polyvalence, il se débrouille aussi bien dans la douceur sur le magnifique final The Photograph que dans des passages plus écorchés comme sur
Fearless.
À défaut d'être un chef d'œuvre,
Disciples of the Sun rassure. Il rassure quant à l'avenir d'un groupe que l'on donnait pour mort quelques mois plus tôt, qui semblait être sur une pente descendante, incapable de stabiliser son line-up.
Pyramaze est donc encore vivant, et clairement réveillé. On peut considérer cet opus comme celui de la renaissance, un opus charnière, qui fait donc la jonction entre deux époques, et qui laisse deviner de nouvelles ambitions.
Il vaut peut-être mieux aller écouter cet album dans une optique Power, que dans une optique Prog. Je dis ça à l'intention des fans de la première heure ;) Quand j'ai reçu l'album il y a bien trois semaines au début je ne l'aimais pas trop, je pensais mettre un douze-treize. Je n'arrivais pas à m'intéresser aux morceaux, et finalement à force d'insister l'album m'a plu. Donc si vous n'y arrivez pas au début, il y a peut-être une chance d'apprécier sur la durée.
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