Liste des groupes Cyber Metal Bog Morok Digital Occultism

Ah Bog Morok...ce n'est pas souvent qu'on voit des groupes aussi marginaux qui évoluent à chaque album sans se soucier de l'opinion publique. La bande, qui avait fait ses débuts dans le doom à la fin des années 90, a exploré le cyber metal tout au long de ses sept sorties. Alternant influences neo metal et atmosphériques, tout en s'accordant quelques passages occasionnels vers l'extrême, les Russes ont toujours proposé quelque chose de sincère et d'original, à l'image de ses confrères Deathharmonic ou Headphone Killazz. Et vient parfois le moment du pétage de cable complet, où un groupe se laisse aller à la folie et aux expérimentations, quitte à changer du tout au tout son style de musique. Eh bien, le nouveau "Digital Occultism, que Bog Morok qualifie gentiment de "piece of shit" en surprendra plus d'un.

L'intro "Modern Occultism" nous change des habitudes puisque des chants grégoriens côtoient un son très noise entrecoupés de samples de dialogues/discours et de touches électroniques mécaniques. On devine qu'on va avoir à faire à quelque chose de nouveau et de digital mais on ne s'attend surement pas à la déflagration de "The Dark Rites". Les chants grégoriens sont toujours là, mais cette fois de la dubstep pointe le bout de son nez sur une ambiance particulièrement sacrée. Le rythme robotique laisse petit à petit place à un cyber black dissonant aux cris distordus complètement dénués de toute humanité. Une agressivité synthétique que Bog Morok expérimente et qui soufflera les plus ouverts d'esprit.

Le changement est radical. Même si "Changing Reality" se rapproche le plus des derniers méfaits des Russes, avec ce côté easy listening et ce refrain entêtant, la suite alterne brutalité noise/black et atmosphère cybernétiques décadentes comme sur "Centrifugal Obscurity" ou "Into the Nothingness" qui nous propose tout de même un petit break aux claviers. La technique industrielle est de mise et on sent le temps passé à bidouiller les sons : c'est expérimentalement extrême et extrêmement expérimental !

Les technocrates et les études scientifiques sont mis à mal sur cet opus, Bog Morok se moquant d'eux sans les mettre en scène comme c'était le cas sur les opus précédents. Cela se ressent particulièrement sur "IQ Fuck You" où un discours scientifique sur le qi - en samples - est mis à mal par des growls synthétiques et un duo guitare/programmation énervé. Quand y'en a marre...

Pour la première fois, le côté metal n'est pas le plus dominant. C'est l'aspect cybernétique, occulte et digital qui ressortent le plus avec toutes ces bidouilles, ces sons, ces percussions, ces samples et ces relents drum&bass. Bog Morok innove et par sa fraicheur, rappelle ses débuts avec "Stadiae II". Mais ce sont ses expérimentations, poussées à leur paroxysme, qui étonnent. Voilà enfin un cyber metal innovant.