Quatre ans après «
Necrocracy », son dernier bout de bidoche faisandée fort ragoutant, les américains d’
Exhumed ouvrent à nouveau les portes de son abattoir, afin d’y extirper sa dernière pièce du boucher, nommé «
Death Revenge ». Comme à l’accoutumée, le personnel a une nouvelle fois subit un remaniement, avec les départs successifs des bassistes Rob Babcock et Slime, mais enregistre un retour de taille, en la personne de Ross Sewage, qui fit partie intégrante de la petite entreprise, lors de ses balbutiements et notamment sur le culte «
Gore Metal », dont l’artwork mettait en appétit. Il est à noter que l’imagerie, digne des films d’horreur des 80 ‘s, est signé
Orion Landau et le bougre pousse le vice jusqu’à l’imitation des pliures de posters de l’époque.
Après avoir dégusté cette dernière offrande purulente, il est incontestable que les maîtres charcutiers appliquent la même recette que sur «
All Guts, No Glory » et «
Necrocracy » avec cependant, une légère évolution. En effet, la formation s’essaie à l’exercice périlleux du concept-album. «
Death Revenge » conte l’histoire de William Burke et de William
Hare, deux immigrés irlandais, qui avaient élus résidence à Edinbourg et qui furent les pourvoyeurs de cadavres pour le professeur Knox, anatomiste à l’université de la ville. Les deux compères, fautes de cadavres, décidèrent alors de commettre des meurtres afin de pouvoir alimenter l’anatomiste. Comme la vente de cadavres était à l’époque, forte juteuse, les deux bougres ramassaient le pactole par la même occasion. Afin d’immergé totalement l’auditeur dans cette histoire vraie sordide,
Exhumed s’est également fendu de deux instrumentaux «
Death Revenge Overture » et l’interlude « Gravemakers Of Edinburg » (3 avec «
Death Revenge Underture » en titre bonus), aux caractères orchestraux et historiques, la mélodie du premier rappelant quelque peu le film « L’Exorciste ». En plus de l’instrumental « The
Anatomy Act Of 1832 » dont la durée excède les sept minutes, ces éléments constituent une petite nouveauté.
Le reste de la tripaille présentée aura un goût similaire à ses précédents abattages, à savoir des compositions dynamiques, alternance des rythmiques lorgnant sur le « heavy » (« The
Anatomy Act Of 1832 », sur le « death/grind » évidemment, au travers de nombreux blasts véloces et furibonds («
Defender Of The Grave », « A
Funeral Party », le titre éponyme, Les accélérations furieuses de «
Lifeless » ou de « Unspeakable », pour ne citer que ces morceaux de choix) et sur le « thrash-metal » des années 80 (le riff introductif a des faux airs du « Seek
And Destroy » de
Metallica »), influence qui dégorge sur l’ensemble de cet opus, donnant une efficacité impactante qui donnera l’envie irréversible d’headbanger.
Exhumed a su aiguiser, au fil des années, son art de l’éviscération, en évitant de faire voler de la matière partout, en ralentissant la cadence d’abattage et en assénant de grosses cassures de rythme comme les breaks de «
Dead End », de « Harrowing » de « Unspeakable » ou de « The
Anatomy Act Of 1832 » et sa basse dégoulinante, telles des coups de hachoirs pour achever les derniers survivants. Il faut également souligner la qualité des nombreux solos mélodiques, qui émaillent l’ensemble de ce plat avarié, pourtant dénué de longueur.
Même si
Exhumed découpe, abat, hache plus proprement, l’ambiance « gore » perdure, déjà de par la thématique traitée mais surtout grâce au retour de Ross Sewage dont le gosier vocifère des growls profond, caverneux et très glaireux (passage furtif sur «
Dead End » est un modèle du genre), absolument cradingue, amène plus de viscère en décomposition à cet ensemble fleurant bon la putréfaction. La production est plutôt typé 80’s ou 90’s, elle sied parfaitement à l’artwork et aux propos du groupe, puissante et claire mais avec un côté « grind » un peu plus prononcé.
En étant tatillon, il faut bien reconnaître qu’
Exhumed livre du
Exhumed, que Matt Harvey est un fin recycleur, faisant du neuf avec du vieux, utilisant des ingrédients mille fois éprouvés, cependant, sa mixture reste toujours forte attrayante et succulente, mais totalement dénué d’originalité. Il sera pardonné car personne n’attend qu’il change sa recette. Aussi, il ne faudra pas se limiter à la première écoute car le plat peut sembler mitigé. En effet «
Death Revenge » est plus avares en riffs marquants et instantanés, se révélant moins immédiat. Les saveurs de ce dernier met se révèleront au fur et à mesure des découvertes et son addictivité deviendra plus prégnante.
Exhumed fait du
Exhumed et nous n’en n’attendions pas moins. Le retour de Ross Sewage apporte plus de gouleyant à cet ensemble putride, saignant et débite à une cadence souvent alambiquée, marqué par des solos de haute volée, avec une annihilation totale de longueur. «
Death Revenge » rassasiera tous les amateurs de « death/grind » à la sauce « thrash », qui redemanderont assurément du rabe. Comme votre serviteur aime à le dire, ce sont dans les vieilles entrailles qu’on trouve les meilleures tripailles.
Petite incursion cinématographique à propos du fait divers qui sert de concept à l'album. Il en existe au moins deux adapatations qui valent vraiment le coup d'oeil : The Body Snatcher de Robert Wise en 1945 avec le duo Lugosi / Karloff, et The Flesh and the Fiends de John Gilling en 1960 avec Cushing et Pleasence. Voilà, merci pour le papier. Un très bon Exhumed, sans doute supérieur à Necrocracy, mais pas à All Guts, No Glory.
excellente chronique je vais écouter ca attentivement! AHHH ton titre énorme!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire