Curse of the Crystal Coconut

Liste des groupes Folk Metal Alestorm Curse of the Crystal Coconut
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15/20
Nom du groupe Alestorm
Nom de l'album Curse of the Crystal Coconut
Type Album
Date de parution 29 Mai 2020
Style MusicalFolk Metal
Membres possèdant cet album61

Tracklist

1.
 Treasure Chest Party Quest
 04:16
2.
 Fannybaws
 04:14
3.
 Chomp Chomp
 03:32
4.
 Tortuga
 03:22
5.
 Zombie Ate My Pirate Ship
 05:04
6.
 Call of the Waves
 05:05
7.
 Pirate’s Scorn
 02:47
8.
 Ship Boat (No Fans)
 01:14
9.
 Pirates Metal Drinking Crew
 03:45
10.
 Wooden Leg Part 2 (The Woodening)
 08:06
11.
 Henry Martin
 02:29

Durée totale : 43:54

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Alestorm


Chronique @ Hibernatus

29 Mai 2020

ceux qui aiment déjà vont adorer, les autres passeront leur chemin en tordant le nez

Je n'ai jamais compris le succès d'Alestorm dans la communauté Metal. Jamais. En tant qu'autoproclamé Ever-True-Evil-Heavy-Metalhead-From-The-Old, je vous l'affirme : cette ridicule formation, outrée, complaisamment répétitive, n'a rien à faire parmi nous. Mais au fond de moi, ne serais-je pas en réalité un false one ? La question me taraude. Je le confesse : je possède tous leurs albums, allez comprendre. À chaque sortie, je commence à dire « Mouais, toujours pareil ». Mais au bout de 2-3 titres, comme une sorte d'involontaire trismus tétanique, mes traits commencent à s'élargir en une banane de plus en plus marquée. Et je finis l'album façon capitaine Haddock, chapeau à plume d'autruche sur la tête, le sabre rouillé de l'arrière-grand-oncle dans une main, la bouteille de rhum dans l'autre et en gueulant Ho-ho-ho.

Damned. C'est pas possible ! Je me suis encore fais avoir par ce « Curse of the Crystal Coconut »... Pas de doute, ça relève de la psychanalyse. Je vais donc m'étendre sur le divan pour y faire une lointaine introspection.

Dans les belles années 80, je n'ai pas pratiqué que le Metal. J'ai aussi commencé à faire beaucoup de voile, m'intéressant en parallèle aux vieilles traditions de la marine d'antan. J'assistai ainsi aux premières éditions du festival du chant de marins de Paimpol. J'y découvris d'énormes formations : les formidables Anglais de Stormalong John, au coffre comme des fûts d'huile de cachalot ; les Loriento-Grésillons de Djiboudjep, qui firent tant, avec leurs lyrics patauds mais puissamment sincères, pour transposer en français le riche répertoire anglo-saxon ; les artistes méconnus qui chantèrent sur les vinyles fondateurs édités par le Chasse-Marée. Tout un matériau musical simple, voire simpliste, émouvant toujours, témoin de la dureté de la vie, mais aussi de la fierté des marins, catégorie que notre pays laissa longtemps périphérique et marginale.

J'aperçois quelques bâillements dans l'assistance. Comme le Francis Blanche des « Tontons Flingueurs », on a l'air de se dire : « C'est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases ». Je reboucle donc mon propos. Je trouve dans le chant de marins traditionnel trois thématiques : 1°/ l'auto-glorification et son avers, l'auto-apitoiement  ; 2°/ la picole ; 3°/ le cul. Les deux premiers sont plus que présents dans les lyrics d'Alestorm, je regrette parfois qu'en dépit de ponctuelles allusions graveleuses (ici, dans Shit Boat, no fans, ou Fannybaws, même si on est plus dans la fanfaronnade sur la longueur de la bite – pas d’amarrage), le dernier soit sous-représenté : ça manque de gonzesse dans Alestorm, j'espère que ce n'est pas la faute d'un insidieux politiquement correct suintant d'outre-Atlantique.

Le riff est pauvre, les mélodies répétitives, le fiddle et la cornemuse invasifs. La voix est rude, brute, non travaillée à outrance, les chœurs sont simples. Les soli de guitare de Máté Bodor sont plutôt bons, mais rarement de quoi se prendre une écharde en se tapant le cul sur le pont du brigantin. Les arrangements sont volontiers grandiloquents. Bref, tout ceci est raccord pour faire de la musique d'Alestorm une parfaite synthèse entre le chant de marin traditionnel et le Metal.

Le Metal, vraiment ? Avec le traditionnel écossais Henry Martin, on a un pur Folk. On s'amusera à le comparer avec la version qu'en sortit en son temps Joan Baez, toute cristalline et appuyées par quelques arpèges. Rugueux, rocailleux et grinçant, Christopher Bowes chante avec une austère cornemuse. En ressort une esthétique beaucoup moins pure, mais une rude authenticité bien en congruence avec cette histoire de pirate poussé par la misère à aller battre et piller l'Anglois sur l'océan.

Le Metal, vraiment (bis) ? Alestorm est joueur, il me pousse dans mes retranchements. Ne sont-ce pas des accents Rap que je perçois sur l'extravagant et bouffi Tortuga ? Grrrr, j'abomine le Rap. Les Écossais forcent sans vergogne sur leurs pires défauts : la grosse gaudriole de Treasure Chest Party Quest, avec bruitages bizarres et aboiements ; Pirate's Scorn, reprise ronflante d'un chant de pirate de pacotille issu d'une série TV ; les histoires de zizi un brin lassantes de Shit Boat, no fans ; la vulgarité délibéré de Fannybaws, où le groupe s'autocite (le Terrorsquid et les vikings de « Back Through Time ») et de Pirate Metal Drinking Crew, festival d'insultes à base de fuck you. Auto-complaisance et répétition sont bien dans l'esprit du chant de marin, mais Alestorm donne un poil l'impression de tourner en rond ; après tout, n'est-ce pas le lot des navigateurs depuis la circumnavigation de Magellan ? Et somme toute, ces chansons endiablées n'ont rien d'un repoussoir absolu.

Mais globalement du Metal quand même, en dépit de l'invasion de violon, de cornemuse, de vielle et de cuivres. Comme l'inénarrable Chomp Chomp au riff bien agressif et un Bodor affûté. Du Metal et de la grosse farce, mélange inhabituel chez nous autres, gros durs qui peinons parfois à ne pas nous prendre au sérieux. Mais la farce était un ingrédient courant dans le chant de marin (Drunken Sailor, la Carmeline, Maggy May, la Capitaine du Navire...). Alestorm s'y complaît, à coup de bruitages incongrus, d'une voix caricaturale et de lyrics absurdes. Chacun trouvera le résultat soit détestable, soit comique. Force est de constater que dans la pitrerie, « Curse of the Crystal Coconut » se pose là.

Pourtant, la pantalonnade arrive à déboucher sur d'étonnants résultats. Prenons Wooden Leg, du 4e album, qui était pas mal dans le genre ; Alestorm arrive à en faire ici une part II qui, malgré son intro emphatique, quelques effets théâtraux et un soupçon de touche électro, ne manque pas d'émotion et de vista. Avec d'étonnants passages narrés en japonais et en espagnol (interprétés par deux des nombreux guests accueillis ici). Mais comme on ne se prend pas au sérieux, ce sera pour finir sur le thème effrénée du titre de référence.

Autres exemples, l'histoire abracadabrante et débile de Zombie Ate my Pirate Ship possède une mélodie touchante et fait mouche avec le passage chanté par la voix féminine de Patty Gurdy et les beaux chœurs de la fin. De son côté, Call of the Waves, au rythme vif et aux paroles plus sérieuses, ressortit d'une catégorie de chansons d'Alestorm qui plaisent à mon petit cœur d’artichaut : celles qui en appellent à l'utopie pirate, libertaire avant l'heure, telle que décrite par l'historien Marcus Rediker. Hymne discret à la liberté et la révolte, somme toute intemporel, qui réjouira les âmes simples dont je suis. Et comme dit l'autre, heureux les simples d'esprits (un false one, vous dis-je, je suis un false one, shame on me)... La voix de Bowes se fait moins caricaturale, et même convaincue. Et chouette solo de Bodor, bien dans le ton. Comme quoi le goût assumé de la mascarade ne doit pas faire oublier qu'Alestorm est aussi capable de profondeur dans le propos.

Bref, concluons. Un ministre de la marine de l'ancien temps, le comte de Maurepas, décrivait ainsi un combat naval du début du XVIIIe siècle : « On se canonne, on se sépare, et la mer n'en reste pas moins salée ». Comme ces stériles batailles, le 6e opus d'Alestorm va sans doute provoquer une tempête dans une chope de bière, qui ne troublera guère les lignes de file des vaisseaux confrontés; ceux qui aiment déjà vont adorer, les autres passeront leur chemin en tordant le nez.

10 Commentaires

11 J'aime

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Elmor - 09 Juin 2020:

Pas mal ta critique, un peu acerbe mais pour quelqu'un qui semble être un ancien de la communauté métal, contrairement à moi, et pas un fan du genre même d'Alestorm, elle reste néanmoins constructive et évite les attaques sans fondement autre que "j'aime pas donc c'est de la merde".
Personnellement un truc me dérange un peu dans cet album, c'est sa durée, à mon sens une ou deux pistes de plus l'aurait suffisamment allongé. Néanmoins il est aussi bien comme il est et rajouter deux titres pas intéressant aurait été contre-productif. 

Question originalité, il faudra passer notre chemin. Alestorm est de ces groupes qui doivent leur réputation et ancrent leur communauté de fan autour d'un style et de code très précis, et en dévier serait pour eux catastrophique en terme d'audience, car comme tu le sous-entend, d'un point de vue purement musical ce n'est pas si bon que ça. Mais l'univers du groupe, ce côté presque je m'enfoutiste, ces apports grossiers de cornemuse etc, sont l'assaisonnement qui relève un plat fade. Et pour le coup Alestorm a l'intélligence de ne pas changer de cap (ou pas brutalement).
On a donc un album classique des écossais, un peu court mais équilibré, avec quelques tentatives électro par ci par là, des titres quasiment tous typiques du groupe, et donc on pourrait s'attendre à un truc plat et ennuyeux, et... ben non, ça fonctionne bien comme toujours. 

Hibernatus - 09 Juin 2020:

@Elmor : Tout d'abord, merci pour ton com élaboré, ça fait plaisir.

Ma chro était un peu faite pour parler aussi bien à ceux qui détestent que ceux qui adorent. Je suis en effet un "vieux de la vieille" (hélas, j'ai mal partout en ce moment). Je fais ici semblant d'avoir honte d'aimer Alestorm, mais soyons clair : pour les raisons que j'ai présentées, c'est un groupe que j'écoute toujours avec un grand plaisir, et j'emmerde les autres "vieux cons" comme moi qui ne me suivent pas wink!

Après, il faut quand même resituer les choses : on n'est pas en présence ici d'une oeuvre mémorable, aussi bien dans l'histoire du Metal que dans la discographie d'Alestorm. Mais à titre personnel, s'ils accentuent ici leurs défauts autorevendiqués, ça ne me dérange somme toute pas plus que ça.

Je te suis moins quand tu trouves le disque un poil court: pour moi, allonger la sauce aurait été une erreur. Et l'agencement des titres est plutôt bien pensé, le final sur Henry Martin est parfait.

 
Madness77 - 30 Juillet 2020:

Amusante cette chronique sympa ! !Je pense que j'en ai fini avec ce groupe de toute façon ils ne feront pas mieux que sunset of the golden age qui est selon moi leur meilleur album. 

Theoldmansaid666 - 20 Novembre 2020:

Ca envoie vraiment du Lourd !
Mais pas dans le sens "Heavy", mais dans le sens "Shit Bag"

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