« Docteur, docteur, nous avons à faire à une
Maladie Sans Génome ! Priorité maximale. Direction le bloc opératoire. Prise de pouls toutes les minutes et surveillance de la ventilation ».
« Diantre, mais c’est le retour du cinglé au masque de gardien de hockey !.. Ne nous avait-il pas dit qu’il avait une santé de fer la dernière fois ? Que s’est-il passé pour qu’il se retrouve allongé sur ce brancard ? »
Bonne question Docteur House. A forcer comme un dingue sur les cordes vocales, elles finissent par lâcher. Ou, peut-être, s’est-il lancé dans le périlleux exercice du grand écart facial ?
Depuis le départ en 1979 de
Randy Rhoads (RIP) vers son destin tragique chez Ozzy, Kevin duBrow (RIP), prodigieux vocaliste devant l’Eternel, est devenu l’homme fort, et pas seulement en gueule, de
Quiet Riot. Après avoir stabilisé son line-up autour de Carlos Cavazo à la guitare, Rudy Sarzo à la basse et Frankie Banali à la batterie,
Quiet Riot goûte sans commune mesure au récent succès de son précédent album «
Metal Health », finalement crédité d’une première place au Billboard 200 en novembre 1983, bien aidé en cela par leur concert d’ouverture au vertigineux US Festival du printemps de la même année. La domination commerciale du Glam pointe le bout de son nez aux Etats-Unis alors que la déferlante speed-thrash en provenance de la Bay
Area de San Francisco ou de New-York semble aussi vouloir ne pas faire de quartier. L’Histoire arbitrera dans le temps ce choc de génération et de culture.
Dès lors, pourquoi prendre des risques ? Et surtout celui de réaliser un grand écart de style cette fois-ci qui brouillerait les pistes et mettrait en danger une renommée conquise après bien des galères.
La recette de la galette précédente est appliquée avec une fidélité déconcertante, permettant pourtant quelques petits écarts de conduite comme j’y reviendrai un peu plus loin. Admirateur sans borne de
Suzi Quatro et de
Slade, glammeurs d’excellence aux Etats-Unis ou au Royaume de sa Gracieuse Majesté la Reine d’Angleterre, DuBrow remet le couvert avec une nouvelle reprise de la bande à Noddy Holder, «
Mama we’re all Crazy now », en dépoussiérant ce titre de sa crasse pourtant merveilleusement accrochée au timbre de voix du chanteur de
Slade. Possédant un hit de plus, produit avec ses doigts de fée par Spencer Proffer,
Quiet Riot enfile les titres chantants et hyper-abordables ou commerciaux, selon les goûts, sur ce nouvel opus de hard-glam-rock puissant et bourré de vitamine.
Cela commence avec «
Sign of Times », mid-tempo basé sur une section rythmique carrée qui fait taper du pied les hommes et mouiller les culottes les femmes. Ah oui, cette voix si puissante, ces looks si charmants, ces brushings-air qui tiennent comme des seins siliconés, cette sonorité claire et ces mélodies simples d’accès pour la majorité des consommateurs ou auditeurs avertis selon les goûts à nouveau… Le groupe déroule pépère sur «
Party All Night », d’une linéarité Banalienne et d’une efficacité redoutable, transcendé par des chœurs qui eux aussi tiennent comme une bonne paire de pectoraux féminins industriels et un solo de Cavazo qui commence à jouer au
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Bad Boy. Dans le genre passe-partout, mais avec la taille du géant hurleur DuBrow en plus, «
Red Alert » donne ses lettres de noblesse au glam-rock de
Quiet Riot. Quel putain d’organe vocal tout de même ! Saluons aussi la double intervention de Cavazo avec un solo en slide ou en effet, encore une fois, et c’est la dernière, selon les goûts, et une seconde partie de solo démonstrative d’un non-manchot prénommé Carlos.
On n’échappe pas non plus à la ballade genre Hear’n Aid, «
Winners Take All », qui dégage une émotion palpable, fruit d’une orchestration réussie et sensuelle d’où s’échappent des volutes de flûte traversière. Ce n’est pas le tout mais il faudrait se réveiller les gars et sortir les biscotos ! Dans
Quiet Riot, il y a
Riot, non ?
Les choses se durcissent et pas forcément ce que vous pensez chers lecteurs avec « Stomp your
Hands Clap your Feets » sur lequel les roulements de double grosse-caisse de Frankie-soit-bon sonnent la fin de la récréation. Et que Rudy Sarzo se réveille aussi avec une ligne de basse tempétueuse et que mon Carlos Cavazo balance distorsion et feeling dans l’attaque de cordes. Un méchant contre-pied, comme l’indique le titre d’ailleurs qui devrait logiquement claquer des mains et frapper des pieds et non l’inverse, à tous ceux qui pensent que DuBrow et sa meute n’est qu’un simple groupe à minettes.
L’esprit de Mötley Crüe s’invite soudain sur un hyper-lourd et empesé «
Condition Critical » porté par un riffing Marsien et une frappe de mule rendant hommage au défunt
Eric Carr. Et un petit solo de derrière les fagots du sieur Cavazo qui aimerait bien exister autant par son talent que le fit son célèbre prédécesseur. La batterie tribale rendue commune par
Tommy Lee s’invite sur «
Scream and Shout », up-tempo dévastateur où la guitare se fait plus incisive et où tout le groupe envoie du bois dans la chaudière. Fait parfois frisquet à LA.
Difficile de savoir enfin si «
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Bad Boy » est plus rock que glam ou le contraire. Malgré une débauche d’efforts et un talent non négligeable, n’est pas
Randy qui veut. On termine cette revue d’effectif avec un enlevé «
Born to Rock », viril mais sans plus, pas de quoi casser 4 pattes à un canard ou appeler sa mère. Tiens, ça me rappelle des choses…
Pas de révolution donc avec ce nouvel album mais une réjouissante continuité qui sied à certaines chastes oreilles ou agace les speed-freaks à crinière poisseuse. Pour autant, ne jetons pas la pierre à un groupe qui exécute plutôt mieux que mal ses partitions et parvient à nous régaler avec ses morceaux qui mettent de bonne humeur. Avec le temps, l’intransigeance adolescente à découvrir des horizons musicaux de plus en plus vigoureux a laissé place à suffisamment de recul pour accorder à ce «
Condition Critical » ses palmes et son tuba dorés du club des incontournables du glam.
« M’étonnerait pas que le soit disant mourant sur cette civière ne simule, histoire d’emballer les infirmières pendant sa période de convalescence. Mon gaillard, je vais te faire subir un traitement de choc. Je t’ai à l’œil ! »
Didier – février 2015
I don't want to drink my whiskey like you do
I don't need to spend my money but still do
Well don't stop now ah come on
Another drop now so come on
I want it live now ah come on
Merci Ddier pour la chro. Effectivement, le groupe ne s'est pas essayé au périlleux exercice du grand écart facial, loin s'en faut. Ca ne me dérange pas du tout. Il faut dire qu'à l'époque, les groupes enchainaient album sur album, avec une grosse tournée entre les 2. Difficile alors de changer de style en si peu de temps pour composer. Mais je m'égare... Tout le monde semble ici d'accord pour dire que ce disque est bon mais un cran en dessous de son prédécesseur. J'irais un peu plus loin en considérant qu'il est 2 ou 3 crans en dessous. Même recette mais compos moins "bandantes", si vous me permettez cette grivoiserie. Y'a que la reprise de Slade que je trouve plus sympa que sur l'opus d'avant mais je l'ai tellement entendu! En plus, j'étais fan de Mama's Boys qui avait aussi repris ce titre à la même période et j'ai donc une tendresse particulière pour leur cover plutôt que pour celle de QR. Finalement, je me suis rendu compte que, lorsque j'ai envie d'entendre QR, je mets toujours le 1er album (enfin le 3eme mais bon on se comprend) et non celui-ci. Où alors je me passe "Alive and Well" que j'ai découvert il y a peu, que je pensais être une merde infâme, et que je trouve plutôt sympa en fait. Fin de l'insurrection.
Difficile de rivaliser avec "Metal Health" et ce "Condition Critical" en est la preuve.
Meme si il n'est pas mauvais, ce 4e opus ne rivalise pas avec son grand frère.
16/20
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