Après la mise en boîte de
Stay Hungry,
Twisted Sister part sur les routes pour une tournée monstre qui débutera en avril 1984 pour ne finir qu'en mars 1985. Comme à son habitude depuis
Under the Blade, le groupe commence par l'Europe avant de s'attaquer au continent américain. Une fois le tour européen terminé,
Twisted Sister s'envole pour les Etats-Unis. C'est de retour sur ses terres natales que le groupe va prendre connaissance du succès phénoménal de
Stay Hungry : double platine aux U.S.A., 5 fois platine au Canada, double platine en Nouvelle-Zélande, disque d'or en Norvège et au Mexique, etc. Le groupe va gagner énormément d'argent pendant cette période.
A la fin de cette tournée, le groupe s'attele directement à l'écriture de leur quatrième album.
Dee Snider déclarera avoir composé plus de 100 chansons pour n'en retenir au final que 10. Le choix du producteur se porte sur Dieter Dierks, déjà très réputé à l'époque pour ses travaux avec
Scorpions mais surtout Accept. Concernant le studio,
Come Out and Play sera enregistré à deux endroits différents,
New York et
Los Angeles.
Dieter Dierks, outre le fait d'apporter au groupe un son très allemand, puissant et carré, va aussi suggérer des idées au groupe, notamment ces choeurs très à la Accept sur "Lookin'
Out For # 1"
Le nom de l'album a été inspiré du film
The Warriors (Les Guerriers De La Nuit), notamment d'une scène où avant un affrontement entre deux bandes, l'un des chefs dit : "
Warriors,
Come Out and Play". Et de fil en aiguille, cela va donner l'idée de cette pochette à l'esprit street. Des mains qui sortent d'une bouche d'égoût et lorsqu'on soulève cette bouche d'égoût, apparaît
Dee Snider. Il faut noter qu'à l'origine, l'idée était également de placer à l'endroit de la braguette de
Dee Snider un petit espace à gratter qui aurait dégagée une odeur pestilentielle. Malheureusement, l'idée a été rejetée par
Atlantic qui l'a jugeait un peu trop extrême.
Tout ça pour dire que l'on a beaucoup critiqué
Twisted Sister en disant que le groupe s'était vendu pour faire un album commerciale. Allégation totalement fausse car outre l'envie de choquer avec cette pochette, on va être en face de l'album le plus diversifié du groupe.
Twisted Sister va nous jouer du speed sur "
Come Out and Play" et "
Kill Or Be Killed". L'intensité de ces deux morceaux sont à comprendre comme une réponse de
Twisted Sister au courant speed metal de l'époque. En gros, c'est pour dire : "vous voyez, nous aussi on peut jouer vite". Le résultat, c'est deux pépites sur lesquelles on retrouve le bon vieux
Twisted Sister bien sauvage d'antan.
Le troisième moment fort de l'album est bien évidemment "I Believe In Rock'n'Roll" qui s'annonce comme le troisième acte de l'hymne au rock'n'roll après "You Can't Stop Rock'n'Roll" et "
I Wanna Rock".
Les racines de
Twisted Sister c'est le rock'n'roll. N'oublions que les influences du groupe à l'origine sont
Alice Cooper,
Slade et
Led Zeppelin. C'est cet revendication au rock'n'roll qui va donner l'idée du morceau "
Be Chrool to Your Scuel". Ce titre, à l'origine, c'est un jeu de mot par rapport au fameux "Be
True To Your School" des Beach Boys.
Dee Snider va faire appel à quelques invités de marque pour ce titre parce que son envie était de faire appel à des musiciens évoluant dans des styles très différents pour les réunir sous la bannière du rock'n'roll. Il va y avoir le saxophoniste Clarence Clemons qui bossait à l'époque pour Bruce Springsteen, Brian Setzer des
Stray Cats, le pianiste Billy Joel qui dans les années 1970 avait fait parti d'un groupe très influencé par
Deep Purple du nom d'
Attila. D'ailleurs, il y a une anecdote marrante à ce sujet. Quand
Dee Snider a rencontré Billy Joel pour la première fois afin de lui proposer de participer à cette chanson, il lui a dit "Par contre, fais gaffe, on joue du heavy metal". Et Billy Joel avec un sourire moqueur, lui a répondu "Je n'ai pas peur du heavy metal. J'ai joué dans un groupe heavy avant même que tu saches ce que c'était" (en parlant évidemment d'
Attila). Quant à l'invité de marque,
Alice Cooper, c'était évidemment un choix qui coulait de source pour
Dee Snider.
Faire un morceau dans un style rock'n'roll des années 1960 qui s'attaque ouvertement aux institutions de l'école, n'était pas franchement une démarche commerciale. D'ailleurs plusieurs personnes dans l'entourage de la maison de disques ont tenté de dissuader le groupe de retenir le morceau, jugeant que c'était irresponsable de s'attaquer à l'école et surtout une source à problèmes. Problèmes qui vont bien entendu arriver par la porte laissée ouverte puisque le clip va faire scandale et va être interdit de diffusion sur MTV.
Alors effectivement, à côté de ça, le groupe va nous faire des ballades et va se faire un peu accuser de pomper
Scorpions sur "I Believe In You". Pourtant si on se rappelle "
The Price", c'était la même chose mais là, personne n'avait rien dit et ce morceau avait fait un gros succès. Il n'y a rien à redire sur "I Believe In You" qui est une excellente ballade, certes à la
Scorpions, mais vraiment touchante.
Ensuite, en se basant sur le seul "
You Want What We Got", les langues de vipères vont accuser
Twisted Sister de s'être fourvoyé dans le glam rock. Alors oui, ce titre a quelques allures de
Ratt mais de là à dire que c'est devenu du glam, faut pas pousser mémé dans les orties ! D'ailleurs, ce morceau est loin d'être mauvais, on y retrouve bien la patte du groupe.
Même chose pour "
Leader of the Pack" où les mêmes langues de vipères vont accuser
Twisted Sister de reprendre un vieux morceau de pop pour vouloir en faire un tube. Par contre, ils oubliaient de dire que cette reprise faisait partie des tous premiers morceaux que
Twisted Sister a joué en live et qu'il avait déjà été enregistré sur la démo de 1979. Ils l'ont joué jusqu'à la sortie de "You Can't Stop Rock'n'Roll. Puis ils ont arrêté. Ce sont les fans qui ont demandé au groupe de ne pas renoncé au morceau. C'est simplement pour ça, qu'il a été réenregistré avec un gros son.
Enfin, des morceaux comme "
The Fire Still Burns" et "
Out On The Street" sont totalement dans l'esprit de
Stay Hungry et auraient parfaitement pu figurer sur cet album.
Notez quand même pour terminer que le morceau "
King Of The
Fools" sorti en 45 tours d'ailleurs, n'apparaissait que sur la version cassette de l'album.
En conclusion, je dirais, à titre personnel bien entendu (on ne refait pas les goûts de chacun), que
Come Out and Play n'est pas du tout un album qui marque le début d'une décadence mais à parfaitement sa place dans la grande période.
Dans la lignée des 3 premiers albums, un excellent disque de Hard Rock.
18/20
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