Formé à Düsseldorf en 1982, auteur de deux très bons disques (
The Upcoming Terror, 1987, encore brut mais décoiffant, et le trop court mais référentiel
Interstellar Experience en 1988, recommandés à tous les fans de thrash endiablé),
Assassin jouit d'une notoriété similaire à
Exumer, avec un parcours comparable. Après la sortie d'Interstellar et une tournée avec
Death Angel, s'en suit un jeu de chaises musicales, un peu de consanguinité avec Sodom, sans jeu de mot, un vol de matériel décourageant, un split, et plus de quinze années après, revoilà
Assassin reformé autour du noyau dur Robert Gonnella (chant), Dinko Vekic et Jürgen Scholz (guitares) pour le calamiteux
The Club en 2005, disque indigne du passé du groupe, aux relents hardcore mal retranscrits. En 2011, sort
Breaking the Silence, qui redresse (quelque peu) la barre et remet
Assassin sous les feux de l'actualité, avec un passage en France au
Fall Of Summer, en 2014. Puis, Gonnella décide de quitter le groupe, à la surprise générale. Rapidement remplacé par Ingo Bajonczak, fan du groupe,
Assassin (ou ce qu'il en reste, soit la paire Scholz/Hoffmann aux guitares en membres historiques) sort
Combat Cathedral, à la pochette plus macabre qu'à l'accoutumée.
Le pessimisme et la crainte sont donc de rigueur lorsqu'un changement majeur intervient de la sorte, à l'heure d'écouter ce cinquième effort des Allemands. L'évocateur "Back From the
Dead" annonce la couleur avec une teinte vocale presque hardcore apportée par Bajonczak.
Pas que ce style soit apparu subitement,
Assassin ayant souvent eu ce petit côté immédiat cher à ce mouvement, mais ici la tessiture vocale du nouveau chanteur modifie de manière assez significative le rendu global. Assez monocordes, les vocaux (tendance mix entre Phil Anselmo et un Chuck Billy "forcé" flagrant sur "Servant Of Fear" par exemple) éloignent
Assassin de son côté le plus traditionnel. Un parti-pris pas évident, au regard de ses fans. Instrumentalement, la paire Scholz/Hoffmann effectue son meilleur boulot depuis
Interstellar Experience ("
Undying Mortality", vivifiant et aux riffs imparables, meilleur titre du disque), et redonnera lors de certains passages le sourire au thrasher adepte de cavalcades et riffs incisifs chers au style.
"Servant Of Fear", par exemple, et son pont mélodique laisse ainsi rapidement place à des backing vocals toujours de rigueur, conférant un dynamisme toujours efficace, et nerveux. Sans renier une certaine mélodie ("Slave Of Time"),
Assassin fait le boulot ("Whoremonger", aux riffs acérés, le final "
Red Alert" avec son pré-refrain chanté assez surprenant, ou "
Ambush", bien construit), malheureusement sans la magie de ses deux premiers disques, et, surtout, sans y substituer (ou trop rarement) une qualité susceptible de les faire oublier. Assez génériques, la majorité des compositions ne brillent trop souvent que par l'énergie dégagée globalement, et par quelques riffs éparses.
Sans doute plus homogène que
Breaking the Silence, et même si on ne peut nier que Gonnella avait quelque peu perdu de sa verve des années 80,
Assassin, à l'image de
Necronomicon n'a plus la magie de son passé, et le changement de chanteur, au registre assez éloigné de son prédécesseur, n'est pas ce que le groupe allemand a fait de mieux.
Assassin y perd son identité, sans gagner réellement quoi que ce soit derrière, malgré le savoir-faire indéniable de ses guitaristes qui mériteraient sans doute une plus grande reconnaissance. Les come-backs ne se ressemblent pas de l'autre côté du Rhin, dans une année qui s'annonce riche en sorties, niveau thrash. Après l'efficace
Protector (qui restitue dorénavant quasiment à la lettre ses premiers efforts), le bon
Exumer ou le moyen
Necronomicon, arrivent également
Minotaur et
Destruction, notamment.
Assassin n'aurait il pas été plus inspiré de créer un projet parallèle tant on peine finalement à reconnaître le groupe, dans ce disque ni franchement mauvais ni réellement bon. "We Are
Assassin", hurle Bajonczak sur "Word". On se le demande.
C'est sur que sans Robert Gonnella Assassin n'est plus vraiment Assassin, pourtant écoutes après écoutes on s'habitue au timbre rauque d'Ingo Bajonczak.Musicalement c'est le même constat, si au début la nouvelle orientation Power/Thrash Metal de la bande à Jürgen Scholz (guitare) laisse perplexe on s'habitue peu à peu à ce nouveau registre plus gras et groovy, mais toujours aussi vindicatif.Car en matière de brutalité "Combat Cathedral" n'a rien à envier à "Breaking the Silence" (2011), ni même aux classiques "The Upcoming Terror" (1987) et "Interstellar Experience" (1988) (le médiocre "The Club" de 2005 étant hors-jeu).En fait le seul véritable reproche que je peux adresser aux membres d'Assassin, c'est que lorsqu'on enregistre un disque aussi homogène (certains diront linéaire) et agressif tel que "Combat Cathedral" il aurait mieux valu raccourcir sa durée (de cinquante quatre minutes) en dégageant trois (voir quatre) titres afin qu'il conserve son attractivité jusqu'au bout (d'où ma note de 13/20).
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