Assassin est un des représentants parmi les plus respectés de la vague thrash allemande issue des 80's. Forts de deux excellents albums parus à cette période (le fabuleux
Interstellar Experience et son prédécesseur
The Upcoming Terror - hautement recommandés à chaque fan de thrash vif et précis), le groupe a splitté suite à un vol de matériel et n'ont donc jamais pu capitaliser sur leur notoriété alors naissante. Après un long hiatus, entrecoupé d'un album pitoyable (
The Club), la bande se reforme autour du noyau dur Gonnella/Hoffmann/Scholz (chant, guitares) et enregistre
Breaking the Silence, illustré par une pochette rappelant fortement son premier album et produit par Harris Johns (
Kreator,
Protector, et toute une tripotée de groupes de thrash estampillés 1986 - 1989), chez SPV, comme à la grande époque. Un parfum parfaitement vintage sur la forme, donc.
Reprenant également dans son contenu la recette composée de thrash très rapide, furieux et virulent de ses premiers disques, le titre éponyme fait bonne figure, et renvoie aux riffs acérés des plus belles heures du thrashmetal made in Germany. Avec un débit vocal toujours rapide mais quelque peu enroué par le poids des ans, Robert Gonnella essaie de prouver un poil en vain que rien n'a vraiment changé, et à l'écoute de ce premier titre, comme de "Turf
War" ou des passages réussis de "
Destroy the State" ou des accélérations d'un "
Strike Back" bien nommé, on serait tenté de se dire que ce
Breaking the Silence pourrait bien suivre la qualité des deux premiers disques. Malheureusement, la production d'Harris Johns, pourtant expert ès thrash depuis 30 ans, noie le son dans une tambouille peu précise (batterie noyée et guitares souvent "baveuses") et ne met pas en valeur la richesse instrumentale des titres.
Les compositions, également et de manière globale, se bénéficient pas de la même excellence qui amenèrent un "Abstact
War" ou un "Resolution 588" au pinacle du thrash européen, et les tentatives de recréer la magie (le passage planant de "Turf
War", le joke-track de la reprise "I Like Cola") paraissent plutôt ratées. Le rendu global, ainsi, lorgne un peu vers l'urgence du crossover, aidé en cela par le style "tout fou" du groupe et les vocaux de Gonnella, très bavard et un peu lancé dans tous les sens. Pourtant certains passages instrumentaux (les breaks de "No Fear", par exemple, le riff introductif réussi de "
Kill Or Be Killed") auraient donné envie d'y croire.
L'album, dans son ensemble, possède un rendu un brin pénible à l'écoute, et la lisibilité des guitares n'en ressort pas grandie. Alors, bien sûr,
Assassin n'a rien perdu de son agressivité, mais, pour une formation naguère aux côtés d'un Big 4 européen, le retour fait un peu office de pétard mouillé et quelque peu fébrile dans son désir de filer à toute berzingue.
Pas de composition marquante réellement dans sa totalité, et un sentiment mitigé en ressort. Dommage, le come-back ayant tourné court (Gonnella quitta le groupe peu après), pas sûr qu'
Assassin en renouvelle l'expérience de sitôt.
Certes "Breaking The Silence" (2011), à ne surtout pas confondre avec le superbe album du même nom d'Heathen, n'a rien d'exceptionnel.Pourtant après le médiocre "The Club" (2005), un disque qui m'est longtemps resté en travers de la gorge (surtout quand on voit le line-up qui l'a enregistré !), on est tout de même heureux de retrouver Assassin en forme délivrant un Thrash Metal de bonne qualité (bien qu'inférieur à celui exécuté sur ses deux premiers albums).
En considérant la suite (le changement de chanteur et le médiocre dernier album qui n'a d'Assassin que le nom, ce Breaking The Silence reste honnête, sans plus. Définitivement un disque moyen. Puisse le prochain Opprobrium, groupe qui qui suit un peu la même trajectoire (deux tueries initiales, puis après les années 2000 une merde post reformation) proposer un album digne de ses débuts.
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