Nous ayant laissés sur le souvenir ému d'un élégant «
An Evil of Nature », voici l'expérimenté combo suédois revenu, plus tôt qu'attendu, dans les rangs ! Si, comme à son habitude, le collectif nord-européen s'est laissé le temps nécessaire à la pleine maturité textuelle et compositionnelle de son message musical, deux ans seulement sépareront son quatrième et présent opus, «
Circles and Spheres », de son frémissant aîné. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de l'inspiré collectif...
Marchant sur les pas de son illustre devancier, les neuf plages de ce nouvel élan nous plongent à nouveau dans un espace metal atmosphérique gothique aux relents mélodico-symphoniques, non sans l'une ou l'autre variation harmonique à la clé. Cela étant, à la lecture des 40 minutes de ce nouvel arrivage, quelque quinze années suite à sa sortie de terre, en 2006 – sous la seule impulsion de la compositrice, parolière et interprète Annmari Thim (ex-
Arcana) –, le groupe serait-il en mesure de se hisser dès à présent parmi les valeurs de référence du metal atmosphérique gothique à chant féminin ?
Si Annamri Thim demeure l'auteure exclusive des paroles de l'opus, cette dernière a, là encore, composé et arrangé chacune des plages de ce propos conjointement avec le claviériste Fredrik Hermansson (ex-
Pain Of Salvation). Avec la participation, pour l'occasion, de Léo Margarit aux percussions additionnelles et de Katariina Forsberg et Anders Thim aux voix additionnelles. De cette étroite collaboration naît un essai à la fois enivrant, intrigant, un brin romantique, où s'entremêlent des sources d'inspiration aussi éparses que
Leaves' Eyes et
Nightwish, pour leur assise ''symphonisante'',
Imperia, quant à ses oscillations oratoires,
Angelzoom et
Sophia, pour leur empreinte atmosphérique et poétique.
Pas de doute, même si quelques sonorités alternatives s'insèrent discrètement au cœur de ce gracieux et prégnant mouvement, on reste donc dans la lignée atmosphérique et rythmique du précédent méfait.
Coproduit par nos deux maîtres d'œuvre, ce set de compositions a, là encore, fait l'objet d'une ingénierie du son particulièrement soignée. Mixé et mastérisé, cette fois, par
Magnus Devo Andersson au Endarker Studio Sweden, cet opus bénéficie, tout comme son plus proche parent, non seulement d'un mix parfaitement ajusté entre lignes de chant et orchestration et d'une belle profondeur de champ acoustique, mais aussi de sonorités parasites réduites à néant. De quoi nous intimer d'enclencher la touche play du lecteur et de suivre nos valeureux corsaires dans leurs pérégrinations marines...
A l'instar de son devancier, c'est sur une mer des plus apaisantes que débute notre voyage. Ce qu'atteste «
Resurrection », substantielle entame instrumentale symphonico-cinématique aux arrangements ''nightwishiens'', là encore. Tel un générique de film, le cinématique et soyeux élan vogue sur de célestes et ondulantes rampes de claviers que ponctuent progressivement de profonds et métronomiques roulements de tambour.
Comme ils nous y ont déjà accoutumés, nos acolytes font ici encore la part belle aux plages à la cadence refrénée, un tantinet altières et éthérées, où s'insinue volontiers une petite touche heavy, avec pour effet de nous happer sans avoir à forcer le trait, bien souvent. Ce que révèle, en premier lieu, l'''imperien'' mid tempo syncopé aux riffs crochetés « Forbidden
Rite » ; recelant un refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les troublantes oscillations de la déesse, l'envoûtant méfait ne se quittera qu'avec l'envie d'y revenir, histoire de replonger dans cet océan de félicité. Dans cette énergie, on optera également pour le cinématique et engageant mid tempo «
Kneel Before Me », eu égard à l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre et à un pont mélodique bien amené, à la technicité effective mais nullement ostentatoire, et magnifié par de seyantes harmonies au piano. On ne saurait, enfin, esquiver l'orientalisant et ''imperien'' « Rulers » tant pour ses enchaînements intra piste ultra sécurisés que pour sa chatoyante empreinte oratoire, les fluides impulsions de la belle se voyant ici escortées par des chœurs en faction pour un rendu tenant toutes ses promesses.
Lorsque les éclairages de la scène se font plus intimistes, nos compères trouvent à nouveau les arguments susceptibles de nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, tout d'abord, «
The Witch », ballade atmosphérique d'une sensibilité à fleur de peau que n'auraient probablement reniée ni
Nightwish ni
Imperia ; inoculé de délicates gammes pianistiques et d'un frissonnant solo au violoncelle samplé à mi-morceau, et glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se calent les pénétrantes ondulations de la maîtresse de cérémonie, le soyeux effort ne saurait être éludé par le féru d'espaces tamisés. On ne saurait davantage ignorer « Love
Spell », céleste et cinématique ballade à la croisée des chemins entre
Imperia et
Leaves' Eyes, pour ses magnétiques arpèges d'accords comme pour son break opportun instillé de sinueuses et poignantes rampes synthétiques. Et comment ne pas se sentir happé par les vibes enchanteresses jaillissant des entrailles de « Witch,
Sorcerer,
Conqueror » ? Egalement pouvue de sensibles séquences d'accords disséminées par le maître instrument à touches doublées d'un attendrissant violoncelle, corroborant les poignants médiums de l'interprète, se chargeant en émotion au fil de sa progression, l'a-rythmique et ''nightwishienne'' ballade fera assurément plier l'échine à plus d'une âme rétive.
Techniquement plus complexes, certaines pistes pourront requérir quelques écoutes préalablement à leur probable adoption. Ce que révèle, d'une part, « Gracious Orient », orientalisant low tempo investi d'une darbouka d'une confondante légèreté. Si sa ligne mélodique demeure peu oscillante, tant ses subtiles séries d'accords que la capiteuse atmosphère qui s'en dégage sauront se jouer de toute tentative de résistance à son assimilation. Dans une perspective symphonico-cinématique, l'énigmatique et ''imperien'' «
Kingdom of
Sulphur », quant à lui, essaime des couplets finement ciselés et des plus enveloppants, encensés, là encore, par l'ensorcelant filet de de voix de la diva. Et la magie opère, une fois encore.
Au final, nos acolytes nous octroient une quatrième offrande d'un grand raffinement, un brin mystérieuse et profondément intimiste, se savourant à chaque fois davantage au fil des écoutes. S'il ne se fait guère plus varié que son devancier quant aux exercices de style dispensés, ce méfait témoigne de sentes mélodiques finement sculptées, un poil plus immédiatement lisibles et des plus frémissantes. Par ailleurs, les talents d'écriture comme l'identifiable et poignante signature vocale d'une interprète bien habitée transpirent par tous les pores de cette goûteuse et proprette rondelle. Jouissant à nouveau d'arrangements de bonne facture et d'enivrants harmoniques, cet opus se pare de sonorités cinématiques et orientalisantes plus présentes aujourd'hui qu'hier ; état de fait contribuant à rendre cette œuvre aussi personnelle que liante. Ce faisant, à défaut de pouvoir dès lors rejoindre ses valeurs de référence, le combo disposerait de l'arsenal requis pour asseoir davantage sa position parmi les valeurs confirmées de ce registre metal. Peut-être à l'aune d'un cinquième élément ?...
Note:15,5/20
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