Mother of Abominations

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16/20
Nom du groupe Angelic Foe
Nom de l'album Mother of Abominations
Type Album
Date de parution 14 Septembre 2015
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1. Daughter of Comfort 06:42
2. The Get 04:32
3. All Her Princes Are Gone 06:05
4. Shapes Without Shadows 04:59
5. Pestilence and Smither 03:43
6. Bewitching Lilith 04:30
7. Workers of Harm 06:56
8. The Judgement 05:23
9. Enemies of God 07:22
Total playing time 50:12

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Angelic Foe


Chronique @ ericb4

18 Septembre 2015

Une magnétique offrande révélatrice d'une inspiration féconde de son auteure...

Une enivrante onde vibratoire nous parcourt, à l'instar d'un saisissant paysage de notes romantiques teinté d'angéliques aurores boréales défilant dans nos tympans alanguis. Inscrite en creux dans des gammes soyeuses et d'une souplesse féline, la pièce à fleur de peau s'impose d'elle-même, à la fois éminemment troublante et discrètement charismatique. C'est dans le sillage de noires et de blanches harmonieusement coordonnées et sous les projecteurs tamisés insufflant une lumière feutrée que s'ouvre le rideau. Sur une scène où planent de captatrices patines mélodiques, on se trouve soudain projeté dans un tourbillon orgasmique d'arpèges scrupuleusement incrémentés dans les harmoniques. Pénétrons alors dans les coulisses de cette œuvre que d'aucuns n'imaginaient la présence, ni même l'organique conception, en quête des traces de cette aérienne substance musicale aux confins de l'immatérialité existentielle.

Angelic Foe est un groupe metal atmosphérique gothique suédois flirtant avec le néo-classique créé par la parolière, compositrice et parolière Annmari Thim (ex-Arcana) en 2006. Escortée, tout d'abord, de talentueux musiciens et du compositeur et guitariste Cristian Ellingsen pour la mise en œuvre de son projet, à l'aune d'un premier album « Oppressed by the Heavens » (2012), plutôt intimiste et aux nombreux passages acoustiques, celle-ci a poursuivi son œuvre à l'instar de cette nouvelle offrande, produite et en partie composée, cette fois, par Samuel Lidström. C'est sur une assise stylistique plus typée symphonique et mélodique, alliée à une probante profondeur de champ acoustique, que s'égrainent désormais les neuf perles d'un collier auditif de plus de cinquante minutes de plénitude harmonique.

On observe une qualité de production tout à fait en phase avec la nature du projet, regorgeant de subtilités techniques et d'un souci du détail artistique certain. Concernant la logistique, Peter Bjärgö (Arcana, Sophia) en a précisément assuré le mixage et le mastering, pour un rendu redoutable d'efficacité, les parties vocales et instrumentales étant parfaitement équilibrées entre elles. De plus, la qualité de la production d'ensemble ne souffre que de très peu de carences, à commencer par l'enregistrement, très soigné, ne laissant s'égrener que des séries de notes épurées. De plus, les efforts sur les finitions sont de mise et les enchaînements inter pistes se révèlent finement réalisés. Sur ces bases solides se meuvent une dense et fringante orchestration, aux arrangements de fort bonne facture, de rares passages techniques mais tout en toucher et des choeurs infiltrants délivrant toute leur sensualité. Ainsi, on se situerait dans une ambiance harmonisant l'empreinte atmosphérique et poétique d'Angelzoom, voire Sophia, et celle de Leaves' Eyes pour la touche symphonique gothique de fond. Ce qui ne doit nullement nous faire oublier que les textes, délicatement élaborés par Annmari, sont empreints de mysticisme, de religiosité, évoquant un monde étrange, parfois insécurisant, hanté par des créatures surnaturelles. Parallèlement, l'artwork de la pochette symbolise déjà, par ses couleurs patinées et son design, un monde en ruine sur un fond quasi lunaire, qui n'est pas sans renvoyer au titre de l'opus « Mother of Abominations ». On oscillerait alors entre envoûtement et intrigue, monde énigmatique et univers féérique. Ou l'art de savoir faire cohabiter les contrastes. Mais, entrons sans plus attendre dans les arcanes de ce message musical.

On ressent une patte heavy à des moments d'obédience gothique ou néo-classique dont se nourrit cette œuvre. Ce qui est le cas de l'entame de l'opus. Ainsi, une ouverture progressive sur des nappes synthétiques enveloppantes nous étreint sur fond de grosse caisse métronomique sur « Daughter of Comfort », morceau néo-classique à la plantureuse touche heavy. On entre alors en communion avec un champ percussif devenu saillant, profond et maîtrisant parfaitement son flow. Emerge alors du fond des abysses une sirène dotée d'un délicat filet oratoire, non sans rappeler Claudia Uhle, sur un couplet bien ciselé que des choeurs féminins célestes assistent vaillamment. L'instant reste suspendu aux ondulations vocales de cette stupéfiante symbiose entre la douce sirène et la massive déferlante qui, progressivement, finit par nous submerger. Sans réel refrain, on se surprend à ne pas quitter la piste d'un chouia. Celle-ci finit par un joli dégradé de l'intensité du corps instrumental. Par ailleurs, une influence orientalisante se fait jour sur « The Judgement », morceau d'inspiration heavy symphonique, témoignant de généreuses sinuosités instrumentales et vocales, de fines variations de tonalité, le long d'un tracé mélodique bien customisé. L'art de jouer des contrastes prend ici ses lettres de noblesse, savamment mis en exergue par la déesse.

Parfois, les instants se font pleins d'allant. Aussi, on ressent non moins la magie de l'empreinte d'Angelzoom sur « The Get », la belle nous lovant ses vibes jusqu'au creux du pavillon avec sensualité. Entraînant, ce morceau à la rythmique souple et à la touche percussive sensible vient nous chercher au plus profond de nous-mêmes. Aussi, les couplets se déploient avec majesté et les refrains se suivent avec délectation, tant la ligne mélodique suit un cheminement à la fois rigoureux et inspiré. Sous l'égide de belles variations de tonalité, les choeurs sont aptes à nous faire chavirer au moment où la belle les laisse évoluer avec grâce, l'ensemble finissant à l'unisson. On se plaît à y revenir pour goûter encore à ce moment lévitant d'une rare intensité émotionnelle.

Par ailleurs, on découvre quelques moments à la rythmique mesurée. Ainsi, des perles de pluie au piano se déversent sur un moelleux parterre synthétique avant que la belle ne prenne le relai sur l'énigmatique et délicatement tempéré « All Her Princes Are Gone ». Sur ce morceau en mid tempo d'inspiration atmosphérique gothique, la soprano sait élever ses inflexions avec une facilité déconcertante dans chaque espace sonore où elle se meut. Une orchestration en tapinois, suivant une rythmique feutrée, corrobore avec emphase les célestes envolées de la sirène. Les arrangements ainsi déployés permettent de conférer un effet fantastique à la scène, notamment par une mise en écho du champ oral, que l'on pénètre quasi magnétiquement. D'autre part, une violoneuse introduction et un chant lyrique éprouvé nous accueillent sereinement sur « Bewitching Lilith », titre à la rythmique satinée en mid tempo, non sans rappeler Leaves' Eyes. Le cheminement harmonique s'avère incitatif à l'adhésion, une fois de plus. Aérien à souhait, ce moment suspendu a l'atout de la séduction mélodique pour sa gouverne. On ne lâche aucunement cette plage aux refrains aussi invitants que les couplets au demeurant délicatement élaborés.

Sinon, une rythmique progressive s'est également invitée au bal pour initialiser une autre ambiance à cette pièce. Ainsi, dans une climat sulfureux, « Pestilence and Smither » délivre une profusion de séries de notes d'inspiration symphonique de fort bon aloi. Les changements de tonalité et une section rythmique plombante, progressivement devenue aérée, sont de mise. De violoneux déliés et quelques arpèges au piano s'infiltrent comme par enchantement. La diva élève alors d'un cran son timbre pour nous aspirer littéralement, s'affranchissant ainsi de toute résistance auditive. D'autre part, de jolies vocalises en communion nous introduisent sur le mystérieux « Workers of Harm », au tempo d'abord contenu, avant que la batterie tout en finesse nous place à bord d'un vaisseau amiral à l'assise instrumentale nuancée, au climat quelque peu ténébreux. Une substantielle présence vocale délivre un paysage de notes haut perchées qui laisse ici aussi transpirer une émotion, sur un titre d'obédience néo-classique à la touche gothique. Enfin, la fresque de l'opus « Enemies of God », pièce d'orfèvre ouatée, ne manque pas de nous happer tant par sa subtile lumière mélodique que par les enivrants élans de la belle, câlinant en les aimantant, nos tympans de sa chatoyante lumière. Le convoi orchestral nous achemine alors avec les honneurs, violon en tête, vers des espaces immatériels insoupçonnés, assurant une lente progressivité, devenue galopante, à l'ensemble. A la diva de conclure sur l'ultime. Captivant moment, s'il en est.

Les mots bleus n'ont pas non plus manqué à l'appel. En effet, de violoneuses notes arpentant les premières gammes nous attirent le tympan sur la splendide ballade « Shapes Without Shadows ». Profonde, hypnotique par ses harmoniques bien sculptées, cette piste ne rate par sa cible, celle de la captation de nos émotions les plus enfouies. C'est dans cette atmosphère ragoûtante que les angéliques impulsions de la déesse font mouche. Lorsque le corps orchestral se met en branle, c'est une mer limpide d'une touchante sérénité qui s'offre à nous. On se laisse alors transporter par le mouvement de cette onde vibratoire confondante jusqu'à son terme.

Résultat des courses. Trois ans après une première offrande, la belle n'a pas plaint sa peine pour nous offrir un propos éminemment bien concocté, à l'image de sa détermination à poursuivre sa route en cavalière seule, non sans originalité. Aussi, on ressort de l'écoute de l'oeuvre éclaboussé par tant d'emphase oratoire, la maîtresse de cérémonie et les choeurs fonctionnant en parfaite osmose et distribuant les séries de notes avec maestria. On reste également imprégné par les différentes atmosphères conférées par l'orchestration. En l'absence de soli instrumentaux, on appréciera néanmoins le travail de cohésion globale et les variations de tonalité, loin d'être absentes. Sans compter la qualité de la production d'ensemble. Bref, on remettrait le couvert sans l'ombre d'une hésitation.

Nous avons là une œuvre qui se savoure progressivement, au fil des écoutes, et qui restera en mémoire de ceux qui auront pris le temps nécessaire à une approche concentrée. Ainsi, les amateurs de metal atmosphérique, gothique, symphonique, néo-classique à chant féminin trouveront là matière à satisfaire leurs exigences les plus pointues. L'accessibilité des lignes mélodiques et des accords permet au féru comme au contemplatif de recevoir ce message tutoyant le génie créateur. Arguons qu'à l'aune de cette seconde galette, la diva pourra élargir le champ encore assez restreint de son auditorat. Du moins, on ne peut que lui souhaiter.

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frozenheart - 18 Septembre 2015: Intéressante chronique ericb4! Je ne connaissais pas ce groupe qui m'a l'air de bien progresser, j'aime assez le chant du moins sur le titre présenté je vais aller essayer d'en écouter davantage sur YouTube. Merci encore pour le papier.
ericb4 - 18 Septembre 2015: Il n'y a pas de quoi ;) A l'image de la vidéo, cet envoûtant album à la touche zen se parcourt d'un trait sans aucun souci. Par contre, pour en disposer, il vaut mieux aller sur leur site officiel et l'écouter soit directement à la source, soit par le biais de bandcamp. Enjoy it!
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