Liste des groupes Power Mélodique Frozen Crown Call of the North

Nous ayant laissés sur le souvenir ému d'un solaire « Winterbane », son troisième album full length, le prolifique collectif transalpin fondé à Milan en 2017 par l'auteur/compositeur, guitariste/claviériste et vocaliste Federico Mondelli (Volturian, Nocturna, Be The Wolf, ex-Dirty Rain) revient dans la course, pas moins de deux ans plus tard. Et ce, muni d'un effort de même acabit, répondant au nom de « Call of the North », signé, tout comme ses deux plus proches aînés, chez le puissant label italien Scarlet Records. Le temps pour le quintet italien de peaufiner ses compositions et de réaliser la bagatelle de quatre singles (« Call of the North », en 2022, suivi de « Victorious », « Black Heart » et « Fire in the Sky », début 2023, successivement), chacun faisant alors partie intégrante des 10 pistes du présent opus. Ce faisant, les 53 minutes de ce nouvel arrivage permettraient-elles au combo de conforter sa place parmi les valeurs confirmées du power mélodico-symphonique à chant féminin ?

A bord du navire, nous retrouvons l'équipage de la dernière traversée, soit : Federico Mondelli et sa femme, la chanteuse aux puissantes et vibrantes inflexions Giada ''Jade'' Etro (Ashes You Leave, ex-Tystnaden, guest chez Volturian et Elvenking), la lead guitariste Fabiola ''Sheena'' Bellomo (Inira, ex-Manam, ex-Ulcus...), le bassiste Francesco Zof (StoryTime) et le batteur Niso Tomasini (Droonkey, Lighthouse...). A quelques encâblures de ses fondamentaux stylistiques, la troupe ainsi constituée nous octroie un propos power mélodico-symphonique aussi impulsif et enjoué qu'empreint de sensibilité, où la touche death se voit ici substituée par des effluves folk. Aussi, les influences d' Ancient Bards, Unleash The Archers, Temperance, A Sound Of The Thunder, Eluveitie et Claymorean se font-elles désormais sentir, la touche personnelle en prime.

Pour optimiser la mise en musique de son set de partitions, le groupe a, là encore, requis le professionnalisme d' Andrea Fusini (ingénieur du son italien sollicité par Volturian, Forgotten Tears, Not Yet Fallen, Proud Of That, Feronia, entre autres), et ce, tant pour l'enregistrement que pour le mixage et le mastering de la galette. Ainsi, cette dernière n'accuse que fort peu de sonorités parasites tout en jouissant d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, et d'une saisissante profondeur de champ acoustique. Tous les voyants seraient donc au vert pour autoriser une quatrième croisière hautement sécurisée et des plus agréables. Il ne nous reste plus qu'à larguer les amarres et à suivre nos acolytes dans leurs pérégrinations...

A l'aune de ses aînés, ce méfait se fait le plus souvent pulsionnel, parfois diluvien, se plaisant alors à nous secouer, comme pour mieux nous happer, in fine. A commencer par le titre éponyme de la rondelle, « Call of the North », véritable torche incendiaire aux riffs acérés, à mi-chemin entre Ancient Bards et Unleash The Archers. Pourvu d'une touche celtique, d'un entêtant refrain, mis en exergue par les puissantes inflexions de la sirène, et d'un flamboyant duo de guitares, le tubesque effort se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Dans cette dynamique, et non sans rappeler Temperance, l'offensif « Black Heart » comme le torrentiel « Fire in the Sky » retiendront tant pour leur duo mixte en voix claires que pour leurs enchaînements intra piste ultra sécurisés. Difficile également de résister à la vague de submersion qui va s'abattre sur nous sur « Legion », up tempo dans la veine d' Ancient Bards, au regard de la soudaineté des montées en régime de son corps orchestral comme de ses sémillants gimmicks guitaristique. Enfin, comment ne pas se sentir porté par le refrain catchy jaillissant des entrailles de l'invitant et ''temperancien'' « Until the End » ?

Tout aussi magmatiques, mais un poil plus complexes, d'autres passages ne sauraient davantage être éludés. Ce que prouve « In a Moment », tumultueux effort aux riffs épais, dans la lignée de Claymorean ; délivrant un pont techniciste bien amené et ayant toute sa raison d'être, ainsi que des couplets finement ciselés et des plus engageants, le frénétique méfait n'aura pas tari d'armes pour asseoir sa défense. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder « Now or Never », vigoureuse et efficace offrande aux riffs en tirs en rafale, pour ses truculents arpèges d'accords comme pour son éblouissant solo de guitare.

Dans une visée progressive, nos compères trouvent à nouveau les clés pour nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, d'une part, le grisant mid/up tempo « Victorious » ; démarrant tel une ballade folk atmosphérique, le manifeste ne prendra que deux minutes pour nous asséner de virulents et inaliénables coups de boutoir. Et ce ne sont ni les claires et touchantes impulsions de la déesse ni le fin legato à la lead guitare qui nous débouteront de ce hit en puissance, tant s'en faut. Dans cette énergie, on ne pourra davantage esquiver le polyrythmique « Far Away » qui, au fil de ses quelque 7 minutes d'un spectacle aussi épique qu'embrasé, ne relâchera pas sa proie d'un iota. On appréciera cette fresque power symphonico-progressive à la fois pour ses riffs corrosifs adossés à une sanguine rythmique, sa communicative jovialité, et son break opportun alimenté d'un sensible slide à la guitare acoustique, que balayera une saisissante reprise sur la crête d'un refrain que l'on entonnerait à tue-tête.

Quand il en vient à ralentir un tantinet la cadence de son convoi instrumental, le collectif italien ne s'est guère avéré plus maladroit, loin s'en faut. Ainsi, on ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir étreint par l'émotion sous l'impact de l'infiltrant cheminement d'harmoniques emprunté par « One for All » ; un ''eluveitien'' mid tempo aux métronomiques roulements de tambour et pourvu d'un refrain immersif à souhait, mis en habits de lumière par les solaires volutes de la maîtresse de cérémonie. Un exercice de style savamment élaboré et emprunt d'authenticité, peut-être encore sous-exploité et qui, pourtant, sied bien à nos compères.

Au terme de notre tumultueux périple, un doux sentiment de plénitude nous gagne, le combo transalpin développant désormais un message musical plus affûté que naguère quant à ses compositions et à ses paroles, sans accuser, par ailleurs, l'once d'une baisse de régime ou d'une quelconque zone de remplissage. Varié sur les plans atmosphérique et rythmique, témoignant d'une technicité instrumentale et vocale difficile à prendre en défaut, ayant pour corolaire des mélodies finement esquissées et des plus envoûtantes, et reposant sur une ingénierie du son rutilante, le fringant message musical se suit de bout en bout sans encombre. S'il manque toujours l'une ou l'autre ballade dans la déjà riche panoplie de la formation italienne, cette dernière a compensé cette relative carence par l'exploration de nouveaux horizons stylistiques ; une stratégie payante, in fine. Bref, à l'aune de ce frondeur et sémillant propos, le collectif détiendrait le sésame pour conforter sa place parmi les valeurs confirmées de son registre metal d'affiliation...