Que diriez-vous si je vous disais qu’un jeune groupe canadien des années 2000 s’était décidé à faire revivre ou plutôt ressusciter le heavy doom old school, en alliant à la fois le son de "
Black Sabbath" à ses débuts et celui de "Jethro Tull" ? Vous devez sans doute vous dire que tout ceci doit constituer un drôle de mélange, et que de faire revivre de si vieilles recettes de cuisine a de quoi laisser perplexe sur l’inventivité et l’évolution du groupe.
Je dois avouer pour ma part que j’avais au départ aucune réelle ambition pour ce groupe. Ce disque a été acheté dans le plus pur hasard, par curiosité et pour 3 euros d’occasion. Sans doute attiré par l’artwork de couverture, simple mais séduisant, présentant une voyante ou plus exactement une sorcière (car c’est de ça qu’il est question) devant son chaudron magique, tout droit inspiré d’une des aventures de
Conan, de Robert E. Howard.
A la première écoute, nos soupçons et notre méfiance s’estompent. Le groupe nous fait d’entrée un lancement spectaculaire en faisant résonner l’orgue de leur sombre église. Le rythme est lourd, plombé et planant. On pourrait surprendre un rock psychédélique venu tout droit des seventies. On pourrait même croire que les instruments sont d’époque, tellement se dégage l’impression d’écouter un disque de cette période. Mais ne vous trompez pas, il n’est pas question pour "
Blood Ceremony" de nous servir de la soupe réchauffée. Toute l’originalité de leur production réside en la personne d’Alia O’Brien chanteuse et flutiste du groupe. Elle se montre ici comme un élément clef.
L’album est marqué par l’omniprésence du son doomesque offert par le couple guitare/basse. L’ambiance aurait été véritablement inquiétante s’il n’y avait pas eu la présence de la flute traversière. Celle-ci est à l’image du vol gracieux d’un papillon au milieu d’un cimetière. Elle est tantôt en duel avec la basse et la guitare, tantôt elle s’accorde avec eux pour entrer en totale harmonie. Ne lui faîtes pas confiance, elle ne cherche qu’à dissiper vos craintes pour mieux vous hypnotiser. Lorsqu’elle ne joue pas de la flute, Alia O’Brien, de sa belle voix monocorde conte de brèves histoires de sorcières, de messes noires, d’incantations, toutes empreintes d’un ésotérisme très marqué. Cette voix rassurante, quelque peu sournoise, en parallèle sans doute avec la flute, vous transporte dans un monde de ténèbres et de fête.
C’est dans les titres "The Rare
Lord" et "Hop
Toad" que le groupe montre toutes ses ressources, offrant un ensemble structuré et emballant. Mais ce n’est encore rien à côté de l'envoutant "
Hymn to Pan", hommage au dieu et satyre païen Pan, lui-même flutiste de son état. C’est la cerise sur le gâteau, on aura droit à des riffs de flute endiablés pour refrain. Un titre technique et plein de finesse, venant couronner l’album.
Pour un premier album,
Blood Ceremony, par sa qualité technique insoupçonnée, nous fait revivre dans un sens la sorcellerie qui avait commencé au début des années 70, rappelera même pour certain les ambiances du premier album de "
Black Sabbath". La flute traversière et la voix féminine donne au concept plus d’originalité et des effets contraires subtils grâce à une bonne utilsation de ces différents instruments. C’est un album simple, sans grande prétention apparente, qui ne manquera pourtant pas de vous prendre aux tripes.
16/20
Je trépigne d'impatience pour le nouvel album.
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