Trial by
Fire, précédent opus des Suédois de
Mean Streak, nous avait laissé sur une sacrée déconvenue puisqu’il ne parvenait pas à nous offrir un amalgame suffisamment abouti de toutes les aspirations qui, à l’évidence, animaient le groupe. A la fois
Hard Rock, Heavy
Metal,
Hard FM et
Power Européen, ce disque nous proposait, en effet, un univers bigarré dans lequel il nous était, parfois, assez complexe de retrouver notre chemin. Pourtant, ça et là, au détour de l’une ou l’autre des pistes qui le composaient, il était possible d’entrevoir les qualités du quintette responsable. Ses qualités mais aussi ses défauts lorsque Andy La Guerin et ses comparses n’hésitaient pas à nous proposer des chansons où ils singeaient les Britanniques de
Def Leppard ou les Américains de
Bon Jovi pour un résultat qui contrastait tant avec le reste qu’il nous laissait pour le moins déconcerté.
Si avec ce
Blind Faith la formation native de Skövde n’aura pas véritablement décidé d’abandonner cette vision plurielle de son art, elle le fera désormais avec davantage de subtilité en incorporant ses envies de musicalité plutôt dans ses refrains mélodiques, par touches subtiles, plutôt que grossièrement, comme ce fut le cas, parfois, jadis. Elle aura, de surcroît, eu l’extrême intelligence de composer ses passages-là en ne les faisant jamais franchir cette sacro-sainte frontière qui sépare le niais de l’acceptable. Tout semble donc ici plus cohérent.
Plus maîtrisé. Moins disparate.
Blood Red Sky, le très réussi Animal in Me (pour lequel, pour des raisons qui m’échappent un peu, je n’ai pu m’empêcher de penser à Scorpion),
Retaliation Call, le plus sombre et ténébreux Settle the Score au break splendide et Tear
Down the Wall aux parfums très germains (Axl Rudi Pell notamment) ne laissent d'ailleurs planer aucun doute quant à ce constat.
Et puis arrive Tears of the
Blind. Ce satané Tears of the
Blind. La seule faute de goût de ce
Blind Faith. Son seul morceau gênant. Celui dont les chorus bien trop harmonieux nous replongent dans les travers du précédent opus. Celui dont les refrains nous rappellent ces heures sombres où
Mean Streak pensait judicieux de s’inspirer du plus célèbre léopard de la perfide
Albion.
Fort heureusement, passé ce moment embarrassant, le groupe reprend son ascension toujours encore touché par cette grâce inhabituelle qui l’accompagne depuis les premières mesures de ce nouvel effort. Avec ce redoutable Gunnerside qui vient clore la version européenne de ce méfait, il pourrait même donner la leçon aux
Hammerfall et autres
Dream Evil sur la manière d’enchaîner des couplets vifs et des refrains mélodiques à la musicalité étonnante.
A mon humble avis, avec ce
Blind Faith,
Mean Streak nous propose rien moins que sa meilleure offrande jamais sortie à ce jour. Une offrande qui, soit dit en passant, débarrassée de ce laid Tears of the
Blind, aurait été bien meilleure encore.
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