Behind the Black Veil

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17/20
Nom du groupe Dark Sarah
Nom de l'album Behind the Black Veil
Type Album
Date de parution 08 Mai 2015
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album37

Tracklist

1.
 Save Me
 04:23
2.
 Poison Apple
 04:16
3.
 Hide and Seek
 05:13
4.
 Memories Fall (ft. Manuela Kraller)
 04:24
5.
 Evil Roots (ft. Inga Scharf)
 04:29
6.
 Violent Roses
 05:02
7.
 Hunting the Dreamer
 05:31
8.
 Fortress
 05:35
9.
 Silver Tree
 04:45
10.
 Sun, Moon and Stars
 04:13
11.
 Light in You (ft. Tony Kakko)
 03:57
12.
 Sarah's Theme
 02:34
13.
 Memories Fall (Orchestral Version)
 04:24
14.
 A Grim Christmas Story
 03:27

Durée totale : 01:02:13

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Dark Sarah


Chronique @ ericb4

10 Mai 2015

Sans nul doute l'une des pépites du moment dans ce registre...

Trois ans après la naissance de son projet solo, l'émérite mezzo-soprano finlandaise Heidi Parviainen (ex-Amberian Dawn) nous dévoile enfin son premier album full length, généreuse galette ne comptant pas moins de quatorze morceaux. Et ce, pour plus d'une heure de Metal Symphonique mélodique, atmosphérique, avec une touche gothique et un soupçon de romantisme. A l'heure où les formations dominantes de ce registre dispersent inconditionnellement leurs meilleurs arpèges sur la scène metal internationale, un élan d'inspiration a pénétré en profondeur, dans les arcanes des sculpturales compositions du gemme. Animée d'une intarissable volonté d'en découdre avec ses pairs et de séduire un auditorat élargi, Heidi s'est laissée le temps de peaufiner ses gammes et d'affiner le trait de sa plume pour tenter de combler les attentes de ses nombreux admirateurs, actuels ou à venir, à l'aune de cette roborative rondelle.

Rien n'était moins évident pour l'expérimentée diva de créer son propre univers, suite à son passage remarqué dans son groupe d'origine, tout en restant rivée à un registre Metal similaire. Mais, à l'écoute de sa démo « Save Me » (2013) et de son EP « Violent Roses » (2014), on comprend déjà que c'est avec autorité qu'elle a su imposer son empreinte artistique et stylistique sur chaque texte, chaque bémol, chaque dièse de ses compositions. Elle a veillé à y mêler ainsi une musique épique, à la dense orchestration, et différentes sections rythmiques, son chatoyant et cristallin timbre de voix faisant le reste. Difficile alors de résister à l'émoustillant appel de la sirène. C'est sur cette lancée que se révèle à nous cette ravigotante production, fraîchement sortie chez Inner Wound Recordings.

Cela dit, saluons au passage un travail d'équipe véritablement cohésif, soigné, ayant misé sur la qualité de l'enregistrement, des arrangements et des finitions sur chaque piste. Sur l'ensemble de l'oeuvre ont ainsi participé, en tant que membres officiels : Sami-Petri Salonen et Erkka Korhonen aux guitares, Rude Rothstén à la basse et Thomas Tunkkari à la batterie. Sans oublier la maîtresse de ces lieux, Heidi Pariviainen (alias Sarah) au chant. Ont été sollicités pour l'occasion des invités, tels que : le chanteur Tony Kakko (Sonata Arctica), la mezzo-soprano Manuela Kraller (ex-Xandria), la chanteuse Inga Scharf (Van Canto), pour des duos, ainsi que le guitariste Kasperi Heikkinen (U.D.O, Merging Flare), le bassiste Jukka Koskinen (Wintersun) et les batteurs Teemu Laitinen et Lauri Kuussalo. Munie d'une telle brochette, on comprend que la belle s'est donnée les moyens de ses ambitions. Elle va maintenant nous faire pénétrer dans son domaine pour un parcours éminemment truculent.

La déesse a pensé à bien diversifier son bouquet d'offres sur le plan rythmique, proposant des titres plus ou moins entraînants, mais ayant souvent de fluides lignes mélodiques comme dénominateur commun. Concernant les trois duos, là aussi, ils sont de nature rythmique différente. Nous les aborderons dans un volet à part, pour ne pas perturber l'analyse des titres en solo.

Commençons notre tour d'horizon par les pistes les plus dynamiques. Ainsi, l'énergique « Poison Apple », introduite en finesse par une orchestration en apesanteur, finit par se montrer entraînante, disposant de riffs crochus pour accrocher le tympan. On découvre alors des couplets harmonieux et des refrains captateurs, notamment grâce au filet de voix immersif et aux montées impressionnantes de la sirène. En outre, on observe de somptueuses nuances de tonalité ainsi qu'un solo de guitare démoniaque, suivi d'une reprise vocale sur le quasi imparable refrain. Et ce, non sans rappeler l'univers d'Amberian Dawn. Ce faisant, la belle annonce déjà ses intentions face à la concurrence. L'exercice n'a pas démérité non plus à l'instar du frondeur « Hunting the Dreamer », aux riffs échevelés et au tempo alerte. On remarque rapidement la mélodicité sans failles des couplets et le romantisme des refrains, délicieusement catchy, servis par les affectueuses envolées de la maîtresse des lieux. Cette dernière évolue au cœur d'une épaisse instrumentation, contrastant avec un break, immédiatement relayé par une reprise vocale ondulante et un solo de guitare fringant, dans la lignée de Xandria, seconde mouture. C'est dire que les charmes des accords des compositions opèrent déjà.

A d'autres moments, on gagne en intensité ce qu'on y perd en vélocité. C'est le cas de l'entame de l'opus « Save Me ». L'éveil orchestral s'effectue en douceur, corroboré par de caressantes ondulations et des montées cristallines de la déesse, notamment sur les couplets, qu'elle contribue ainsi à magnifier, mais aussi sur les refrains. Survient alors un break, happé par une explosion orchestrale, une rythmique en mid-tempo et des riffs arrondis. Soulignons que les arrangements sont de bonne facture. Ainsi, la progressivité du rythme touche du doigt une violoneuse ambiance et des samples d'orchestration symphonique, donnant précisément de l'ampleur à la gestuelle vocale de la diva. On est à la frontière entre le classique et le metal. Dans cette mouvance, on retiendra « Fortress », initialisé par de douces nappes synthétiques, déployant des harmonies nuancées, le long d'une progressivité rythmique étreinte par des riffs écorchés. C'est alors qu'un serpent synthétique se meut dans ce dédale instrumental. Par ailleurs, des refrains agréables sont octroyés au son d'une voix finement colorée. Dommage, cependant, que la fin soit aussi prompte.
Au fil d'une rythmique à la fois plombante et entraînante, « Silver Tree » est encore dans cette lignée. Avec des sonorités un poil techno, des riffs accrocheurs, il nous livre des refrains souriants mis en exergue par un corps vocal haut perché. Enfin, une lead guitare incisive nous mène à un break, surmonté d'une confondante reprise vocale déployée sur le refrain. Même ambiance rythmique sur le puissant « Sun, Moon and Stars », aux riffs acérés. Les couplets s'avèrent invitants et les refrains immersifs, distillés par les aériennes séries de notes modulées par la déesse. En outre, une orchestration massive déambule tout le long, accompagnée d'une lead guitare en faction. Exercice une fois de plus réussi. Au final, nos sens sont bien souvent sollicités et nos âmes capturées sur ces espaces mélodiques incitatifs à l'adhésion.

Les instants de douceur n'ont pas manqué non plus dans ce programme. A commencer par « Hide and Seek », d'obédience romantique. Difficile de passer outre le timbre angélique et les fondantes ondulations vocales embellissant des couplets finement ciselés et des refrains ouatés à l'atmosphère sensible. Quelques savoureux arpèges au piano apparaissent ainsi qu'une profondeur de champ acoustique progressif. Impossible, là encore, d'échapper à l'emprise des célestes impulsions vocales de la diva, sur un titre mêlant sobriété rythmique et richesse des harmonies. Au piano de conclure sereinement l'instant fragile. Emotions au rendez-vous également sur « Sarah's Theme », où on arpente des arpèges délicats au piano et des nappes synthétiques feutrées. La belle fait évoluer son sensible vibrato, et ce, sans rythme, ni paroles. Juste quelques gouttes vocales sont disséminées pour câliner nos pavillons.

Quant aux duos, ils tiennent une place particulièrement importante dans l'album. Le plus véloce est « Evil Roots » avec Inga Scharf (Van Canto), où la rythmique mitraille de ses impacts percussifs et les riffs lacèrent. Le partage de l'espace vocal s'avère judicieux entre deux émérites cantatrices. Inga, par effets de contraste, use de puissance dans les médiums pour contrebalancer les envolées lyriques d'Heidi. Couplets bien customisés et refrains enivrants finissent par toucher leur cible, celle de nos émotions, pour s'achever en apothéose. Autre moment intense, s'il en est, à la lumière de « Memories Fall », avec Manuela Kraller (ex-Xandria). Nous avons là un duel au sommet entre deux divas qui se cherchent, se confrontent, s'attirent, se repoussent, par effets de miroir. Autant dire qu'on est littéralement happé par un duo impitoyablement chavirant pour nos émotions. Les deux déesses sont à l'unisson, sur un titre plein d'allégresse, où se déversent en un flot continu de magnétiques ondulations de chacune. Aussi, on observe que Sarah évolue sur un octave plus haut que sa consoeur, plus à l'aise dans les profondeurs abyssales de son chatoyant organe. Une puissante et progressive machine orchestrale se met alors en branle, pour flirter et convoler avec le duo de choc. Précisons qu'une version orchestrale est aussi proposée, au son enjoué de violons, cuivres, sans rythmique, conférant ainsi davantage de relief au champ acoustique que la version originale, cette dernière usant de samples, le tout étant plaqué sur la même mouture vocale. Enfin, troisième duo, avec un chanteur, cette fois, sur une ballade progressive, à l'aune de « Light in You ». C'est à Tony Kakko (Sonata Arctica) de partager le micro avec Heidi. D'infiltrantes et délicates embrasures orales évoluent de concert pour un voyage aux confins de l'espace onirique, pour finir crescendo. Ainsi, les mots bleus tiennent toutes leurs promesses sur cette plage.

Cependant, quelques pistes m'ont semblé un peu en-dessous du lot, mais sans réelle déception pour autant. C'est le cas de « Violent Roses ». Morceau introduit par des perles de pluie, les harmonies s'avèrent inattendues, complexes, voire un peu déroutantes. La voix de la belle se promène librement, parle parfois, avec la présence de choeurs, sans que l'on parvienne toutefois à accrocher aussi bien que sur les morceaux sus-cités. Pour l'outro « A Grim Christmas Story », on assiste à un titre classique, quasi théâtral, à la façon d'Amberian Dawn sur « Circus Black ». La voix rayonnante et virevoltante peut ici surprendre, par les frasques proches de la caricature qu'elle imprime aux couplets. Mais, le titre reste tout de même relativement mélodieux, finissant sur une joyeuse note lyrique.

On ressort de l'écoute de cet opus enchanté par la maestria de la diva autant que par les duos concoctés par la compositrice. Les parties instrumentales ne sont pas en reste, nous octroyant de belles plages techniques, au fil de lignes mélodiques rigoureusement ajustées et captatrices de nos émotions. Aussi, la théâtralité de l'ensemble est remarquable et peut éveiller en nous d'authentiques plaisirs. La qualité du mixage aidant, on perçoit clairement chaque élément de l'espace auditif et très peu de sonorités parasites émaillent cette œuvre à la belle inspiration. Peut-être quelques petits défauts de production peuvent apparaître au fil des passages en boucle, mais rien de manifeste qui n'entraverait le plaisir d'une écoute prolongée.

On conseillera cet album aux amateurs de metal symphonique à chant féminin, dans l'esprit d'Epica, Xandria, Imperia, Delain, et bien sûr, Amberian Dawn. Bien d'autres auditeurs, orientés metal ou rock gothique et mélodique, pourront également s'y retrouver, l'accessibilité des mélodies et la fluidité des accords aidant. Pas de souci concernant l'immédiateté de l'impact auditif de la sculpturale galette, donc. Bien entendu, les fans d'Heidi seront comblés par tant de générosité et de brio, pour une artiste qui n'a de cesse de faire évoluer ses inégalables inflexions vocales.

Le pari semble donc gagné pour le combo de rallier un nombre grandissant de fans à sa cause. Les choix de duos et des invités n'y seraient pas étrangers, ou encore l'épaisseur artistique du projet, ayant pour corollaire une parfaite mise en oeuvre du corps vocal global. Armé d'une telle profusion de séries de notes, toutes plus invitantes les unes que les autres, le projet devrait pouvoir s'installer dans la durée et rejoindre les cd-thèques de tout audiophile averti de ce registre metal. Du grandiose, voire de la démesure, de l'intensité, de la finesse, cet album n'en manque pas. Preuve que la concurrence n'a pas effrayé la déesse. Au contraire, elle a stimulé en elle son appétit de créativité et alimenté le désir de la dépasser. Ce qui, au vu de cette pièce d'orfèvre, semble lui avoir réussi !

10 Commentaires

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eclectic - 10 Mai 2015: L'extrait proposé est une tuerie, l'alliance des deux voix est impressionnante. La chronique est complète et fouillée, merci bien éric.
MetalAngel - 12 Mai 2015: Très belle chronique pour un album magique.
Angel_Ice - 12 Mai 2015: Très belle chronique aux textes précis et détaillés. N'étant pas très fan de Metal Symphonique cela s'avère être une grande découverte pour moi.
Merci au chroniqueur !
ericb4 - 12 Mai 2015: Merci à tous. Cet album sonne comme une révélation. Quelque chose me dit qu'on l'écoutera encore longtemps...
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