Amis du jour, bonjour !
Rotten Sound est de retour !
Après cinq années de silence discographique (hormis le Ep «
Species at War » en 2013) et afin de donner une suite au plutôt bon «
Cursed », malgré les réticences de certains, les Finlandais ouvrent à nouveau la boîte à gifles, en publiant «
Abuse to Suffer », en collaboration avec Season Of
Mist et, avec un line-up inchangé. Pour les néophytes,
Rotten Sound officie dans un grindcore musclé et virulent, alliant avec intelligence, furie et lourdeur, le tout, avec une identité sonore remarquable, puisque immédiatement identifiable. Donc, si tes oreilles sont plutôt chastes, passe d’ores et déjà ton chemin.
Grésillements, bruit de mouche (verte, forcément), crépitements et larsen accueillent l’auditeur, avant que la déflagration sonore ne débute. «
Lazy Asses » est la première attaque frontale, et, ce morceau en sera suivi de quinze autres, blasts frénétiques, en alternance avec des rythmiques alambiquées, gros riffing, son estampillé «
Rotten Sound », la recette du quatuor ne souffre d’aucun manquement. Malgré les allégations évoquées dans les annonces promotionnelles qui annonçaient que le groupe avait incorporé quelques nouveautés (toutes proportions gardées), force est de constater que
Rotten Sound n’a pas retourné sa veste.
«
Abuse to Suffer » est une bastonnade, une rixe, une expédition punitive car
Rotten Sound frappe très fort, assénant des coups qui laisseront des traces indélébiles, les blasts furieux et hystériques (« Intellect », «
Crooked », «
Slaves To The
Rats » ou «
Machine » et «
Retaliation », pour ne citer que ces morceaux) ne laisseront aucun survivant. Toutes celles et ceux qui connaissent la formation savent qu’un disque de
Rotten Sound n’est pas qu’un blast permanent car le combo sait ralentir la cadence, à bon escient d’ailleurs, et rend son propos lourd, pachydermique, lorgnant directement vers un « sludge/doom » des plus poisseux comme sur « Yellow
Pain » qui peut rappeler le dernier Ep d’
Agoraphobic Nosebleed, ou encore sur le début de « Time For The Fix » ou le final malsain de « Extorsion
And Blackmail ». Cette lourdeur met en exergue la violence et la virulence des tempos rapides et vice-versa.
Il est vrai que, jusqu’à présent, mon récit n’évoque aucun élément évolutif et pourtant ils existent, à commencer par le son. En effet, même si le grain des guitares est toujours présent, l’effort majeur a été consenti pour la batterie qui était trop « claquante » sur «
Species at War ». Ici, les sonorités sont monolithiques et donnent l’impression que Sami Latva aurait troqué ses baguettes habituelles pour deux bonnes grosses enclumes. La basse est également plus mise en avant (une écoute au casque sera plus significative) et, est plus audible, elle amène plus de rondeur, de gras à l’ensemble et appuie l’atmosphère moite et boueuse qui se dégage de la globalité de «
Abuse to Suffer ». Aussi, l’organe vocal de Keijo Niinimaa se fait plus menaçant et plus grave qu’à l’accoutumée, ajoutant encore plus à la brutalité du disque. Il faut aussi ajouter à cela que le format court des titres (16 compositions pour 28 minutes) ne laisse aucune place à la lassitude. Pour finir,
Rotten Sound réussit l’exercice difficile de rendre son propos digeste et l’album s’écoute d’une traite sans grande difficulté.
Les musiciens de
Rotten Sound sont tous au diapason et délivrent une prestation impressionnante avec Mika Aalto qui, à lui seul, fait office de centrale nucléaire, ses nombreux riffs assènent autant d’ogives qui feront de nombreuses victimes et qui verront leurs nuques brisées pour cause de headbanging trop intensif. Mais que dire de celle de Sami Latva qui est tout simplement inhumaine, alternant blasts frénétiques, rythmiques thrash/death et cadence éléphantesque, sans aucune faiblesse, donnant l’impression que le bougre est cloné avec une pieuvre.
Les esprits chagrins diront que les Finlandais n’ont pas inventé le fil à couper le beurre et que, finalement, ils ne prennent aucun risque avec cet album, servant fidèlement la recette qui fait leur succès. Mais le peu d’évolution proposé par le groupe suffit à éviter une redite malvenue et donne une certaine fraîcheur aux compositions que renferment «
Abuse to Suffer ».
« Inhumane Treatment » est le titre qui pourrait résumer ce que ressent l’auditeur, à l’écoute de «
Abuse to Suffer » : une véritable rossée ! Même si
Rotten Sound évolue très peu, «
Abuse to Suffer » se pose comme l’un des meilleurs albums du groupe (si ce n’est le meilleur) et sera très certainement le disque grindcore de l’année car il ne sera pas chose aisée de pouvoir surpasser un tel brulot.
BRUTALEMENT JOUISSIF !!!
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