A Wonderful Life

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16/20
Nom du groupe Mushroomhead
Nom de l'album A Wonderful Life
Type Album
Date de parution 19 Juin 2020
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album20

Tracklist

1.
 A Requiem for Tomorrow
 04:43
2.
 Madness Within
 03:39
3.
 Seen it All
 03:57
4.
 The Heresy
 04:00
5.
 What a Shame
 04:20
6.
 Pulse
 04:29
7.
 Carry On
 03:16
8.
 The Time Has Come
 04:42
9.
 11th Hour
 05:09
10.
 I Am the One
 03:53
11.
 The Flood
 04:25
12.
 Where the End Begins
 07:18
13.
 Confutatis
 04:15
14.
 To the Front
 02:42
15.
 Sound of Destruction
 04:28
16.
 Another Ghost
 03:43
17.
 Lacrimosa
 02:05

Durée totale : 01:11:04

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Mushroomhead


Chronique @ JeanEdernDesecrator

16 Août 2020

Une collection d'instantanés borderline comme on les aime

Mon père, je dois confesser que "XX" est un de mes albums favoris. Là où certains auraient choisi pour sacrilège un Marilyn Manson, ou un Rammstein (ou Ghost, ou Crade Of Fitlth,...), j'ai trouvé chez eux ce mélange de gros riff simple et addictif paré de décadence flamboyante qui peut servir de bande sonore à une nuit de débauche XXL. Bien sûr, c'est l'aspect visuel qui frappe le visiteur du manoir Mushroomhead, avec sa galerie de portraits masqués, un univers cauchemardesque aux références cinématographiques ( David Lynch, l'univers Star Wars, Mad Max,...), brossé dans des vidéos tournées en mode blockbuster déjanté.
Et en ce qui me concerne, c'était un One Shot, comme on dit dans les agences de pub ou les réunions marketing du mardi matin. Amoureux éperdu de cet album, j'espérais retrouver le shoot que procure un coup de poker gagnant, et leurs albums suivants, achetés dès leur sortie rubis sur l'ongle, ne m'avaient procuré qu'un lointain succédané, et rien de plus. C'est si décevant, pour un fan amer tel une femme trompée. Du coup, j'ai fait l'impasse sur leur dernier album sorti en 2014 , "The Butterfly and the Righteous" , persuadé que Mushroomhead avait été, et qu'il n'en subsistait plus qu'un casper masqué qui ne faisait plus peur à grand monde.

Comment résumer la carrière de ce groupe de Cleveland (Ohio), qui arbore ses masques non chirurgicaux sur les scènes depuis 1993 ? Trois albums auto-produits, "Mushroomhead" (1995), "Superbuick" (1996), et "M3" (1999) où le groupe a développé une musique Frankenstein greffant gothique, indus, et diverses expérimentations électroniques sur une base neo metal. Autre particularité, deux chanteurs diamétralement opposés se partagent le chant : le Marilynsonnien Jeffrey "Nothing" Hatrix, et le growleur Jason popson, alias "J Mann".
"XX", l'album de la révélation en 2001 pour Mushroomhead, était en fait une compilation de la gelée royale de ces trois premiers albums, et leur a valu d'être signé sur une major, à savoir Universal Records, qui s'est empressée de ressortir le bijou remasterisé en attendant que le groupe enregistre un nouvel album. L'opus "XIII" , en 2003, confirmera tout le potentiel entrevu, mais le groupe restera éclipsé par vous savez qui. Les Slips Masqués. Je ne m'étendrai pas sur les chamailleries de cour de maternelle entre les fans ultras des deux combos, mais Mushroomhead était arrivé le premier, nananère.
Mushroomhead, avec ses riffs à deux balles, sa ménagerie de psychopathes de série B, ses masques de carnaval de film d'horreur, pourrait être vu comme un erzatz de Slipknot, mais leur musique est bien plus expérimentale et moins calibrée. Et c'est un sacré putain de groupe, autant sur album qu'en live semble-t-il, et ils gardent une place bien à part dans le grand cirque du Metal.

Le combo de Cleveland n'a pas été épargné par les changements de line up au long de ces 27 années. Leur charismatique frontman, J Mann, quitta notamment le groupe en 2004, remplacé poste pour poste par Waylon Reavis, et JJ Righteous, leur guitariste des premières années, est décédé mystérieusement à 41 ans en 2010. L'album "Savior Sorrow" en 2006, a marqué un trou d'air créatif et divisé les fans, et le combo a un peu redressé la barre sur le LP suivant "Beautiful Stories for Ugly Children" en 2010.

Depuis "The Righteous and the Butterfly", il y a 6 ans, le combo a connu son lot de changements. Nouveau label, avec le passage de Mogarforce à Napalm Records. Le retour inespéré de J Mann à la boîte à growl, mais par la suite le départ de l'emblématique chanteur Jeffrey "Nothing" Hatrix. Il leur a fallu intégrer une énième fois de nouveaux musiciens, Steve Rauckhorst qui remplace au chant clair Jeffrey Hatrix, ainsi qu'un nouveau guitariste, Tommy "Tankxs" Shaffner. Tous deux font déjà partie du groupe Pitch Black Forecast avec un certain Gene Hoglan, et étaient de longue date dans l'entourage des Shrooms. La plus grosse surprise du casting est l'arrivée tout récemment d'une chanteuse, Jackie Laponza, présente depuis plusieurs années sur leurs tournées, qui s'est incorporée naturellement en tant que membre a part entière.

Alors qu'il était encore sur les routes en tournée de rodage en Europe, tout ce beau monde a commencé à composer le nouvel album fin 2018, partout où c'était possible. Dans le tourbus, ou en prenant quelques heures de studio près du lieu d'un concert. Par exemple, leur passage à Londres a été mis à profit pour caler les prises chant de Jackie Laponza sur "The Heresy" ... au mythique Abbey Road Studios. Comme d'habitude, le batteur "Skinny" Felton a produit et enregistré l'album. Membre fondateur, c'est aussi le cerveau de l'hydre Mushroomhead, garant de son âme exploratrice.
La production, que dis-je, la mise en ondes comme on dit sur France Culture, est ample et ambitieuse, et participe à agglomerer ces compositions pour le moins disparates. Mark Wallace (Faith No More, ...), producteur de longue date des champis choupis (sur le LP "XIII", notamment), s'est attelé au mixage, et les a encore largement aidés sur cette galette. Le mastering de l'album a été tout juste terminé au début de la pandémie de Machinvirus, et le groupe a du ruser pour faire les vidéos de promotion de "Seen It All" et "The Heresy" : à distance.

Les metalleux du Mardi Gras n'ont pas fait dans le service minimum et la radinade, puisque cette nouvelle livraison compte pas moins de 13 pièces gourmandes, plus quatre bonus (oui, quatre), si vous avez encore faim, ce qui nous fait 17 morceaux pour plus de 70 minutes de musique.
Une des premières questions qu'un fan du groupe pouvait se poser était de savoir si le nouveau venu Mr Rauckhorst allait pallier le départ du vocaliste Jeffrey Hattrix. Il relève le challenge, sans chercher à singer le timbre reconnaissable entre mille de son prédécesseur, et se trouve être un peu plus proche d'un Mike Patton. L'influence de Faith No More, revendiquée depuis les débuts, est donc encore plus présente ici ("Madness Within", "Pulse", "The Time Has Come", "The Flood",...). Il prend sa place dans le duo de voix avec J Mann, pervers névropathe et growler psychopathe. Duo qui est devenu trio avec l'arrivée de Jackie Laponza ; tous collaborent massivement tant dans l'écriture de leurs lyrics que dans le partage des taches vocales. Jackie Laponza chante sur cinq morceaux, dont "The Heresy" où elle prend le lead, ou d'autres titres où elle fait de chouettes harmonies avec Steeve Rauckhorst ("Where the End Begins").

On retrouve les gros riffs tellement évidents et taillés pour le live qu'ils évitent d'être éculés ("A Requiem for Tomorrow", "Madness Within",...), les montées et descentes chromatiques (un demi ton d'écart, celui du malin, ou triton pour les intimes), le piano de maison hantée qui chevrotte ses notes malsaines, les ambiances froides distillés par des synthés dérangés et des samples indus ("Pulse", le bonus track instrumental très réussi "To The Front",...).
Cependant, des partis pris mélodiques osés pourront décontenancer certains. Plusieurs titres sont ouvertement catchy, d'autres diront commerciaux. C'est le cas avec bonheur sur "The Heresy", un des titres phares de l'album, qui a une bonne gueule de hit en puissance, ou sur "Seen It All" et "The Flood", qui sont autant d'hymnes headbanguants à chanter sous la douche. Ou encore "Where The End Begins" qui commence comme une ballade en duo, et finit comme un drame cinématographique emprunt d'une tension digne d'un Tarantino. Mais ça pédale aussi parfois dans la guimauve, avec ce "Carry On" rappé sauce Emo, qui ferait rougir de honte un Kyo.

Il y a aussi une ambiance gothique liturgique qui sert de fil rouge à l'album. Il faut dire qu'un chœur avait été embauché pour "A Requiem for Tomorrow", et le concept a donné des idées à Dr F pour composer deux réquiems sur fond de craquements de vinyle (le disque, pas la cagoule SM, petit polisson), "Confutatis" et "Lacrimosa", qui se retrouvent dans le dernier quart de l'opus. Cependant, la transition est parfois abrupte avec un univers complètement différent, comme sur le titre d'ouverture, et on pourra regretter que cette ambiance gothique qui va si bien à Mushroomhead n'ait pas été plus approfondie. Sa soif d'exploration fait que le groupe se disperse parfois malgré de bonnes idées de départ (le refrain délicat surprenant de "I am the One" est intriguant, mais beaucoup de plans moyens gâchent la chanson).

Au final, si Mushroomhead propose un allant et un sens de la putasserie jouissive qu'on ne lui avait pas vu depuis longtemps, sur une demi-douzaine de titres excellents, on peut être un peu exigeant avec eux quand on connait les joyaux qu'ils ont pu faire par le passé. Certains titres un peu faibles font baisser la moyenne, comme ce "The 11th Hour" qui rate son trip Docteur Jeckyll/ Mr Hyde, ou un "Sound Of Destruction" carton mais assez monocorde et plat.

Heureusement, il reste quelques titres qui fleurent bon la décadence grandiloquente de "XX", comme "What A Shame", "The Time Has Come", et de nombreux passages dans la plupart des compositions qui donnent quelques regrets. On sent que sur cette fournée, Mushroomhead était sur un bon filon d'inspiration, qui aurait pu transformer ce très bon album en classique, si une cohérence générale et un focus avaient été donnés à l'album.
Comme le montre sa pochette, ce disque est plus une collection d'instantanés d'un processus créatif intense et un peu décousu, ambitieux, un peu imparfait. Attachant comme une photo de famille, borderline comme on les aime.

7 Commentaires

7 J'aime

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David_Bordg - 16 Août 2020:

Oui certainement. Effectivement je l'ai écouté en boucle et chroniqué, il est très varié, et certains morceaux sont juste extraordinaires. Je te rejoins, tout avis est précieux. J'ai regardé les notes, comment peut-on mettre un 1/20 à un tel disque, là je comprends pas?

JeanEdernDesecrator - 16 Août 2020:

David Bordg : Pour les notes, 1/20 c'est une note de troll, ça compte pas (même si ça fait baisser artificiellement la moyenne, malheureusement), rires !

Sinon, j'ai été lire ta chronique, elle est très complémentaire de la mienne, et on a fait quelques remarques similaires, c'est marrant !

Theoldmansaid666 - 17 Août 2020:

Pleinement d'accord avec David ! Encore un super album !

David_Bordg - 18 Août 2020:

Cool. Tu es très rapide et réceptif, tu m'as trouvé vite. Oui, un bijou THEO.

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