Lorsque le dernier effort des Norvégiens de
TNT,
Atlantis, se tut, il nous laissa devant le spectacle désolant de ces terres ravagées. Sans aucune lueur d’espoir quant au devenir artistique du groupe, il fut le bras désarmé d’une bataille où le triomphe lui était, indiscutablement, inaccessible. Bien trop inoffensif pour remporter cette victoire, le Heavy Rock mélodique d’autrefois de ces Norvégiens muée désormais en une sorte de
Hard/Pop quelconque, ne put, en effet, conquérir ces contrées. Sans aucunes de ces aspérités si nécessaires à notre plaisir, l’album offrait de surcroît quelques expérimentations douloureusement hasardeuses dont le seul souvenir reste affreusement pénible (Hello Hello, Peter Seller’s Blues ou encore, par exemple, Tango
Girl). Ses manquements furent nombreux. Tant d'ailleurs qu’il condamna Ronni Le Tekro et les siens à s’enfoncer plus profondément encore dans l’anonymat. Tant qu'il obligea
A Farewell to Arms, nouveau manifeste du groupe, à sortir dans une indifférence quasi générale.
Ce constat sur le désintéressement que suscite une nouvelle œuvre de
TNT est d’autant plus regrettable que dès les premières mesures d’un enthousiasmant
Engine, l’étonnement nous envahis. Revenu à une musique nettement plus âpre, ce premier titre s’alourdit d’une atmosphère accablante peu habituelle à ce groupe. Si le résultat ne parvient pas totalement à nous convaincre, la démarche est attirante.
Passé les méandres de ce premier morceau, esquisse maladroite étrange mais pas désagréable, le groupe revient en ces terres connues qu’il affectionne tant. Ainsi il s’évertue à nous proposer une musique Heavy Rock mélodique dans laquelle il n’oublie pas, bien heureusement, d’être suffisamment agressif pour ne pas sombrer dans les écueils dramatiquement mièvres de sa précédente offrande. Musicalement il nous propose même les délices de quelques riffs particulièrement lourds, particulièrement acérés ainsi que quelques soli particulièrement bien composés, nous démontrant ainsi toutes le talent de ses guitaristes. De plus là où récemment encore ses refrains poussifs peinaient à nous séduire, il en compose ici quelques-uns suffisamment réussis pour que ceux-ci s’inscrivent en nos mémoires conquises. Et même Tony Mills, dont votre humble serviteur fut le premier à dénoncer quelques-uns de ces défauts vocaux les plus ennuyeux, est ici irréprochable. De telle sorte que cet œuvre nous offre divers moments très appréciables (
Refugee, Ship In The
Night, Take It Like A Man - Woman!, ou encore, par exemple
A Farewell to Arms).
Pourtant l’équilibre est précaire.
Et l’union de l’aspect mélodique et de celui plus Heavy d’une musique plus rugueuse n’est pas nécessairement un mariage heureux. Ainsi il s’en faut parfois de peu pour qu’une construction aux apparences harmonieuses ne menace de s’écrouler, et qu’un morceau, au gré d’un refrain douceâtres un peu plus naïf, ne sombre à nouveau dans les affres de ces tourments Pop insipide, ou trop mélodique, d’autrefois (Don’t Misunderstand Me, Someone Else). Passons donc outre les douceurs mélodieuses d’un
God Natt, Marie qui, quant à lui, est une ballade et qui, donc, ne peut se départir, bien évidemment, de cette ambiance enjouée. Ces trois titres évoqués ici, sans pour autant être de nature suffisante à dénaturer la physionomie à l’évidence plus âpre de cette œuvre, demeurent néanmoins les moins concluants.
Avec ce
A Farewell to Arms, les Norvégiens de
TNT, en un sursaut salutaire, nous proposent une vision enthousiasmante de leur Heavy Rock mélodique enfin retrouvé. Et même si quelques défauts viennent encore émailler une œuvre cohérente, le résultat demeure encourageant et le plaisir indéniable. Pourquoi diable se priver ?
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