Si l’on observe de manière objective le paysage
Metal actuel, il est difficile de nier l’évidente désaffection dont est victime le
Hard-Rock. Il va sans dire que les explications en sont diverses et variées. Tout d’abords l’engouement croissant pour des musiques toujours plus radicales, plus rapides, plus violentes, plus torturés et moins enchantées avec l’essor du Death, du Thrash, du Grunge, du
Power et du Black ont contribué à cette faillite. Ensuite l’incapacité désastreuse de la plupart des groupes à renouveler leurs œuvres de manière cohérentes virent la disparition pure et simple de nombres d’entre eux. On peut situer la genèse de cette lente agonie à la sortie de Painkiller de
Judas Priest au début des années 1990. Cette album a assurément propulser le groupe avec une modernité redoutable, face à des jeunes loups ambitieux et innovateurs poussant de plus en plus fort les illustres anciens vers la sortie, en « réinventant » un Heavy-
Metal aux tendances Thrash, donnant un formidable coups d’accélération, vers une nouvelle décennie. Il donnait ainsi naissance à de nombreux groupes et à de nombreuses œuvre, mais ce soudain essor eut aussi la fâcheuse conséquence de creuser un fossé de plus en plus énorme entre ceux qui composaient en regardant vers l’avenir et ceux qui continuaient à puiser inlassablement dans le passé. Au milieu de ce tourbillon
TNT su garder à l’esprit son identité en sortant, en 1992, ce qui restera, à mon sens, son meilleur disque, je veux parler de
Realized Fantasies. Un album de
Hard-Rock Mélodique captivant, qui pourtant ne trouva pas réellement son public. Nos Norvégiens continuèrent d’égrener leurs parcours d’œuvres plus où moins attachantes, ou l’on sentait leur désarroi grandissant, et leur inspiration s’amenuisant petit à petit nous offrant des morceaux toujours moins mélodiques, toujours plus étranges, toujours plus complexes, là où la simplicité évidente d’un
Realized Fantasies était indéniablement le chemin à suivre.
Puis vint ce
Atlantis…
Exprimer quel fut ma profonde déception à son écoute à l’aide de mots simples directement inspirées par mon amertume, pourrait s’avérer quelques peu expéditif, et surement cruel. Pourtant il me parait absolument nécessaire de mettre le doigt sur cette désillusion, et d’être aussi explicite que possible.
La consternation est déjà à son comble après seulement deux titres. Un Hello, Hello au refrain ultra convenu développant une pop à l’anglaise si mièvre et si sucrée qu’elle pourrait prétendre figurer dans les charts au milieu de toutes ces productions creuses, vides de sentiments, dont il s’inspire très honteusement et surtout très mal. Et un Peter Seller’s Blues, hommage au comédien, qui démarre sur un jeu nuancé du batteur sur la charleston, rappelant, brièvement, le thème de la panthère rose, célèbre film des années 1970 dans lesquels l’acteur y incarnait le commissaire Clouseau. Si l’idée est plutôt originale, et apporte une certaine fraicheur, ces chorus empruntés à un
Def Leppard des pires moments, en fait, encore une fois, un morceau raté. D’ailleurs, il est intéressant de noter que sur la quasi-totalité des chansons présentes sur ce disque les refrains sont souvent d’abominables successions de mélodies insignifiantes, dans lesquelles on s’aperçoit très facilement de la difficulté de Tony Mills, dont on sait qu’il n’a guère brillé au sein de
Siam durant les années 1990, et guère plus au sein de
Shy dans les années
1980 et les années 2000, à leurs donner du relief. Sa voix manquant cruellement de corps, de puissance et de tenue, conjugué à ces ritournelles, conviendrait mieux à n’importe quel autre groupe pour autant qu’il fût de variété, ou à la rigueur de rock, mais jamais de
Hard-Rock. Au chapitre des titres complètement manqués, ajoutons Tango Girls, qui comme son nom l’indique, mélange de manière plutôt atroce des airs de cette danse espagnole, cubaine ou argentine, à des guitares saturées pour un résultat qui, s’il se contentait d’être uniquement déconcertant serait moyen, mais qui en l’occurrence s’avère exécrable. Soucieux de nous amener jusqu’au bout de ce voyage aux vues monstrueuses, le groupe continue à nous offrir des paysages grotesques et Me and Dad, ainsi que The
Taste of Honey sont deux autres panorama rose pâle, miel au caramel pop, d’une médiocrité assez prodigieuse. Avec Missing Kid et Love of My
Life,
TNT nous propose le summum affligeant de cette nouvelle direction musicale qu’il s’est décidé à prendre. Car il est bien évident que si le dernier album restait résolument Rock, voir
Hard-Rock, cet
Atlantis marque une différence bien trop marquée pour qu’elle ne soit que le fruit du hasard. On ne peut que déplorer ce fait navrant, car malgré le relatif manque d’intérêt que le groupe a suscité jusqu'à maintenant, il avait au moins l’intégrité de proposer un
Hard-Rock pas toujours des plus originales, pas toujours des plus accessibles, mais qui souvent suscitait au minimum une curiosité méritée. Seuls quelques moments viennent nous rappeler de manière bien trop fugaces qu’avant d’être confiseur,
TNT était un groupe de
Hard-Rock. Citons Had it
Lost it Found et Bottle of Wine.
Avec cet opus
TNT dresse l’aveu d’une impuissance croissante face à la détérioration et au désintérêt du public pour le style qu’affectionnait le groupe il y a peu de temps encore. Il est certain que face a des œuvres aussi pauvres, cette décadence ne peut être qu’inéluctable.
Encore merci pour ta chronique.
Merci aussi pour ton commentaire.
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