Racontons encore l’histoire du début de ces années 90 où tant de groupes traditionalistes se retrouvèrent désemparés face à l’émergence de nouvelles tendances plus agressives, mais aussi déconcertés par les nouvelles attentes d’un auditoire versatile aux exigences, désormais, toutes autres. Relatons encore comment certains furent totalement impuissant face à cette nouvelle donne et comment ils disparurent.
Ce préambule lapidaire nécessaire écrit, convenons enfin que l’aspect totalement incongrue que certains opus de certains de ces groupes conservateurs revêtirent alors, n’augure pas obligatoirement de qualités artistiques totalement absentes. Et que, bien évidemment, certains de ces albums, loin de ces nouveaux désirs d’adeptes capricieux fanatiques de mouvances virulentes, pouvaient s’enorgueillir de vertus qui demeurent intactes aujourd’hui encore. N’est-il pas temps, ami lecteur, de réhabiliter certaines de ces œuvres injustement ignorées ?
Les norvégiens de
TNT auront longtemps navigué sur les eaux troubles d’aspirations musicales diverses et changeantes. Débutant leurs pérégrinations sur les océans d’un Heavy
Metal mélodique (
TNT(1982) et
Knights of the New Thunder (1984)), ils finirent par aborder les mers impassibles d’un Heavy Rock US (Tale No Tales (1987)). Glissant doucement vers une musicalité de plus en plus prégnante qui aura démarré dès lors que le chanteur Tony Harnell dont la voix, certes, plus aigus que celle de son prédécesseur mais, surtout, plus mélodieuse aura saisi la barre du navire
TNT. Cette évolution finira même par trouver son apogée sur les flots bien trop apathiques et bien trop mièvres d’un bassin ennuyeux (
Intuition (1989)).
Ce résumé succinct de la discographie des Norvégiens ne laissait pas nécessairement présager d’une suite plus satisfaisante. Bien au contraire, cette constante progression vers des sonorités toujours plus douces et harmonieuses devait, obligatoirement, trouver sa suite logique dans un consternant
Realized Fantasies (1992) forcément fade. L’histoire semblait donc écrite d’avance.
Et pourtant dès les premières notes d’un Downhill Racer énergique, la fatalité, élaborée sur des aprioris ineptes, vole en éclat. Si le groupe aura, en effet, continué de s’attacher à composer des titres où la mélodie reste, évidemment, prépondérante; il aura su, aussi, redonner une certaine vigueur aux morceaux de cet album. En construisant un amalgame où l’osmose de son
Hard Rock s’unie sainement à une musicalité savoureuse, il nous offre ainsi ici son meilleur travail. Loin des refrains guillerets et caricaturaux de l’album
Intuition, mais aussi loin de ses rythmes poussifs,
TNT nous propose un opus simple et efficace. L’évidente aisance avec laquelle ces morceaux imposent une satisfaction convaincante, à nos esprits repus, est même jouissive (les excellents
Hard to Say Goodbye, Mother Warned Me, le très bon All You
Need, ou encore, par exemple, le plus ‘‘tourmenté’’ Purple
Mountain’s
Majesty).
Nulle escale de ce voyage ne peut assombrir nos émois, et même les divagations plus Pop Rock/Piano bar, d’une ritournelle telle qu'Easy Street ou celles d’une jolie ballade telle que
Lionheart n’y parviennent pas.
Il convient aussi de louer les mérites de ces musiciens talentueux. Comment, en effet, taire les aptitudes remarquables d’un exceptionnel chanteur tel que Tony Harnell dont les aigus puissant et maîtrisés nous ravissent (
Rain, ou encore, par exemple, All You
Need), d’un batteur tel que John Macaluso ou d’un guitariste injustement ignoré tels que Ronnie Le Tekro ? C’est un affront que votre humble serviteur ne se permettra pas.
Rarement croisière ne fut plus plaisante que celle proposée par ce
Realized Fantasies et dès l’accostage, à bon port, au son de ses dernières sirènes; seul nous étreins ce désir fou de repartir.
Je n'ai pas grand chose à ajouter. Je suis entièrement d'accord, ce disque est une référence...
C'est marrant moi non plus aucun autre disque du groupe ne m'a convaincu. Le Atlantis (avec Tony Mills au chant) est même une catastrophe. Le dernier (A farewell to Arms) est plutôt pas mal...
ah voilà bien longtemps que je n'ai pas pensé à cet album, les Hard to say goodbye, Purple mountain's majesty, et en particulier Easy street sont si efficaces que dès la deuxième écoute on arrive à marmonner le morceau
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