Je dois avouer que je ne connais pas très bien la carrière d'
Incubus précédant cet album. J'ai bien quelques chansons sur des CD samplers, leur clip bonus de la chanson Make A Move sur le DVD du film 'Furtif', mais ça s'arrête là. Le son des albums
Make Yourself et
Morning View me paraît assez banal et je n'ai jamais eu envie de m'y attarder. Pourquoi alors avoir acheté ce
A Crow Left of the Murder? Un simple coup de tête en vérité. J'avais quinze ans à l'époque et j'achetais ce que je voyais marqué sur les sacs des élèves de dernière année ou tagué sur les murs des toilettes (un peu de lecture ne fait jamais de mal cela dit). Ce qui fait la différence aujourd'hui c'est que mes albums de
Korn, Slipknot,
Limp Bizkit ramassent la poussière dans un coin alors qu'
Incubus, eux, trônent au milieu d'une fière tourelle de disques. Pourquoi ce traitement de faveur?
Tout d'abord car leur son sur
A Crow Left of the Murder a quelque chose de différent. Chaud et attractif, il sait également faire passer un bon lot d'émotions dont la mélancolie. On pourra parfois comparer l'utilisation des guitares à celle que peuvent en faire les
Red Hot Chili Peppers (Priceless, Zee Deveel), mais dans l'ensemble cela sonne très original. Ensuite, le disque est varié, et pas qu'un peu. Il y a du rock un tantinet barré, des morceaux mélodiques et lents (dont des ballades et un slow), du rock pur et simple, et même une chanson progressive (Sick
Sad Little World), le tout agrémenté de détails, mais le genre qui fait toute la différence.
Un autre point très fort, c'est qu'il n'y a pas de titre mauvais à proprement parler. On dénotera une baisse de régime sur Made For TV Movie, qui aurait dû s'appeler Made For Radio tant il est convenu et naïf. Du reste, je ne jetterai rien, car chaque morceau a sa place.
Megalomaniac ouvre le bal, et s’envole littéralement après une intro bruitiste d’un peu moins d’une minute. Brandon Boyd chante comme un dieu, le refrain est imparable. Du metal? Du rock? J’ai envie de dire qu’on s’en moque éperdument ici, c’est de la bonne musique point.
Titre éponyme de l’album,
A Crow Left of the Murder suit, dans la même veine : refrain accrocheur, tempo un peu plus soutenu, on ne pense vraiment pas à regarder sa montre. Même avec
Agoraphobia (une ballade avec tout de même un certain rythme), plus posé, plus doux, on ne peut décrocher grâce au caractère tubesque des morceaux. La mélancolie dont je vous ai parlé se fait encore plus touchante lors des couplets de Beware!
Criminal, une nouvelle fois chantée à la perfection par Brandon dont la voix parvient à faire frissonner, tout comme sur la magnifique Sick
Sad Little World : un riff fleurant bon les
Red Hot (mais tenant heureusement de l’inspiration et non du plagiat), un refrain entraînant, et un passage instrumental progressif ne privilégiant pas du tout la technique mais plutôt la mélodie planante, et ces soli frôlant parfois les airs jazzy, que d’inspiration chez les guitariste/bassiste !
Pistola, autre grand moment, donne nettement plus envie de se bouger en bousculant tout ce qui se trouve dans les parages, on aime à se croire sur scène lors du solo quelque peu déjanté, Brandon s’éclate derrière son micro, un bon rock, pas moins! Southern
Girl vous aidera à vous rasseoir et à vous concentrer à nouveau un peu, une très bonne ballade qui arrachera une larme aux plus sensibles, les autres pourront reprendre en chœur un refrain interprété à merveille par un chanteur décidément plus que respectable.
Croyez bien que la recette de Pistola n’est pas perdue, les titres Priceless et Zee Deveel explorant la même voie histoire de chasser toute forme d’ennui à grands coups de savate. Malgré un Made For TV Movie très dispensable, le niveau restera au plus haut lors du trio final. J’éviterai de m’étendre une nouvelle fois sur les qualités du chant lors du slow Here In My Room, préférant vous faire part du plaisir ressenti à l’écoute de Smile Lines (quel couplet!) et
Leech, clôturant l’album d’une manière plus mouvementée et entraînante.
La production est bien entendu digne d’un groupe de ce statut, sous la houlette d’un label ayant hébergé entre autres
Korn ou
Rage Against The Machine. Un grand disque, véritable pic d’inspiration pour le groupe qui retombera ensuite avec
Light Grenades dans un certain marasme, entre
Bon Jovi et les
Red Hot (et là on s’approche plus du plagiat!). Le rock ayant son mot à dire,
A Crow Left of the Murder en a fait un discours. Enjoy.
18/20
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