Je dois l’admettre, j’ai découvert le fabuleux
Falkenbach il y a seulement… deux semaines. Pour un metalhead qui secoue la tête depuis presque 15 ans maintenant, cela en deviendrait presque un pêché ! Mais bon, il ne s’agit pas ici de faire mon mea culpa, mais plutôt de parler de ce vagabond en quête de paganisme (la traduction grossière du nom du chanteur serait ‘le vagabond en quête de…’, ou ‘the searching wanderer’ selon Encyclopaedia Metallum).
Lorsque je suis tombé par hasard sur l’opus en question dans cette chronique, l’artwork est la première chose qui me frappa : des drakkars voguant au fil de l’eau dans une crique. Puis mon regard fut attiré par le logo du groupe. J’eus quelques difficultés à discerner de quoi il était réellement composé, mais je compris très vite qu’il y avait plus d’une référence à la mythologie et la culture nordiques, sujet dont je suis un amateur occasionnel. J’ai d’ailleurs décidé de vouer une bonne partie de cette chronique à ce logo bien pensé.
De retour chez moi, je passe la galette sur mon Mac et je me retrouve scotché à mon siège du début à la fin. Je fus à un tel point subjugué que je n’entendis pas mon épouse qui m’appelait pour le dîner. Résultat : une bonne claque sur l’arrière du crâne pour me ramener sur la terre ferme ! Mais laissons derrière nous cet épisode peu glorieux du mari battu et revenons aux choses sérieuses.
Dès le premier titre, les bons souvenirs de feu
Quorthon de
Bathory refont surface ! D’ailleurs, le troisième titre de l’album ‘Towards the hall of bronzen shields’ a un petit arrière-goût de ‘
Nordland’, une des prouesses musicales effectuées par cet autre grand nom du viking metal épique.
Le deuxième titre ‘Where blood will soon be shed’ ne laisse aucun doute sur le sujet traité. Nous nous retrouvons transportés sur un drakkar en route vers des contrées inconnues avec à son bord des Vikings prêts à faire couler le sang.
‘The heathening foray’, quatrième titre de l’album, nous conte l’histoire d’un cavalier tentant de rejoindre ses compagnons de combat. Son voyage commence sur le rivage d’un pays inconnu et après un parcours éreintant à travers des montagnes enneigées, notre héros rejoint les rangs des fiers soldats qui, attendant le signal final des Dieux, lanceront le raid païen.
Les plus valeureux d’entre eux seront choisis par les Valkyries, ces belles en armures, pour effectuer leur dernier voyage vers le
Valhalla (5ème titre de l’album), le paradis des braves morts au combat.
Vas, Ô preux cavalier !
Lance-toi dans la bataille, brandis ton épée couverte de runes flamboyantes
Laisse aller ta monture, laisse-la t’amener, à brides abattues,
Vers ton destin scellé par les Nornes mais qui t’est pour l’instant inconnu
Ne crains pas la mort, car les vierges en armures sauront récompenser ta bravoure
Non pas par de l’or, mais t’emmèneront au
Valhalla,
Où t’attend
Odin qui te préparera à l’ultime combat :
Le Ragnarök
Hâte-toi, soldat ! Car
Odin, le père de tout,
Voit et entend tout grâce à Hugin et Munin.
Le marteau viking est lancé contre les chrétiens,
Ces démons, menés par Carlus
Magnus,
Qui ont tenté de déraciner l’arbre sacré :
Yggdrasil, le porteur des neuf mondes.
Le titre final, sur lequel j’ai écrit ces dernières lignes, est instrumental. Même s’il est dépourvu de mots, il nous transporte par son atmosphère grandiose attisée par un clavier omniprésent, accompagné de guitares. La mélodie, bien que répétitive, est accrocheuse. Nous nous retrouvons en plein cœur de la mythologie nordique dans laquelle Baldur, le dieu de la lumière, fut envoyé dans le monde des morts, assassiné par
Loki, jaloux de lui. Baldur fut d’ailleurs comparé à Dieu par les chrétiens pendant leur campagne de conversion forcée des peuples du Nord.
Venons-en maintenant à ce fameux logo truffé de références à la mythologie et la culture nordiques. Le nom choisi par Vratyas est le premier coup de chapeau qui leur est rendu.
Falken, ou faucon en français, nous fait penser à l’animal situé entre les yeux de l’aigle, lui-même perché au sommet de l’
Arbre-Monde. Le mot ‘bach’, signifiant ruisseau, ne va pas sans nous rappeler les racines du porteur des neuf mondes, lesquelles sont liées à trois sources d’eau.
Maintenant si nous prenons le mot ‘bach’ avec la prononciation allemande, ne serait-ce pas là une tentative de la part de Vratyas de faire un petit clin d’œil à sa langue natale, l’islandais ? En effet, le mot islandais ‘barr’ sonne approximativement comme ‘bach’ en allemand et signifie ‘feuille’, si mes sources sont correctes.
Bach=barr phonétiquement parlant=référence aux feuilles d’
Yggdrasil mangées par quatre de ses habitants, les cerfs Dain,
Dvalin, Duneyr et Durathror. Cela tombe bien, notre artiste est un islandais vivant en Allemagne. Enfin, cette deuxième approche n’est que le fruit de l’activité de mes petites méninges et n’est, par conséquent, que basée sur des spéculations.
L’arbre situé au centre ne peut être qu’une image d’
Yggdrasil, l’icône centrale de la mythologie nordique. Si nous décomposons le nom du célèbre spécimen arboriforme, nous découvrons qu’il est également connu sous le pseudonyme de ‘Cheval d’
Odin’ (
Ygg=un des nombreux diminutifs du dieu
Odin et drasill=cheval). Et que ne voyons-nous pas aux côtés de l’arbre fétiche, deux splendides corbeaux. Des corbeaux, dites-vous ?
Odin, le Père de toute chose, n’avait-il pas deux bons amis à plumes prénommés Hugin et Munin ? Les deux volatiles étaient ses yeux et ses oreilles dans le
Midgard. H&M, doués de la parole, lui racontaient les petits potins quotidiens.
Passons au pied de l’arbre à présent. Les deux animaux le flanquant sont la première chose qui frappe le regard. Il ne peut s’agir que de Geri et Freki, les deux fidèles compagnons d’
Odin. Le serpent pris dans les racines est, pour ma part, une représentation du dragon Nidhögg en train de se faire les dents. Je crois avoir vu également quelque part que le mot Nidhögg (ou Nidhöggr, je ne sais plus trop) signifie serpent.
Sans oublier, bien entendu, la retranscription du nom du groupe en runes, ainsi que le marteau de
Thor pendant à gauche, énièmes références à la mythologie et la culture nordiques.
Il reste toutefois une énigme que je n’ai toujours pas résolue : que représentent les deux animaux sur la droite ? Il s’agit certainement de loups, comme Geri et Freki, mais ceux-ci sont déjà placés comme il se doit aux pieds d’
Odin (ou d’
Yggdrasil sur le logo). On a l’impression que l’animal du haut cherche à libérer son compagnon, pris au piège par la frise située au-dessus du nom du groupe. S’agit-il d’une référence à
Fenrir, le loup qui dévora
Odin tout cru?
Enfin, si quelqu’un a une idée, vous êtes le ou la bienvenu(e) pour nous en faire part.
Bon, ce pavé que je viens de pondre est plutôt imposant. Je pense que plus d’un lecteur risque d’être rassasié avant la fin et, pour les plus téméraires, j’ai bien peur qu’ils finissent avec une indigestion ! Je tenais simplement à me racheter aux yeux de ce talentueux Vratyas, qui ne verra, certes, jamais cette chronique. Mais comme le dit le proverbe : c’est l’intention qui compte.
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