Melechesh

MELECHESH Aaarrggh, Melechesh ! Ces 3 syllabes mystérieuses sitôt prononcées me font entrer en transe. Difficile de concilier une dévotion au métal old-school à une originalité orientale étourdissante, pourtant eux l’ont fait. Le quatrième et fabuleux nouvel album vient d’aterrir dans les bacs, sans conteste LE disque de l’année, l’entretien était inévitable. C’est le guitariste Moloch qui s’y est collé fin novembre 2006.

interview Melechesh>Salut les Melechesh ! Bon, entrons vite dans le vif du sujet : votre nouvel album est tout simplement ENOOOORME. Pas très différent du précédent, juste avec un son plus clair pour pouvoir apprécier toute la subtilité de votre art : cet album est fantastique ! Vraiment je le pense. 'Emissaries' a réussi à me foutre sur le cul alors qu’il n’apporte pas grand chose de neuf à votre univers. En êtes-vous satisfait avec le peu de recul que vous en avez aujourd’hui ?
C’est difficile de prendre du recul, mais oui on est très satisfait du résultat. Je pense que tu as raison en partie, cet album s’inscrit dans la lignée de ce qu’on a fait pour 'Sphynx', et contrairement à nos trois derniers albums qui se distinguent réellement l’un de l’autre, cette fois-ci on a cherché non pas à redéfinir notre style, mais le raffiner, en travaillant certains aspects, de nouvelles rythmiques, des styles de chants, etc. Mais il y a tout de même de nouveaux éléments et des surprises, ce qui sera toujours le cas de Melechesh.

>Vous êtes allés enregistrer 'Emissaries' en Alemagne je crois. Tu peux nous en dire plus ? Il semble que vous ayez rencontré quelques problèmes avec le mix initial, ce qui a retardé sa sortie. Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
On a enregistré 'Emissaries' au fameux Woodhouse studios, le processus d’enregistrement a pris en tout un mois, et tout s’était bien passé. Le processus d’enregistrement est toujours difficile psychologiquement, mais on a bien supporté, les pistes étaient bien enregistrées, on était content du sons... Ensuite il était prévu qu’on mixe l’album sur 10 jours avec Attie Bauw (Judas Priest, Halford, Scorpions, etc.) dans son studio à Amsterdam. C’est là que les choses se sont mal passées, ce producteur (qui a gagné un grammy) a fait un travail horrible, le mix était littéralement pourri. Ce n’était pas l’avis personnel du groupe et d’Osmose, car des ingénieurs de sons professionnels qui pouvaient avoir un avis plus 'objectif' ont confirmé notre avis. Donc il fallait régler ce problème, ensuite trouver d’autres solutions, et on a finalement opté de revenir à Denis Koehne qui est l’ingénieur de son à Woodhouse. Ashmedi et lui ont mixé l’album dans son studio privé, et le résultat est vraiment très bon.

>Concernant le remplacement de Procscriptor Mc Govern à la batterie par Xul, comment s’est décidé l’affaire ? C’est d’un commun accord que vous avez cherché un remplaçant. Ou c’est Proscriptor lui-même, avec le problème des distances et peut-être son agenda surchargé, qui a précipité la chose ?
C’était d’un commun accord, et la distance est la raison principale, même si on a fait la preuve avec nos deux derniers albums que c’était possible de montrer que Proscriptor est un membre intégrant du groupe. Mais cette fois-ci Ashmedi voulait travailler avec un batteur en composant, donc le choix s’est fait comme ça, et on a intégré Xul.

>Je crois d’ailleurs que vous connaissiez Xul déjà. Quand/où/comment l’aviez-vous rencontré ?
Xul a joué quelques concerts avec nous, on le connaissait au travers de son travail dans Liar of Golgotha et Thanatos qui sont situés sur Rotterdam.

>Le fait d’avoir un batteur géographiquement plus proche, ça semble avoir pas mal influencé le processus de composition puisque ce nouvel album sonne plus fluide encore.
C’est possible, jouer avec un vrai batteur c’est toujours plus agréable de programmer une machine, même si Ashmedi continue de composer avec une boite a rythme et continue à écrire les parties de batteries. Je pense surtout qu’on a évolué en tant que musiciens, en tant que compositeur et en tant que groupe.

#CCCCCC">>Bon, pour ceux qui découvriraient Melechesh, abordons stp l’histoire du groupe. A la base vous habitiez en Israël et vous avez émigré sur l’Europe. Certains d’entre-vous vivent aujourd’hui en Hollande, d’autres en France je crois. Il est évident que votre musique fleure bon l’Orient. Mais personnellement, vous sentez-vous toujours venir de là-bas ? Gardez-vous des contacts avec les amis, la famille, la culture ?
Oui notre histoire est assez atypique, et pour préciser les choses, on n’est pas israélien, je suis palestinien / assyrien, Ashmedi est arménien / assyrien, Al’Hazred est ukrainien, et Xul est hollandais. En 1998-1999 on a émigré en Europe, on a recruté Proscriptor notre ancien batteur est américain/ écossais et je viens tout juste de quitter la France pour les Etats-Unis. Mais évidemment qu’on se sent toujours de 'là-bas', en tout cas pour Ashmedi et moi, nos familles sont là-bas, on y revient souvent, et même si on n’y habite plus, Jérusalem reste une source d’inspiration pour le groupe, de même que toute la région.

>En grandissant en Israël, quels sont les groupes qui ont forgé votre identité, votre culture musicale ? J’ai toujours trouvé qu’il y avait un fort coté Mercyful Fate et Celtic Frost à vos compos ? Sur ce nouvel album, les plans heavy-metal à la Iron Maiden semblent même faire leur apparition (Double Helixed Sceptre).
Je n’arrive pas du tout à voir l’inspiration Iron Maiden, même si le heavy-metal est une grande inspiration pour notre musique. Par contre tu as parfaitement raison pour Mercyful Fate et Celtic Frost. Au début de Melechesh, l’idée était de faire du primitive black-metal avec des rythmiques orientales, et si il y avait bien un groupe qui nous a fait faire du black, c’est bien Bathory. Pour ce qui est des influences non-métal, c’est sûr que la musique moyen-orientale qui était partout présente a façonné une sensibilité à ce genre de rythmique, de feel et de groove, même si on a tous grandis avec du hard-rock et du métal.

>Concernant 'Emissaries', quelles sont pour vous les évolutions que vous avez tenté d’apporter au son Melechesh même si elles peuvent paraître mineures ? Les riffs sont franchement plus variés.
Je ne pense pas qu’elles soient mineures, c’est plutôt que les gens arrivent à reconnaître le son Melechesh. Je pense que les compos sont plus variées, l’ajout des chœurs, d’une reprise de Tea Party, de nouvelles rythmiques donnent une fraîcheur à l’album. Evidemment ça reste du Melechesh, et je ne pense pas que notre style soit épuisé, on aime bien prendre notre temps et toujours oser de nouvelles approches.

>J’ai lu qu’au niveau des textes, cet album était encore plus abouti. En quoi êtes-vous allé plus loin dans l’exploration des mythes mesopotamiens ?
Oui Ashmedi s’est vraiment investi pour les textes, dans la recherche des thématiques, et des soubassements philosophiques de certains mythes. L’idée est bien évidemment de ne pas réciter ce qui est déjà écrit, mais d’interpréter. Tout écrit prend son intérêt réel lorsqu’il est adapté, et lorsqu’il répond à certaines problématiques qui nous concerne en tant qu’être humain. Et la question qui revient souvent dans nos textes est celle des origines, du début de la civilisation.

>Je pense que vous devez avoir un avis sur le conflit qui a embrasé cet été le sud Liban.
Oui, on a des avis en tant qu’individus sur la politique coloniale d’Israël. En tant que groupe, on n’a pas de position politique à communiquer.

>L’instrumental 'The Scribes Of Kur' est tout simplement fantastique. Etiez-vous dans un état d’esprit particulier lorsque vous l’avez écrit ? Pourquoi donc ce morceau
interview Melechesh est entièrement bati sur une instrumentation traditionnelle ?
Merci. Je pense que ça donne une dimension de plus à l’album, il est important pour nous de nous exprimer avec d’autres instruments, et on aimerait bien enregistrer un jour tout un album sur ce genre de modèle. Je joue le buzuk (luth à manche long joué au proche-orient), Ashmedi joue certaines percussions (derbakkeh, daf, riqq), et on a invité un joueur de subrahar (sitar basse) et de ney (flûte à roseau). Ce genre de morceau se veut être hypnotisant, écrit pour des raisons méditatives, et il reflète bien l’état d’esprit dans lequel il a été écrit.

>Fin septembre, vous êtes allés jouer à Toronto avec les mythiques Sacrifice qui se reformaient pour l’occasion, les glorieux Usurper et les espoirs du coin Rammer. Satisfaits de cette date en terre canadienne ? Comment s’est comporté le public à votre égard ? Melechesh est-il connu en Amérique du Nord ?
Même si on ne joue pas souvent, c’est la deuxième fois qu’on joue a Toronto, et le public a très bien réagi. On aime beaucoup cette ville, le pays, et le public, et on est très satisfait de cette date.. C’était un honneur de jouer avec les mythiques Sacrifice, Usurper n’a pas pu venir et Rammer comme tu le dis est un très bon groupe.

>Vous êtes réputés pour ne pas trop faire de concerts. Est-ce que c’est une particularité choisie, ou la force des choses qui vous contraint à restreindre les apparitions de Melechesh sur scène ? Je suis sûr que les atmosphères que vous déployez doivent être gigantesque en live. Des projets à ce niveau-là pour les prochains mois ?
Je ne pense pas que c’est une particularité choisie, mais malheureusement les choses se sont faites ainsi. Il est vrai qu’on préfère tous composer des morceaux et travailler en studio, mais on été tous surpris de la manière dont notre musique passait parfaitement en live, et je dois admettre c’est un véritable plaisir d’être sur scène. En tout cas pour 'Emissaries' on compte bel et bien apparaître plus souvent sur scène, là on va jouer certain festivals en Europe, il est possible qu’on fasse une tournée américaine, et on envisage sérieusement l’idée d’une tournée européenne. Tous cela était prévu pour 'Sphynx' mais les choses ont mal tournées, ça ne dépendait pas de nous. Cette fois-ci on ferra de notre mieux pour que les choses se fassent.

>Un des sujets qui enflamme l’opinion publique en France en ce moment, c’est l’affaire du prof de philo toulousain qui, suite à des écrits dans la presse où il critiquait l’islam, s’est vu menacer de mort par des barbus intégristes. Tu penses quoi de cette histoire ?
Qu’il y a des gens qui en proclamant connaître 'la vérité' et la 'vraie foi' ne sont pas si sûrs d’eux-mêmes. Il faut bien manquer de confiance en soi pour se sentir menacé par un simple article de presse. Mais bon, il y a des cons partout, il n’y a rien de nouveau à cela.

>Au fait, Melechesh ça signifie quoi ?
Ç'est Qu’il y a des gens qui en proclamant connaître 'la vérité' et la 'vraie foi' ne sont pas si sûrs d’eux-mêmes. Il faut bien manquer de confiance en soi pour se sentir menacé par un simple article de presse. Mais bon, il y a des cons partout, il n’y a rien de nouveau à cela. a vient de l’hebreu 'melech' qui veut dire 'roi', 'esh' veut dire 'feu'. Il y a beaucoup de noms dans les sciences occultes qui viennent de l’hébreu, alors à l’époque on avait décidé de fabriquer un nom sur .

>Ok, je te laisse les mots de la fin. Encore merci à tout Melechesh pour ce génial nouvel album !
Merci pour l’entretien, et j’espère qu’on aura l’occasion de se voir en tournée bientôt. Ia Tiamat !

interview réalisée par dj-in-extremis

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