Arcana 13

Arcana 13, vous ne connaissez probablement pas encore et c'est bien normal. Jeune groupe fraîchement signé chez Aural Music et composé de musiciens expérimentés de la scène italienne, le quatuor de Ravenne affiche un concept original, mêlant doom et films d'horreur dans un art unique qu'il compte bien étendre aux quatre coins de l'Europe.

Vous vous êtes déjà demandés à quoi aurait pu ressembler un film de Lucio Fulci avec une bande originale signée Black Sabbath ? Alors suivez Simone, chanteur et guitariste de la formation, qui va vous guider dans ce musée des horreurs et vous révéler quelques unes des sombres arcanes qui hantent la formation italienne...

interview Arcana 131. Bonjour ! Avant toutes choses, pouvez-vous nous présenter brièvement le groupe : quand et avec quels objectifs Arcana 13 s’est-il formé? Etait-il clair dès le début que vous mettriez en musique les visions horrifiques de grands réalisateurs italiens, faisant ainsi un pont entre art musical et cinématographique?
Tout a commencé pendant l’hiver 2013, avec une bande de bons vieux potes se retrouvant dans un local d’enregistrement puant à jammer sur des titres de Black Sabbath, en s’envoyer des bières et en poussant les amplis à fond. De ci de là, on a réussi à accoucher de quelques nouveaux riffs et on a enregistré deux-trois trucs sur un magnétophone comme si on était à nouveau en 1974. Ceci dit la magie a commencé a opéré quand j’ai commencé à improviser sur le thème de Suspiria de Goblin pendant les enregistrements… Etant autant fans des légendaires films d’horreur italiens de Argento, Fulci et Bava, qu’accros à Black Sabbath et Pentagram, il n’y avait plus qu’un pas à franchir…

2. L’art italien a toujours eu un goût prononcé pour l’ésotérisme, le macabre et la provocation avec des groupes comme Death SS, Devil Doll, Mortuary Drape, Opera IX, … Comment expliquez-vous cela ?
C’est incontestable, et pourtant, ce n’est pas facile à expliquer. Peut-être que tellement de sang a coulé dans notre pays depuis l’époque de l’Empire Romain jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale que les morts s’expriment à travers la musique et les arts ? Ca parait fou, je sais. Ceci dit, prends le cinéma par exemple, les Etats-Unis ont toujours été meilleurs en terme de production mais paradoxalement, personne n’a jamais réussi à égaler la démence géniale de Lucio Fulci…

3. D’après ce que j’ai cru comprendre, le processus de composition est assez unique chez Arcana 13. Il semblerait que chacun des titres de votre premier album, Danza Macabra, ait été conçu après visionnage d’un film pour bien s’imprégner de l’ambiance, et dans le but de proposer par la suite des shows uniques exprimant au mieux l’essence de la terreur. Tu peux nous en dire plus ? Que peut-on attendre d’un live d’Arcana 13 ?
On n’a pas pu s’en empêcher en reprenant le thème de Suspiria, on a installé un vieil écran de télé avec un lecteur VHS rouillé et on a tout simplement jammé en regardant ces chefs d’œuvre de l’horreur. C’étaient des moments complètement dingues et jouissifs !

Parfois, une scène spécifique nous inspirait des riffs, à d’autres moments, on avait en tête une atmosphère bien précise concernant une chanson et on cherchait alors le meilleur film pour l’illustrer. Prends par exemple Land of Revenge qui nous a inspiré ce feeling western, que l’on retrouve également à la fin de l’un des rares westerns réalisés par Lucio Fulci, Les Quatre de l’Apocalypse.

Bien sûr, on a voulu conserver cette même atmosphère en live et lorsque l’on joue, on projette derrière nous ces mêmes films parfaitement adaptés et synchronisés à la musique afin de donner au public une expérience doom horrifique unique !



4. Pour mener à bien votre projet, vous êtes allés jusqu’à contacter Enzo Sciotti qui s’est occupé de l’artwork (superbe au passage), de Danza Macabra. Comment s’est passée cette collaboration ? Avez-vous également collaboré avec certains réalisateurs dont vous mettez les films en musique ? Comment ont-ils réagi à ce projet, et quels ont été les retours de leur part ?
Entrer en contact avec Enzo était tout simplement la façon idéale de boucler la boucle. Une fois Danza Macabra terminé, on a ressenti le besoin de trouver un artiste spécial à qui confier l’artwork de l’album. J’ai sélectionné deux trois artistes contemporains dont l’art parvenait à imiter ce type d’illustrations vintage qui, gamins, nous effrayaient lorsqu’on jetait un œil sur la jaquette d’une VHS. J’ai aussi envoyé un mail au maître en personne, sans grand espoir d’un retour sérieux. Finalement, il s’avère que je n’ai jamais eu de nouvelle de ces artistes contemporains, alors qu’Enzo m’a répondu quelques heures plus tard complètement scotché par notre projet et notre vision. C’était incroyable. On lui a donné une direction artistique et il a réalisé l’impensable, lorsqu’on a reçu sa première ébauche, c’était tout simplement irréel. L’idée de cette femme-squelette en t
interview Arcana 13rain d’hurler vient d’Enzo à 100% et c’est déjà gravé dans l’histoire, on ne le remerciera jamais assez pour ça.

Bravo aussi à Raoul de View From the Coffin, c’est lui qui a créé notre logo et qui s’est occupé de tout le visuel de Danza Macabra, c’est un putain d’artiste et un bon ami.

A propos des réalisateurs, la plupart d’entre eux sont déjà morts à l’heure actuelle, mais on traque Dario Argento et nos chemins finiront par se croiser un jour ou l’autre !



5. J’imagine que vous devez vous-mêmes être de grands amateurs de films d’horreur. Peux-tu parler brièvement des films qui ont donné naissance aux huit titres de Danza Macabra ? Outre les réalisations à l’honneur sur votre premier album, quelles sont les œuvres qui vous ont le plus marquées en tant que spectateurs ?
On est des fanatiques mec, ha ha! Danza Macabra s’ouvre sur l’un de mes films préférés, Le Masque du Démon de Mario Bava, sorti en 1960, et pour lequel on a écrit Dread Ritual. Barbara Steel est notre muse, la Reine de la Terreur !

Le deuxième morceau est Arcane XIII, tiré d’un film plus récent, Il Arcano Incantatore de Pupi Avati, vraiment flippant et dérangeant, et qui a été tourné dans notre ville natale.

Ensuite on a Land of Revenge : comme on l’a déjà dit, on avait besoin de trouver un film à la thèmatique western et notre choix s’est bien évidemment porté sur les Quatre de l’Apocalypse de Lucio Fulci.

A mi-chemin de la composition de l’album on a fait un détour, délaissant pour un temps l’art horrifique italien. La chanson s’appelle Oblivion Mushroom, et c’est un morceau tellement psychédélique et stoner qu’il ne pouvait être fait que pour La Montagne Sacrée d’Alejandro Jodorowsky. Il fallait juste qu’on le fasse, ce film est dingue!

De retour dans le thème, la cinquième piste est Suspiria, du maître Dario Argento. C’est l’œuvre de Goblin et il n’y a rien à ajouter : un classique !

La sixième piste, Blackmaster, s’inspire d’un autre film de mon top 5 éternel, L’Au-delà de Lucio Fulci. Waouh, ce film est vraiment malade et irréel… Du gore, de l’horreur, et un complot tordu qui se succèdent de la même façon que les riffs dans une chanson de Black Sabbath. Pourquoi ? Va te faire foutre, voilà pourquoi (ndlr : traduction du fameux because f*ck you, that’s why! bien connu des geeks) !

Septième piste, The Holy Cult of Suicide vient d’un autre chef d’œuvre de Fulci, Frayeurs. La scène d’ouverture montre un prêtre qui se pend et à partir de là, c’est du pur chaos. Vive Fulci !

L’album s’achève sur un autre chef-d’oeuvre d’Argento, Inferno, à partir duquel on a écrit notre hymne le plus épique, Hell Behind You. « Le seul vrai mystère c’est que notre vie entière est gouvernée par des morts ». Carrément !

Y a encore un tas d’autres films qui me viennent à l’esprit, et on songe déjà aux prochains... Mais on préfère ne pas gâcher la surprise.



6. Parlons maintenant un peu musique. Vous évoluez dans une sorte d’hybride entre doom, stoner et heavy rock, le tout gorgé d’influences 70’s et chargé d’ambiances occultes. Pour vous est-ce le meilleur style musical pour incarner le frisson et l’angoisse ? Cette orientation musicale résulte-t-elle d’un choix conscient pour coller au mieux à l’univers fantastique que vous voulez dépeindre, ou est-il naturel, découlant de vos racines et de vos influences en tant que musiciens ?
On a tous un background musical différent, et c’est ça qui est bon. On aime tous autant le heavy rock des années 70 que la nouvelle vague doom… De Black Sabbath en passant par Electric Wizard, et j’en passe ! Bien sûr, y a des tas de trucs différents qui tournent sur nos platines, du rock prog’70’s au black metal, et je pense que Danza Macabra respire toutes ces influences ainsi que tout ce qu’on a l’habitude d’écouter. Est-ce que c’est la meilleure musique pour illustrer l’horreur ? Pour Arcana 13, carrément que ça l‘est !

7. Justement, il y a un revival heavy doom rock occulte important depuis une dizaine d’années avec une pléthore de groupes. N’avez-vous pas peur de passer pour des opportunistes qui adoptent le dernier style musical en vogue? D’après-vous, qu’est-ce qui vous distingue de la masse des autres groupes évoluant dans ce style ?
C’est vrai qu’en ce moment, y a pas mal
interview Arcana 13de groupes, aucun doute là-dessus. Mais heureusement, on est d’avis qu’une chanson bien écrite résiste à l’épreuve du temps, du buzz internet et tous ces trucs du genre. On aime les riffs, qui n’aime pas ça ? Mais on aime aussi un bon morceau bien catchy, un refrain qui te reste en tête toute la journée. C’est ce à quoi on s’applique avec Arcana 13, on fait de la musique avant tout pour nous, et si un morceau ne nous reste pas en tête, c’est du remplissage, pas un putain de titre. Est-ce que Danza Macabra est plein de putain de titres ? C’est aux auditeurs de juger, on a fait de notre mieux et on a pris tout le temps nécessaire pour parvenir à accorder nos chansons, les films et notre propre vision !

8. Andrea, musicalement, Arcana 13 est assez proche de l’autre groupe pour lequel tu composes, joues, et chantes, Void of Sleep. D’après toi, quelles sont les différences principales entre les deux groupes ? S’adressent-ils à un même public ?
C’est Simone qui répond: chacun de nos projets musicaux est un univers différent au sein duquel on compose de la manière la plus libre qui soit. Il est évident qu’Arcana 13 et Void of Sleep ont quelques similitudes, mais chacun emprunte sa propre voie de manière naturelle puisqu’ils n’ont qu’un seul membre en commun, ce qui ne pose vraiment aucun problème. Les deux groupes s’apprécient et se soutiennent mutuellement, et c’est ça qui est beau !

9. L’influence 70’s est bien présente dans votre musique, jusque dans le rendu sonore. Quels groupes vous influencent ? Quel matériel utilisez-vous pour ce son si délicieusement rétro qui colle parfaitement à la musique ?
J’ai déjà cité quelques-uns des groupes essentiels qui nous ont influencés, Black Sabbath en tête évidemment, ainsi que Pentagram, Saint Vitus, Candlemass et Sleep en ce qui concerne la vieille garde du doom. Pour nommer quelques groupes de la nouvelle vague, je dirais Electric Wizard, Uncle Acid, Witchcarft (l’un de nos préférés), The Sword et Ghost. Tout cela se mélange au rock prog 70’s de groupes que l’on aime aussi comme Goblin (évidemment), Fabio Frizzi, Cressida, Banco del Mutuo Soccorso, etc.

L’un des aspects essentiels de Danza Macabra vient du cinquième membre caché d’Arcana 13, Steve du groupe de deathpunk Hierophant. Comme nous, c’est un mordu de doom et de progressif, et il est totalement toqué de synthés et d’orgues analogiques… Une fois qu’on a eu 80% de l’album de prêt, on a passé beaucoup de soirées psychédéliques ensemble à triturer ces instruments pour accoucher de sons bien vicieux, c’était carrément magique.

Le chef qui a réussi à assembler tout ça, c’est notre bon pote Riccardo Pasini du Studio 73, un maître pour tout ce qui concerne les sons analogiques et l’attitude vintage avec un feeling moderne. Il a aussi créé quelques pédales d’effets et un fuzz spécial avec lesquels on a enregistré le disque et qu’on utilise même en live !



10. Que peut-on vous souhaiter pour la suite ? Un autre album est-il d’ores et déjà prévu ? Et resterez-vous dans la thématique horrifique ou vous autorisez-vous à changer complètement d’inspiration ?
On a eu cette vision d’Arcana 13 comme étant une expérience multi sensorielle et on a réussi à écrire ces morceaux dont nous sommes si fiers avec ces films d’horreur en ligne de mire, mais on a encore beaucoup à faire dans ce domaine. On met aussi un point d’honneur à « éduquer » les jeunes générations qui connaissent Le Projet Blair Witch mais qui n’ont jamais vu Suspiria… Putain, non, mec!

Pour le moment, on va essayer de défendre Danza Macabra en live autant que possible dans les conditions qui lui conviennent, l’aspect visuel étant, je le répète, aussi fondamental que l’aspect musical. On a organisé une soirée pour la sortie de l’album qui a été un succès total, on a également déjà quelques concerts de prévus en Italie, après quoi il sera temps de s’attaquer à l’Europe. On devrait sûrement se croiser l’automne prochain les gars !



11. Merci beaucoup pour cette interview, je te laisse le mot de la fin !
Merci pour cette belle interview et merci aux lecteurs. Vous vous êtes déjà demandés à quoi aurait pu ressembler un film de Lucio Fulci avec une bande originale signée Black Sabbath ? Alors penchez-vous sur Arcana 13 ! Longue vie au doom !
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interview réalisée par Icare

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