
La musique est un virus qui se transmet souvent entre potes au lycée, mais parfois aussi en famille, entre père, mère, frère et soeurs, cousins, tantines, et que sais-je encore ! C'est le cas de Redemption, power trio de deux frères, Mat Kuhn (chant, guitare), Rod Kuhn (batterie), et leur père JS Kunh (basse), mélangeant leurs influences rock et metal depuis tout petits, et qui ont choisi d'en faire leur projet de vie. Ils ont pris leur plûme - ou clavier plus vraisemblablement - pour répondre à quelques questions.
(propos recueillis par JeanEdernDesecrator)
JeanEdernDesecrator (Spirit Of Metal): Comment vous est venue l'idée de faire un groupe en famille ? Et surtout d'en faire un projet sérieux ?
Redemption : En fait d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu l’envie de faire un groupe. Bien avant de chanter ou de jouer de la guitare, même avant que mon petit frère sache marcher, je regardais des DVD Live de Ozzy Osbourne ou de Mötley Crue et c’était évident pour moi: je voulais avoir un groupe. Peu importe l’instrument d’ailleurs… Je voulais être une rock star avant même de commencer la musique. Rod et moi on est vraiment très proches donc dès qu’il a commencé la batterie on a tout de suite joué ensemble. On a pas pris beaucoup de cours dans nos instruments mais on a très vite composé nos morceaux pour pouvoir faire des concerts. A un moment donné, on avait quelques morceaux mais pas de bassiste alors mon père, pour dépanner, s’est mis à répéter avec nous. On a enregistré une première démo début 2017 (Rod avait 9 ans et moi 14 je crois). Au mois de mai de la même année on a fait notre premier concert et après on s’est jamais arrêté. On a toujours voulu en faire un projet sérieux. Je pense que c’est un des avantages de commencer aussi jeune: on a aucun mal à rêver. Dès la première répète on voulait être Motörhead.
UNE AFFAIRE DE FAMILLE
JeD (SOM): C'est votre deuxième disque, et il y a une grande évolution depuis le premier, est-ce que ça s'est fait naturellement ou de manière réfléchie ?
Redemption : Je pense qu’il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Rod et moi on a pas fini d’apprendre nos instruments. Par conséquent, plus le temps passe et plus le spectre de ce qu’on est capable d’offrir s’élargit. Il n’y a pas à proprement parler de stratégie imposée dans la composition de l’album. Ce qu’on aime c’est les tubes avec un super refrain et un super riff alors c’est la seule ligne directrice qu’on se donne dans la composition. C’est vrai que nos gouts musicaux évoluent mais on a toujours eu une identité plus rock que metal et c’est assez naturellement qu’au fil du temps on l’a affirmé.
JeD (SOM): Comment s'est passé l'enregistrement ?
Redemption : Ça s’est super bien passé comme d’habitude au Studio du Chalet avec Sylvain Masure, avec qui on travaille depuis nos tout débuts, que ce soit en studio ou sur scène. Sur cet album, on a vraiment décomposé la composition (même si ça ne veut rien dire). On a composé les morceaux par groupes de 2 ou 3 sans écrire de textes. Ensuite on prenait quelques jours en studio pour les enregistrer. On faisait les arrangements, les textes et l’enregistrement du chant à la maison.
Ça pouvait parfois prendre beaucoup de temps. Une fois qu’on avait nos deux ou trois morceaux, on en composait quelques autres et on recommençait. C’est vrai que c’est pas la méthode la plus efficace mais ça a plusieurs avantages. Déjà ça évite d’écrire 10 fois le même morceau. Ça peut être un risque quand on écrit tout un album d’une traite. Ensuite le fait de ne pas écrire la musique et le chant au même moment, pour un chanteur guitariste ça permet d’avoir un chant qui ne suit pas à 100% la guitare et ça peut donner des choses plus originales. Enfin, ça laisse le temps de se concentrer à fond sur chaque morceau et de s’y consacrer comme un single. Mais le gros désavantage c’est que ça prend beaucoup plus de temps.
THE HARD WAY
JeD (SOM): L'album s'appelle "The Hard Way" ; Y-a-t-il une signification particulière derrière ce titre ?
Redemption : Quand tu joues en famille ça décuple tout. Les bons moments deviennent les plus beaux moments de ta vie. Mais les mauvais peuvent aussi devenir des drames. L’histoire d’un groupe est parsemée d’embûches. Celle d’une famille aussi. Alors quand c’est les deux en même temps je te raconte pas. On travaille énormément pour toujours offrir le meilleur de ce qu’on peut donner au public. De plus, on veut faire notre musique et gérer Redemption comme on l’entend.
L’indépendance a un prix. Nous avons notre société de production, nos licences, on fabrique nous même nos t-shirts à la main en sérigraphie, on fait presser nos disques. Le fait de vouloir garder la main sur tant de choses nous a fermé plusieurs portes au cours de notre jeune carrière alors il a fallu redoubler d’efforts. Je veux pas faire le petit malheureux. The Hard Way ça veut dire qu’on bosse dur, que c’est pas toujours facile et qu’on baissera jamais les bras. C’est notre vérité.

JeD (SOM): J'ai trouvé quelques influences de Metallica du "Black Album" ou Foo Fighters sur votre disque... mais aussi du blues et quelques passages presque thrash. Quels groupes vous donnent envie de jouer ?
Redemption : Tout d’abord merci beaucoup. A nos débuts, un média nous avait décrit comme un groupe de Rock N Thrash. Je crois qu’on est pas loin de la vérité. On est des grands fans de Motörhead évidemment mais aussi de Mötley Crue, d’Oasis, des Ramones, de Slayer, de Monster Magnet, de Depeche Mode ou d’Ozzy Osbourne et Black Sabbath. Ce sont tous ces groupes qui nous ont donné envie de faire de la musique et qui nous donnent envie de faire des concerts, des albums et des clips!
POWER TRIO
JeD (SOM): Vous fonctionnez en trio ; Avez-vous déjà pensé à étendre le groupe avec d'autres musiciens ?
Redemption : Nos parents n’ont pas fait assez de frères pour étendre le groupe. Plus sérieusement, je pense qu’il nous serait impossible d’inclure quelqu’un d’autre. Nous sommes tellement soudés, avec tout ce que cela implique, ce serait impossible pour quelqu’un d’extérieur à notre famille de tenir une semaine en répète avec nous. Il y a beaucoup de groupes avec deux frangins qui ont réussi à inclure d’autres musiciens mais là c’est un père et ses deux fils c’est encore différent. Ne jamais dire « jamais » mais soyons honnêtes, il y a très peu de chances que ça arrive. Au delà de ça, pour des fans de Motörhead comme nous, le power trio c’est vraiment l’idéal.
JeD (SOM): Vous avez commencé à accumuler une bonne expérience de la scène avec le Hellfest par exemple, quels sont vos souvenirs les plus forts en live ?
Redemption : Évidement le Hellfest fait parti des souvenirs les plus forts. Notre passage au Cabaret Vert nous a aussi beaucoup marqué. On avait plus d’expérience et on a pu appréhender ce gros concert avec plus de recul et d’assurance. Ça nous a permis de plus en profiter. Je dois dire que j’ai adoré tourner au Havre et à Cherbourg. Les salles étaient blindés, les gens étaient à fond! J’ai notamment un souvenir au Tetris au Havre d’un pogo qui avait commencé pendant notre musique d’intro. Quand l’ambiance est déjà palpable avant même d’être sur scène c’est vraiment cool. Je pense qu’on garde aussi tous les 3 un souvenir exceptionnel d’un petit festival de Punk dans les Vosges. C’était vraiment sauvage! Mon frère et moi on a commencé les concerts en 2017 alors on a pas connu les concerts des années 80/90 dont tous les hardos se rappellent comme de véritables boucheries. Ce soir là dans les Vosges, sous la pluie on avait vraiment l’impression de jouer dans le clip de « Toxic Waltz » d’Exodus. Les roadies et l’orga ont tout sanglé à la scène pendant le concert parce que même les amplis faisaient des bonds d’un mètre.

JeD (SOM): Deux d'entre vous sont très jeunes et on change souvent de goûts en avançant dans l'âge adulte. Sentez-vous des envies d'autres choses, ou une évolution du groupe à venir ?
Redemption : Oui c’est vrai que nos goûts évoluent constamment. Après je pense que ce n’est pas parce qu’on découvre de nouvelles choses qu’on délaisse les anciennes. Aujourd’hui la musique qu’on a envie de faire on l’a retranscrite sur notre album « The Hard Way ». Certainement que le prochain album sera différent mais pour le moment on ne ressent pas l’envie d’autres choses.
JeD (SOM): Vous avez repris un classique, "Overkill" de Motörhead, avec Ruyter Suys de Nashville Pussy, est-ce que vous pouvez nous en parler ? Un morceau que vous repreniez déjà avant ?
Redemption : En 2022, nous faisions la première partie de nos amis de Nashville Pussy. A la fin de notre concert, leur ami Raoul est venu nous voir pour nous féliciter et nous a donné ce conseil : « les gens adorent sortir d’un concert en ayant chanté une chanson. Vous n’êtes pas encore assez connus pour que toute la salle puisse chanter un de vos titres alors vous devriez finir vos concerts avec un morceau que tout votre public connaît, histoire d’enfoncer le clou. Et pourquoi pas une reprise de Motörhead? ». Ce soir là pendant notre after, mon père a été percuté par un semi remorque. La soirée a virée au drame. Ça restera à jamais comme un traumatisme. Les Nashville qui ont assisté à la scène étaient très affectés aussi. Raoul nous a apporté son aide comme il a pu. Mon père s’en est sorti avec 5 côtes cassées. Une chance dans son malheur… Quelques mois plus tard, Raoul est décédé. Alors en son hommage on a décidé de suivre son conseil et qui de mieux que la grande Ruyter Suys pour nous accompagner dans cette aventure.

JeD (SOM): Vous semblez porter une grande attention à l'aspect visuel du groupe, avec les versions physiques des albums, les clips...
Redemption : Oui c’est vrai. Beaucoup de gens ne sont pas d’accord avec ça mais je fais partie de ceux qui pensent qu’on peut juger une bonne partie du livre sur sa couverture. Ce qui nous a donné envie de faire de la musique avant même savoir jouer un accord ce sont ces groupes avec des noms hyper accrocheurs, des looks d’enfer, des visuels hyper travaillés. Tu regardes la pochette de Repentless de Slayer, c’est un chef d’œuvre. Le look de Lemmy c’est plus qu’une marque de fabrique. L’univers hyper accrocheur de Mötley Crue est génial. Alors oui, c’est pas parce que t’as un super perfecto que tu joues mieux de la guitare. Mais c’est sûrement parce que tu n’as rien laissé au hasard que tu donneras envie au plus grand nombre de gens de s’intéresser à toi au premier coup d’œil. Je suis vraiment pas fan de Marilyn Manson mais je trouve que tout son univers relève du génie. Pour affirmer son style le clip et la pochette sont des éléments primordiaux. Et je dois avouer que c’est un aspect de la création que j’affectionne particulièrement. On a adoré écrire et tourner des clips avec Mathieu Ezan.
Jed(SOM): Quelques mots pour terminer ?
Redemption : Merci beaucoup pour tes questions! Allez écouter notre nouvel album « The Hard Way »! Comme dit précédemment il est disponible en physique mais uniquement sur notre site internet: www.e-redemption.fr





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