C'est dans un univers onirique et résolument éthéré que nous plonge ce projet mis sur pied en 2015 à Zurich par l'expérimentée auteure/compositrice et interprète suisse
Barbara Brawand (ex-
Caladmor). Avec la complicité du pluri-instrumentiste, programmeur et arrangeur islandais Árni Bergur Zoëga (
Arstidir Lifsins,
Carpe Noctem, Skendöd...), le duo a pris le temps nécessaire à la maturité de ses compositions, dont la thématique relate l'obscure et poétique nature de l'eau, celui-ci n'accouchant de son premier Ep que quatre années plus tard.
Mixé par George Necola et mastérisé par
Jonas Ekström (Northmastering Studio, Suède), ce modeste opus témoigne d'une saisissante profondeur de champ acoustique doublée d'une péréquation de l'espace sonore entre instrumentation et lignes de chant et de finitions passées au crible. Une ingénierie du son plutôt soignée assurant une mise en valeur optimale des quatre pistes de la menue galette «
Zessa » ; auto-production généreuse de ses 27 minutes d'un voyage en totale apesanteur. Embarquement immédiat...
Ce faisant, nos acolytes nous mènent dans un registre metal atmosphérique gothique aux relents celtiques, à la confluence entre Enya,
The Gathering,
Autumn et Vetrar
Draugurinn. A la fois évanescent, troublant et énigmatique, le propos réserve également d'insoupçonnées montées en régime et de grisants effets de contraste atmosphérique. Ce qu'illustrent déjà ses orgiaques pièces en actes « As the Stars » et «
Zessa » (titre éponyme de leur introductif single réalisé quelques mois plus tôt). Pénétrant et empreint de mystère, à mi-chemin entre
Autumn et Enya, le premier effort offre une belle et lente gradation du corps orchestral parallèlement aux claires et infiltrantes inflexions de la sirène. Doté de gimmicks guitaristiques bien amenés, se déployant concomitamment à des riffs légèrement grésillants, le magnétique manifeste glisse avec célérité dans nos tympans alanguis. Pour sa part, le félin et ''autumnien'' «
Zessa » vogue sur une sente mélodique des plus enivrantes. Si l'on peut regretter la longueur du break central, la graduelle reprise sur un seyant solo de guitare saura compenser cette irrégularité.
Moins corpulents, d'autres propos ne s'avéreront guère moins ensorcelants. Ainsi, nous élevant, lui aussi, bien au-dessus du plancher des vaches tout en offrant un léger tapping secondé d'un fin picking à la guitare acoustique, le mid tempo progressif « The Ferryman » nous ralliera à sa cause d'un claquement de doigts. Sur cet envoûtant méfait au carrefour entre
The Gathering et Enya, mis en habits de soie par le filet de voix un brin écorché vif de la belle, un délicat legato à la lead guitare vient s'inviter à la fête, nous signifiant que l'on touche du doigt l'une des pièces les plus hypnotiques du répertoire du combo helvétique.
Plus en retenue, «
Out of the
Swamp (I'll rise) » se pose telle une agréable ballade atmosphérique aux confondantes sonorités celtiques. Frissonnante et pétrie d'élégance, se parant des caressantes patines de la maîtresse de cérémonie, la tendre aubade nous octroie également un infiltrant cheminement d'harmoniques. Bref, une plage propice à la profonde zénitude que l'on ne quittera qu'à regret.
A la fois évanescent, intrigant et pénétrant, ce laconique et propret méfait révèle également un réel potentiel mélodique et harmonique. Le combo ne saurait, en revanche, éluder ni d'inutiles longueurs atmosphériques ni de répétitives séries d'accords dont s'alourdissent certains passages. Si l'on peut regretter, par ailleurs, un manque de diversité rythmique et vocale, on appréciera néanmoins la grisante touche celtique accolée au manifeste. De plus, la troupe témoigne d'une mise à distance suffisante de ses sources pour la voir développer un propos aussi singulier que frissonnant. Bref, une introductive et troublante offrande à réserver aux seuls férus d'instants de profonde zénitude. Dans l'attente à peine voilée d'un album full length...
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