Ombreine

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14/20
Nom du groupe Wazzara
Nom de l'album Ombreine
Type EP
Date de parution 30 Avril 2023
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Guggisberglied
Ecouter05:12
2.
 Visiûne
Ecouter06:32
3.
 What Lies Beneath
Ecouter05:57

Durée totale : 17:41

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Wazzara



Chronique @ ericb4

16 Novembre 2023

Une œuvre dans un mouchoir de poche mais des plus pénétrantes...

S'il est des formations soucieuses de prendre le temps nécessaire à la pleine maturité de leurs compositions, ce combo suisse originaire de Zürich serait assurément du nombre. En effet, né en 2015 sous l'impulsion de l'auteure/compositrice et interprète Barbara Brawand (ex-Caladmor), avec la complicité du pluri-instrumentiste, programmeur et arrangeur islandais Árni Bergur Zoëga (Arstidir Lifsins, Carpe Noctem, Skendöd...), le groupe ne réalisera son initial EP, « Zessa », consacré à la naissance de l'être, que quatre ans plus tard. Un encourageant méfait auquel succédera, en 2021, son premier et sensible album full length, « Cycles », traitant, lui, de la fertilité, du devenir et de la mort ; une seconde thématique, complémentaire de la première, qui ne sera pas l'argument ultime de nos inspirés concepteurs...

Il faudra alors patienter quelque deux années supplémentaires avant de les voir accoucher de leur troisième bébé, dénommé « Ombreine ». Aussi, effeuille-t-on un EP modeste de ses 3 pistes égrainées sur une bande auditive de près de 18 minutes, axé, pour sa part, sur le caractère transitoire de chaque chose, la vanité de l'être, et sur le pouvoir destructeur de la nature sommeillant en chacun de nous. Cette discographie ferait donc montre d'une grande cohérence thématique, nous renvoyant ainsi aux trois états affectant toute chose ; tout, dans ce monde, serait donc changement permanent. Ce faisant, les arguments textuels et musicaux ainsi développés sur la menue rondelle seraient-ils susceptibles de faire du collectif helvétique un sérieux challenger face à ses nombreux opposants ?

Dans cette aventure, l'équipage de la dernière traversée a subi quelques remaniements. Ainsi, aux côtés de Barbara Brawand évoluent dorénavant : Marcel Mäsi Stettler (ex-Caladmor) et, plus récemment, Tom Kuzmic (Disparaged, Amputate), aux guitares ; George Necola (Lost Chapter) à la basse ; Deniz Lebovci (ex-Disparaged) à la batterie. Resté fidèle à ses fondamentaux, le quintet suisse nous replonge au cœur d'un univers metal atmosphérique gothique et progressif aux relents celtiques, un brin death, où les sources d'influence seraient, là encore, à chercher du côté de Enya, The Gathering, Autumn, Vetrar Draugurinn et Draconian.

Cette rondelle à la fois frissonnante, intrigante et romanesque, jouit, à son tour, d'une production d'ensemble de bonne facture, à commencer par un mix parfaitement ajusté, réalisé au Goblin Sound Studio (à Cologne, en Allemagne) par Andreas Rosczyk, pluri-instrumentiste (Ultha, Ira) et ingénieur allemand de son état, ayant assuré le mixage et le mastering de certains albums de Ande, Friisk, Naxen, Unru, entre autres. De plus, à nouveau mastérisé par Jonas Ekström (Northmastering Studio, Stockholm, Suède), cet opus n'accuse pas l'ombre d'une sonorité parasite. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale de la frêle goélette...

C'est dans une atmosphère éminemment éthérée que l'on pénètre, tout d'abord. Ce qu'atteste « Guggisberglied », mid tempo atmosphérique gothique et progressif aux riffs émoussés et adossé à une rythmique évanescente. Il s'agit-là d'une toute nouvelle mouture d'une chanson folk suisse, mentionnée pour la première fois en 1741, originellement entonnée en allemand bernois, et connue pour la tristesse de sa mélodie. Reprise dans sa langue originelle, cette crépusculaire et mélancolique offrande nous octroie de fondants refrains encensés par les ensorcelantes inflexions de la sirène tout en se dotant de grisants gimmicks guitaristiques. Et la magie opère, in fine.

Dans une même mouvance, mais en y insérant une touche death, le combo rend son propos à la fois intrigant et gorgonesque, un brin diabolique. Ce qu'illustre, d'une part, « Visiûne », piste polyrythmique d'obédience metal atmosphérique gothique, à la confluence de Draconian, Vetrar Draugurinn et The Gathering. Mis en exergue tant par les angéliques impulsions que par les growls ombrageux de la déesse, recelant parallèlement de saisissantes accélérations du dispositif instrumental ainsi qu'un fin legato à la lead guitare, le message musical se fait aussi anxiogène qu'hypnotique. Plus glaçant encore, le ''draconien'' mid tempo progressif « What Lies Beneath » se plait à nous bousculer dans nos certitudes, comme pour mieux nous retenir, en définitive. A la fois incandescent, ténébreux et brumeux, le complexe méfait sauvegarde néanmoins une mélodicité toute de fines nuances cousue, sur laquelle voguent les cristallines et magnétiques oscillations de la maîtresse de cérémonie. Et la sauce prend, une fois encore.

En définitive, la troupe helvétique nous livre un propos aussi évanescent que ténébreux, dans la continuité thématique de ses aînés, se savourant à chaque fois davantage au fil des écoutes. Jouissant d'une ingénierie du son plutôt soignée, d'une technicité instrumentale et vocale aguerrie et de mélodies finement sculptées mais nullement sirupeuses, sans accuser l'once d'une frustrante zone de remplissage, la menue rondelle se suit de bout en bout sans ambages. Si l'on pourra, là encore, regretter un manque de diversité oratoire, le modeste effort témoigne, à l'instar de ses devanciers, d'un message musical éminemment personnel, assorti de l'une ou l'autre prise de risque. Bref, une œuvre, certes, dans un mouchoir de poche mais des plus pénétrantes...

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