Nous ayant laissés sur une note en demi-teinte à l'aune de son introductif EP, « At the
Gates of
Dawn » (2011), la formation espagnole créée en 2010 par le guitariste Adrien Fowl, loin d'avoir déposé les armes, n'aura pas mis bien longtemps pour revenir dans les rangs. Aussi, le combo essaimera-t-il ses concerts aux quatre coins de sa terre ibérique natale, et ce, toute l'année 2011 durant, parfois en première partie de formations metal aguerries, dont
Saratoga. Parallèlement, le quartet sud-européen investira les studios, réalisant quelques mois plus tard son premier album full length, « Welcome... Back! ». Ce faisant, on effeuille une auto-production généreuse de ses 53 minutes où s'enchaînent sereinement 13 pistes inédites, à la fois tumultueuses, éthérées, un brin romantiques, désormais d'obédience rock'n'metal mélodique progressif et atmosphérique gothique, dans le sillage de
Lacuna Coil,
Evanescence,
We Are The Fallen,
The Gathering et
Autumn. Peut-on y voir là l'amorce d'un décollage du collectif espagnol, qui l'éloignerait d'autant de ses tâtonnants débuts ?
Dans cette nouvelle aventure, aux côtes d'Adrien, demeurent impliqués les talents de Tatjana Klee (ex-Legendaria), frontwoman au chatoyant et puissant grain de voix ; Christopher
Red, à la basse ; Alejandro Tineo (ex-Legendaria), à la batterie. Produit par le maître d'oeuvre lui-même, mastérisé et mixé par Antonio López, l'opus témoigne d'une péréquation de l'espace sonore entre instrumentation et lignes de chant, livre des arrangements de bonne facture, octroie une qualité d'enregistrement désormais moins sujette à controverse tout en concédant de plus timides sonorités résiduelles qu'auparavant. Par ailleurs, tout en ayant pris soin d'affermir son potentiel technique, la troupe en a profité pour affiner le trait de sa plume et fluidifier ses lignes mélodiques au point de les rendre dorénavant plus impactantes. Dotés d'armes aujourd'hui bien plus efficaces qu'hier, nos acolytes seraient dorénavant sur les starting blocks, prêts à en découdre, et ce, dans un registre metal on ne peut plus agité par une sévère concurrence. Un tour du propriétaire s'impose...
Plus qu'il ne l'a consenti jusqu'alors, le combo espagnol nous propulse sur une terre de lave en fusion, non sans quelques réussites à la clé. Ainsi, disséminant leurs riffs acérés doublés d'une rythmique résolument frondeuse, le tonique et ''lacunacoilesque'' « Welcome… Back! » et l' ''autumnien'' «
Children of the Underworld » ne lâcheront pas leur proie d'un pouce. Calées sur deux sentes mélodiques des plus entraînantes, les puissantes impulsions de la sirène, non sans rappeler Nienke de Jong (Dejafuse, ex-
Autumn), aspireront d'un battement de cils le tympan du chaland. Enfin, on ne pourra que malaisément esquiver les vibes enchanteresses émanant de « Dreamshaping » ; mid/up tempo simultanément estampé
Evanescence et
Lacuna Coil, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique et déversant de seyants gimmicks guitaristiques.
Tout aussi vitaminées, toutefois moins directement orientées vers les charts, certaines offrandes pourraient néanmoins tirer leur épingle du jeu. A commencer par « Of Wonder and Horror », grisant et élégant up tempo rock'n'metal atmosphérique gothique dans la lignée d'
Autumn. Distillant ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les félines volutes de la déesse, ce tornadeux et rayonnant méfait aura peu de chances de rater sa cible. Dans cette dynamique, on ne saurait davantage éluder les éruptifs et ''lacunacoilesques'' «
Lost in a Sea of
Nightmares » et « The World Behind the
Mask » tant pour la soudaineté de leurs attaques percussives qu'au regard de leurs riffs grésillants et leurs prévisibles mais charismatiques variations mélodiques.
Evoluant sur une cadence moins effrénée, d'autres pistes trouveront elles aussi un débouché favorable auprès de l'aficionado du genre. Ce qu'illustre, d'une part, « When You
Close your
Eyes », enivrant mid/up tempo à mi-chemin entre
Autumn et
The Gathering, où pleuvent des coups de boutoir d'une régularité pendulaire et où s'inscrit un fin legato à la lead guitare au beau milieu d'un radieux paysage de notes. On retiendra, d'autre part, «
Through the
Maze of
Thorns », troublant mid tempo au carrefour entre
The Gathering et
We Are The Fallen, eu égard à ses enchaînements d'arpèges d'accords ultra sécurisés, son vibrant solo de guitare et les caresses oratoires d'une interprète bien habitée. Enfin, concédant un fade sillon mélodique mais poussant à un headbang subreptice, le tortueux et complexe « Back to Where You've
Never Been » trouvera une issue favorable auprès du fan d'un
Lacuna Coil de la première heure.
Comme ils nous y avaient déjà sensibilisés, nos gladiateurs auraient cette capacité de se muer en bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Dreamshaping », ballade romantique jusqu'au bout des ongles enjolivée par un fin picking à la guitare acoustique, que n'auraient reniée ni
The Gathering ni
Autumn. Mis en habits de soie par les soyeuses et enveloppantes patines de la maîtresse de cérémonie, délivrant un infiltrant cheminement d'harmoniques et doté d'un petit supplément d'âme, c'est sans ambages que l'instant privilégié aspirera le pavillon de l'aficionado du genre intimiste. Ce dernier ne sera guère moins magnétisé par « Alone » ; somptueuse et ''autumnienne'' ballade progressive mise en relief par un subtil épaississement du corps orchestral, surmontée d'un corpulent et fringant solo de guitare et relevée par les sensuelles inflexions de la belle. Un masterpiece octroyé par la formation espagnole.
Est-ce à dire qu'à la lumière de cette offrande nos compères seraient en passe de nous octroyer un sans faute ?
Pas tout a fait... Tout d'abord, jouant le rôle de simple mais opportun interlude, bien que délivrant de délicats arpèges au piano, eu égard à la brièveté du message délivré, le cinématique et a-rythmique « Homecoming » ne pourra prétendre à une inconditionnelle adhésion. D'autre part, ni le linéaire récitatif exhalant des entrailles du laconique «
Mirage » ni le non moins menu « A Tarnished Mirror », à l'aune de ses palotes oscillations mélodiques, empêcheront l'embarcation de sombrer.
Message a été reçu par le quartet espagnol de le voir rebondir suite à un friable premier mouvement... Un poil plus vigoureux et surtout mélodiquement plus efficace, bien moins éthéré et énigmatique, bénéficiant d'une ingénierie du son désormais de bon aloi et d'arrangements difficiles à prendre en défaut, ce fringant et émouvant opus marque une franche rupture avec son tâtonnant aîné. Toutefois, si le propos demeure varié sur les plans atmosphérique et rythmique, il l'est en revanche bien moins eu égard à ses lignes de chant, la belle monopolisant le micro de bout en bout de notre parcours. Aussi, l'un ou l'autre duo et/ou la présence de choeurs auraient-ils contribué à enrichir le corps oratoire de leur présence.
Par ailleurs, conformément aux nouvelles aspirations stylistiques du groupe et l'actuel potentiel technique aidant, d'aucuns auraient espéré voir une fresque inscrite au cahier des charges. Il convient encore que nos acolytes consentent à une plus nette mise à distance de leurs maîtres inspirateurs et qu'ils prennent soin d'évacuer les zones de remplissage de leur set de compositions pour envisager d'impacter plus largement un auditorat déjà sensibilisé aux vibes de leurs sources d'influence. Néanmoins, eu égard aux rapides progrès techniques et esthétiques réalisés, voilà la colombe ibérique désormais en passe de prendre son envol....
Note : 14,5/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire