Liste des groupes Dark Ambient Elend Weeping Nights

Weeping Nights n'est pas un album à proprement parler. Il est en fait composé des titres de Les Ténèbres du Dehors qui contenaient des chants black (pas d'Antienne ni de The Silence Of The Light, donc), épurés de tous vocaux mâles, ne conservant que les choeurs angéliques et les solis féminins. A ces cinq titres se rajoutent Nocturne (issu lui aussi du même album) plus trois inédits (Weeping Nights, O Solitude et Embrace) eux aussi uniquement chantés par les deux vocalistes féminines du groupe.

Que dire de cette galette? Le choix de cette réédition est assez étrange, puisque l'album était pour une grande majorité des fans le plus abouti du cycle (même si je préfère personnellement The Umbersun). En retirer les chants black semble être l'arguement, l'envie d'en faire une oeuvre angélique et pure, mélancolique, en lui enlevant toute portée noire et violente. Mauvais choix.
Car s'il est plus adapté de suivre les orchestrations, très réussies d'illeurs, desdits cinq titres sur cette version, elle perd nettement de sa puissance, voir même de son sens. Car en effet, les montées en puissance remarquables des Ténèbres du Dehors étaient faites des voix mâles hurlées et torturées accompagnées d'un haussement de ton des orchestrations. seulement, sans le chant, ce qui était fait pour le supporter semble tourner à vide, manquant de son argument principal. Car l'un des atouts principaux d'Elend est de ne pas coller stupidement le chant sur les instrus ou l'inverse, mais bien de considérer les chanteurs comme des instruements à part entière. Imaginez vous un CD d'Emperor sans claviers? Eh bien, c'est un peu l'effet produit ici: tout est toujours maîtrisé, mais il manque quelque chose, et cela se sent. Les compos auraient dû être retravaillées pour tourner sans les voix mâles, mais cela n'a pas été fait.
Qu'en est-il du reste? Les trois inédites sont elles aussi dénuées des chants black, mais on peut y ressentir tout le génie d'Elend, qui se montre parfaitement capable de se débrouiller sans pour faire quelque chose de poignant. Les trois titres sont maîtrisés comme pas deux (sic), et sont peut-être les meilleurs titres "tristes" d'Elend.

Weeping Nights n'a donc rien d'indispensable. Cependant, passer à côté des trois permiers titres serait dommage. Quant aux autres, ils restent intéressants, même sans l'arguement principal. Il plaira très certainement à ceux qui n'ont jamais entendu les voix black d'Elend, et peut-être une très bonne introduction à l'officium tenebrarum, mais il décevra certainement les amoureux des Ténèbres du Dehors. L'objet doit quand même se trouver dans la discothèque du fan inconditionnel, rien que pour les trois inédits.

Amateur de classique et de metal, je viens de découvrir Elend par cet album, très éloigné de ce que j'avais écouté jusqu'à présent chez Holy Records. La superbe pochette, où s'esquisse un intérieur d'église en clair-obscur, semble annoncer un retour aux sources du gothique liturgique ; souhait exaucé dès le premier titre. L'album, le troisième du trio francilien, impressionne tant par la qualité de l'orchestration qu'au regard de la maîtrise technique de chacun de ses membres. Sans oublier la présence de chœurs cristallisés par des voix angéliques qui s'harmonisent à l'instrumentation, ici déployée en nappes d'orgue.

Je ne sais si Elend puise réellement son inspiration dans le classique mais, clairement, cet opus enjambe les siècles pour ressusciter, en notre époque, un peu de l'esprit de la musique baroque d'office telle qu'elle fut pratiquée de Purcell à Bach. Plus précisément, il ne s'agit pas là d'un album de metal à proprement parler, ni même d'une production cherchant à combiner le metal et le symphonique en superposant les instruments, comme le font usuellement les groupes de metal symphonique. Elend sollicite plutôt les moyens du classique pour susciter une ambiance, d'ailleurs non dénuée de tensions, témoigne d'une immersion méditative dans les ténèbres et démontre, s'il le fallait, où officient les "vrais" musiciens de notre époque...

Ce qui est également à noter dans cette galette, c'est l'extrême variété des morceaux qui se font écho sans se ressembler. Ainsi, "O Solitude" est une lamentation tandis que "Etheral Journeys" a quelque chose de fiévreux, dans ses variations et son tempo. Mais mon morceau préféré reste "Dancing under the Closed Eyes of Paradise", qui est une sorte de fugue dont je trouve l'orchestration tout simplement magistrale !

Je ne sais pas si cet album est représentatif de l'oeuvre d'Elend. Il me semble que non puisque cette rondelle est également présentée comme une compilation des précédents albums desquels on aurait retiré le chant à l'exception des chœurs féminins. En tout cas, cet album est indubitablement l'œuvre de musiciens maîtrisant parfaitement leur art. Mais il est très probable qu'il ne plaira pas à des métalleux purs et durs...