The Umbersun est la clôture du premier cycle d'
Elend, qui nous livre au travers des albums
Leçons de Ténèbres,
Les Ténèbres du Dehors et celui ci, une version revisitée de l'Officium
Tenebrarum (qui décrit, non plus les ténèbres illuminées par la pureté de la religion et la renaissance du christ, mais la descente aux enfers de
Lucifer, soit le chemin inverse des cantiques originaux).
Peuplée de choeurs liturgiques (les choeurs féminins évoquant les choeurs angéliques, la voix mâle hurlée avec des tendances black ramenant à
Lucifer, et les chuchotements masculins aux démons observateurs), la musqiue d'
Elend s'est montrée au fil des albums de ce premier cycle incroyablement sombre et dérangeante, mais aussi et surtout bourrée de talents. En temps que grand amateur de black symphonique, j'ai adoré ce cycle complexe et savamment agencé.
The Umbersun est, des trois albums, certainement le moins abordable. C'est en effet la première vraie coopération du groupe avec un orchestre symphonique, alors que jusqu'ici, seuls les violons n'étaient pas issus de synthétiseurs. Et cela se sent: le groupe a pu donner libre cours à leur art de la mise en scène musicale, créant des titres un peu plus travaillés que sur les albums précédents, plus complexes, et donc moins faciles à appréhender. l'écoute de ce CD demande, plus que les précédents, plusieurs écoutes pour en prendre toute la portée.
Le premier titre commençe déjà très fort en donnant peut-être ce qu'
Elend a fait de plus noir sur toute sa discographie. Servi par des violons surdoués, un jeu de cuivres savant et appuyé, des choeurs féminins angéliques contrastant avec la voix écorchée d'une présence incroyable, maîtrisée comme jamais auparavant, évitant les petites bourdes qu'on trouvait par ci par là dans les opus précédents (la voix un peu ratée d'
Eden, par exemple). Ce titre est d'une intensité rare, et double largement les pourtant déjà très bons ethereal journey et luciferian révolution, justement grâce à cette profondeur de jeu supplémentaire qui fait toute la différence.
Melpomene contraste de beaucoup avec le titre précédent puisque, et ce pour le reste de l'album, la voix écorchée disparait complètement. Le choix est assez déconcertant au premier abord, au vu du nombre de titres sur lesquels elle apparaissait jusque là, mais prolonge la volonté évoquée avec
Weeping Nights de limiter les vocaux agressifs. Ici, seuls les chuchotements font la mélodie, à peine soutenus par quelques orchestrations des plus discrètes. Pourtant, le titre se montre progressif, grâce à deux montées en puissance qui viennent secouer l'auditeur au cours de l'écoute. Le contraste est assez dur à appréhender au premier abord, mais s'avère très bien géré.
Le troisième titre oublie même les poussées de Melpomene, pour se faire entièrement calme. La pression retombe peu à peu. Puis, c'est l'explosion, de nouveau, avec le monstrueux
Apocalypse qui montre parfaitement qu'
Elend n'a pas besoin de la voix black pour faire des compos d'une puissance indéniable. Le chevauchement des hurlements féminins et des chuchotements masculins sur fond de violons et de cuivre se montre presque plus violent encore que le premier titre.
L'album se calme un peu avec Umbra, avant de repartir de plus belle avec
The Umbersun, qui s'il ne démontre pas la même violence que du tréfonds des ténèbres et aplocalyspe, est lui aussi peuplé d'une noirceur impressionante, soutenue par les hurlements étouffés des damnés et les choeurs fantomatiques. Puis, enfin, l'album se calme définitivement avec le troisième mouvement.
Vous l'aurez compris, l'album est dur à écouter de par sa structure savante et ses multiples facettes, mais une fois ce stade dépassé, on se retrouve avec un chef d'oeuvre indéniable, qui clôt le cycle avec brio, surpassant à mes yeux ses deux prédécesseurs. Un CD qu'il faut absolument avoir entendu pour tout fan de métal symphonique ou de black qui n'est pas contre une expérience hors grattes.
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