Impulsé par un premier et prometteur album full length sorti en 2020, le bien-nommé «
Volume One », suivi, un an et demi plus tard, d'un modeste mais émouvant EP dénommé «
Trilogy », il n'en faudra pas davantage pour voir le collectif britannique revenir prestement dans la course. En effet, six mois à peine sépareront son laconique effort de son second et présent opus de longue durée, prosaïquement baptisé «
Volume Two ». Aussi, effeuille-t-on une auto-production de 9 pistes se dispatchant sur un ruban auditif de 36 minutes, jouissant, tout comme ses devancières, d'une ingénierie du son de bon aloi, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Cette fraîche offrande permettrait-elle dès lors au combo d'outre-Manche de se poser en farouche opposant face à ses si nombreux homologues ? L'accessit au rang de sérieux espoir de ce registre metal serait-il au bout du chemin pour nos valeureux guerriers ?
A bord du navire, nous retrouvons l'équipage de la petite goélette au grand complet, à une nuance près toutefois : si l'on retrouve bien la chanteuse au gracile filet de voix Tamara Bouwhuis (Dim Crimson), le guitariste/vocaliste Stevie McLaughlin (
Sandstone, Ironheart, Stevie McLaughlin, guest chez Ravenlight...), le guitariste/bassiste Steve Moore (
Fireland,
Stormzone) et le batteur Ruddiger Spree, le groupe pourra également compter sur le concours de Graham McNulty (
Stormzone), à la basse. De cette collaboration émane un propos rock'n'metal mélodico-symphonique aux relents moderne et power, plaçant alors la troupe à quelques encâblures de ses fondamentaux metal symphonique folk. Ce faisant, les empreintes de
Xandria,
Beyond The Black,
Ancient Bards,
Xiphea,
Therion,
Delain,
Secret Rule,
The Fall Of Eve,
Amaranthe et Metalite se font désormais bien plus sentir que celles de
Lyriel, Illumishade, ou encore de
Nightwish ; changement d'orientation qui ne se signifie nullement changement de cap amorcé par le groupe britannique, juste un élargissement du champ des possibles stylistiques. Embarquement immédiat pour une croisière parsemée, espérons-le, d'îlots de sérénité...
A l'instar du premier mouvement, c'est sur une cadence plutôt enlevée que s'effectue le plus clair de la traversée, non sans quelques gemmes disséminées sur notre chemin. Ainsi, c'est sans ambages que les vibes enchanteresses exhalant de «
Swan » aspireront le tympan du chaland. Recelant un fuligineux solo de guitare ainsi qu'une saisissante reprise sur la crête d'un refrain qu'on entonnerait à tue-tête, mis en exergue par les fluides et pénétrantes inflexions de la déesse, le "tornadeux" effort à la confluence de
Delain,
Ancient Bards et
The Fall Of Eve joue dans la catégorie des hits en puissance que l'on ne quittera que pour mieux y revenir. Un poil plus offensif, « Angels », lui, se pose tel un propos power mélodico-symphonique au carrefour entre
Ancient Bards et
Beyond The Black. Pourvu d'un inaltérable et martelant tapping, d'un fin legato dispensé par le lead guitariste et d'enchaînements intra piste des plus sécurisants, l'échevelant manifeste ne saurait davantage être éludé.
Tout aussi mordants, revêtant cette fois une coloration metal moderne, d'autres passages pourront non moins tirer leur épingle du jeu. Ainsi, influencé conjointement par
Delain,
Ancient Bards et Metalite, « Shadows » se présente tel un organique up tempo power symphonique aux riffs acérés ; mis en relief par l'empreinte tantôt féline tantôt sensuelle de la princesse et infiltré d'un flamboyant solo de guitare, le tempétueux méfait n'aura pas tari d'arguments pour asseoir sa défense, et ce, en dépit d'une mélodie en proie à quelques linéarités. Non moins diluvien, l'incisif et synthétique « You » poussera lui aussi à un headbang bien senti et quasi ininterrompu ; un effort metal moderne dans la lignée conjointe d'
Amaranthe et Volturian aux sémillantes rampes organiques susceptible de laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon.
Lorsqu'il retient davantage sa monture, le combo parvient là encore à nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste «
Guardian », mid tempo à la mélodicité toute de fines nuances cousue, à mi-chemin entre
Xandria et
Xiphea ; investi de délicats arpèges au piano corroborés à ses riffs grésillants, inscrivant dans sa trame un refrain immersif à souhait encensé par les cristallines patines de la sirène, le tubesque méfait poussera assurément à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure envolée. Mais le magicien aurait encore quelques tours dans sa manche en réserve...
Quand ils en viennent à nous mener en d'apaisantes contrées, nos compères nous assignent volontiers à résidence. Ce qu'illustre, en premier lieu, «
Wish » ''therionienne'' ballade progressive aux riffs émoussés. Agrémentés d'un fin picking à la guitare acoustique et mis en habits de soie par un duo en voix claires bien habité et en parfaite osmose, couplets finement ciselés et fondants refrains glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Voguant sur une sente mélodique des plus engageantes à défaut d'être inoubliable, l'instant privilégié pourra néanmoins interpeller l'aficionado du genre intimiste. On pourra également se voir happé par les troublantes modulations de la belle dont se pare le soyeux refrain de «
Heaven », ballade pop d'une sensibilité à fleur de peau, dans la veine coalisée de
Beyond The Black Xiphea et
Secret Rule. Enfin, reprise du groupe de pop britannique Take
That, et reposant sur un tempo un peu plus véloce que l'originale, la ballade « Rule the World » se pose alors en une heureuse alternative ; infiltrée d'arrangements instrumentaux de son cru, lui conférant dès lors une assise délicatement ''metalisée'', l'émouvante ritournelle trouve ici une seconde jeunesse.
En dépit de ses mérites, le méfait n'ira pas sans accuser un relatif bémol. Ainsi, concédant une tenace répétibilité de ses schèmes d'accords doublée d'une ligne mélodique empreinte de platitude, le ''therionien'' mid tempo aux pesants et métronomiques roulements de tambour « Wicked » éprouvera quelques difficultés à se hisser au rang de ses voisins de bobine. On passera donc son chemin, cette fois-ci.
On l'aura compris, la troupe nous immerge au cœur d'une œuvre aussi rayonnante que truculente, un brin organique, témoignant, elle également, d'une production d'ensemble de bonne facture. Disséminant des sentes mélodiques finement ciselées et le plus souvent immersives à souhait, cet opus laisse également entrevoir une technicité instrumentale et vocale bien rodée. Il conviendrait toutefois que la formation britannique diversifie davantage ses exercices de style, fresques et instrumentaux manquant toujours cruellement à l'appel, et qu'elle consente à l'une ou l'autre prise de risque pour espérer impacter plus largement, et surtout plus durablement, un tympan déjà familiarisé avec les travaux de ses maîtres inspirateurs. Délivrant néanmoins une forte charge émotionnelle, et renseignant sur l'heureuse évolution stylistique de ses auteurs, ce second mouvement ne saurait les empêcher de rejoindre le cercle restreint des sérieux espoirs de ce registre metal. Voici désormais le vaisseau britannique à deux doigts de tutoyer les étoiles...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire