Quelles seraient aujourd'hui les chances pour une jeune formation de metal symphonique à chant féminin de parvenir à opposer une quelconque résistance face à ses si nombreux homologues, dont de jeunes loups aux dents longues ? Conscient des risques courus à chercher coûte que coûte à gravir les marches dans un tel registre, c'est pourtant sans complexes que cet expérimenté combo britannique s'est lancé dans la bataille. Aussi, nous octroie-t-il d'entrée de jeu un album full length, le bien-nommé «
Volume One », auto-production d'une durée de près de 40 optimales minutes, où s'enchaînent sereinement 9 pistes, elles-mêmes scindées en 3 chapitres de 3 morceaux chacun dans l'ordre d'apparition dans la tracklist. En quoi cette proposition serait-elle de nature à venir déloger les
Beyond The Black,
Walk In Darkness et autres
Elvellon et
Metalwings de leurs terres ?
Dans ce dessein, la chanteuse au gracile filet de voix Tamara Bouwhuis (Dim Crimson), le guitariste/vocaliste Stevie McLaughlin (
Sandstone, Ironheart, Stevie McLaughlin, guest chez Ravenlight...) et leurs acolytes nous mènent au cœur d'un rock'n'metal mélodico-symphonique et folk aussi enjoué et enivrant qu'empreint de délicatesse. De cette étroite collaboration émane alors un sensible et grisant propos se calant dans l'ombre de
Xandria,
Nightwish,
Delain,
Therion, Illumishade,
Lyriel et assimilés, jouissant d'arrangements de bonne facture. Laissant, par ailleurs, entrevoir un enregistrement n'accusant que peu de sonorités résiduelles et une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, le méfait manque cependant de profondeur de champ acoustique. Mais suivons plutôt nos compères dans leurs aventures...
C'est sur des charbons ardents que nous projette volontiers la troupe, cette dernière parvenant alors à happer le pavillon la plupart du temps. Ainsi, c'est d'un battement d'ailes que le refrain catchy exhalant des entrailles de «
Banshee » se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation ; un ''delainien'' up tempo au léger mais inaliénable tapping, investi d'arpèges d'accords finement esquissés, et mis en habits de lumière par les cristallines ondulations de la sirène, que l'on ne quittera qu'à regret. Un poil plus enjoué, eu égard à son infiltrant cheminement d'harmoniques ayant pour corolaire une mélodicité toute de fines nuances cousue, le ''xandrien'' mid/up tempo « Whiteabbey » jouerait, lui, dans la catégorie des hits en puissance. Guère moins efficaces quant aux séries de notes égrainées, décochant parallèlement de puissants et inaltérables coups de boutoir, recelant tous deux un fuligineux solo de guitare, le ''nightwishien'' « Trapped » comme le ''delainien'' «
Once » pousseront non moins à une remise en selle en bout de course. S'il s'avère propice à un headbang bien senti, en raison de la tenace répétibilité de ses schèmes d'accords et de quelque linéarité mélodique, le frondeur « Light » peinera, lui, à se hisser au niveau de ses voisins.
Quand le rythme de ses frappes se fait un tantinet plus mesuré, le collectif trouve là encore les clés pour nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste, d'une part, « Story », mid tempo symphonique folk à mi-chemin entre Illumishade et
Xandria ; glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, pourvu de lignes de claviers des plus enveloppantes, agrémenté d'un sensible picking à la mandoline et mis en exergue par les poignantes impulsions de la déesse, le vibrant effort aspirera d'un claquement de doigts le tympan du chaland. Pourvu d'un refrain immersif à souhait qu'encensent les enivrantes modulations de la princesse et d'un fringant solo de guitare, le ''nightwishien'' mid tempo « Leaving » ne saurait davantage être éludé. On ne pourra, enfin, esquiver le ''therionien'' «
Vanguard » au regard de ses riffs crochetés, de l'habile doigté du lead guitariste, des sensuelles reptations de son serpent synthétique et d'un duo mixte en voix claires bien habité et en parfaite osmose.
Lorsqu'ils nous mènent en des espaces plus tamisés, nos compères nous adressent par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre «
North », ballade atmosphérique aux senteurs orientalisantes, investie de délicates gammes au piano, d'un fluide picking à la guitare acoustique et mise en habits de soie par les caressantes volutes de la maîtresse de cérémonie. Un poil moins tardive, l'insoupçonnée montée en régime du corps orchestral aurait contribué à magnifier une pièce romantique d'une confondante fluidité mélodique.
Résultat de courses : à l'aune de son introductif opus, le combo britannique nous immerge au sein d'un seyant paysage de notes doublé d'une technicité instrumentale dores et déjà éprouvée et d'une qualité d'interprétation que nombre de pairs pourraient avoir à lui envier. Vitaminé, rayonnant et un brin romantique, parallèlement doté d'une ingénierie du son certes perfectible mais qui ne saurait toutefois altérer le plaisir de la traversée, le propos sera au rendez-vous des attentes de l'amateur du genre.
D'aucuns auraient sans doute espéré un message musical plus varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, des exercices de styles un poil moins stéréotypés qu'ils n'apparaissent – instrumentaux, fresques et autres duos en voix de contraste manquant ici à l'appel –. ainsi que l'une ou l'autre prise de risque consentie par nos belligérants. Mais nos acolytes ont encore bien le temps de relever la barre et de revenir plus solidement armés dans l'arène. Quoi qu'il en soit, sans pour autant se poser telle une réelle menace pour leurs challengers, la troupe n'en offre pas moins un sémillant méfait. Arguons qu'il s'agit-là de la première page d'une histoire au long cours...
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