Alcest et
Les Discrets. Les deux groupes, qui en étaient alors à peu près au même point lors d'un EP commun en 2009, ont depuis pris des chemins bien divergents. Tandis que le premier a eu le temps d'enchaîner les sorties, les chefs-d’œuvre, de se perdre en chemin, et de se retrouver avec un surprenant et agréable « Kodama » tout juste sorti, le second a préféré prendre son temps, quitte à rester dans l'ombre quelques années, ne faisant quasiment pas parler de lui. Effectivement, après un deuxième album pourtant de qualité, « Ariettes Oubliées », le combo mené par Fursy Teyssier n'a pas connu de consécration outre mesure, contrairement à son frère
Alcest. Seuls alors les fans les plus assidus ont pu suivre les activités des Discrets : alors qu'un troisième album se prépare (appelé «
Prédateurs » et prévu pour début 2017), et que le combo a enfin trouvé un batteur, un album live est sorti l'an dernier dans l'anonymat, enregistré au festival hollandais Roadburn.
C'est dans ce contexte que sort «
Virée Nocturne », un court EP de quatre morceaux inédits, via la maison de disque germanique
Prophecy Productions. Le titre éponyme figurera tel quel sur ce troisième album à venir, ainsi que la version définitive du titre « Le Reproche », qui se trouve ici en version démo. Finalement, l'EP ne comporte qu'un seul réel inédit, répondant au nom étrange de « Capricorni.Virginis.Corvi ». Compte tenu de cette configuration, et avec un total culminant à 18 minutes, il risque d'être difficile de déduire quelque chose de cet EP pour la suite du groupe. À moins que ce ne soit le moyen de sortir des sentiers précédemment battus, et d'explorer de nouveaux horizons.
C'est cette dernière hypothèse que l'on pourrait valider à l'écoute du premier morceau, éponyme, qui s'éloigne du post-rock des débuts, pour lorgner de plus en plus vers le shoegaze et ses sonorités extrêmement lancinantes, rappelant inévitablement Portishead, que Fursy cite d'ailleurs comme une grande source d'inspiration. Vraiment dommage de ne pas prendre plus de liberté par rapport à ses influences, surtout pour un groupe qui nous avait habitués à se démarquer des autres. À noter que le quatrième titre est une reprise de celui-ci, remixé par l'artiste de hip-hop américain dälek, proche de divers groupes de rock et metal. Cette reprise n'apporte malheureusement rien de consistant, en étirant en longueur un titre qui de toute façon était très planant de base. Ce même sentiment d'inutilité nous étreindra à nouveau en regardant le « clip » accompagnant le titre, simple vidéo d'une route filmée depuis une voiture, de nuit (mine de rien, je viens de révéler trois minutes de scénario).
« Capricorni.Virginis.Corvi » convaincra difficilement un auditeur déjà en panne de repères, malgré quelques sonorités électroniques assez nouvelles pour
Les Discrets, et qui s'intègrent plutôt bien. Cet EP comporte tout de même une vraie bonne surprise, avec la version démo du titre « Le Reproche ». Une voix parlée répond à plusieurs mélodies insidieuses et délicieusement lancinantes, et rappelle les meilleurs moments de «
Septembre et Ses Dernières Pensées » dans une interprétation modernisée. Une jolie perle, qui peut laisser entrevoir quelque espoir quant à l'avenir du combo.
Seulement, un seul titre intéressant sur un EP de 18 minutes ne constitue qu'une récolte rachitique, et fait douter de l'utilité de sortir ce disque. On imagine difficilement, même les admirateurs les plus tenaces, trouver une quelconque satisfaction en achetant l'objet.
Doit-on comprendre que, désormais,
Les Discrets évoluent dans cet espace abstrait, où ont tendance à se confondre l'art et le foutage de gueule ? Encore une fois, ce bien maigre EP ne comporte pas assez d'indices pour parvenir à déterminer la future orientation du groupe. Espérons simplement que le troisième album tant attendu saura renouer avec la magie d'antan.
Seul Le Reproche, que tout le monde avait déjà pu écouter fin 2012 (il y a 4 ans déjà!!), et qui possède une superbe ambiance.
Pour Virée Nocturne, je trouve le résultat vraiment trop léger.
Mais peut-être que dans le contexte de l'album, cette dernière passera mieux.
J'apprécie beaucoup Virée Nocturne également, dont la nature nonchalante et vaporeuse m'a d'abord laissé dubitatif... Même si ça me paraît bien moins abouti que Le reproche, c'est une compo qui s'écoute avec plaisir et je pense aussi que dans le contexte de l'album ça prendra plus de sens. Construire un EP autour, en revanche je ne comprends pas trop non plus... (parler de foutage de gueule n'était pas nécessaire, et un peu facile à mon goût).
C'est ce qu'on verra dans quelques mois...
En attendant, pour ceux qui ne connaissent pas ou peu le groupe dälek, je vous recommande de tout cœur le titre Forever Close My Eyes... Il serait bien dommage de juger du talent de dälek en se basant sur cette collaboration manquée.
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