On peut dire que je l'aurais attendu avec impatience cet album.
Rob Zombie nous sort son nouvel opus, et ce de manière concomitante avec un nouveau film. Un homme occupé donc. Mais alors impatience justifiée ? Ou déception sincère ? Ne faisons pas durer plus longtemps le suspense, sans hésitation aucune : impatience justifiée, et plutôt deux fois qu'une. Commençons par le commencement : une pochette absolument superbe, probablement la plus réussie jusqu’ici, aux couleurs vives assumées, des rats se baladant par ci par là, le tout surplombant un
Rob Zombie en noir et blanc à l'air... peu avenant dirons nous. Le ton est donné : un album perché et méchant, une fête foraine maudite de vieux films de séries B. L'univers est bien présent. L'univers est là, visuellement parlant tout du moins, alors qu'en est-il de la musique en elle-même ? Repartons pour une énième écoute. Extrait de jeune fille inquiétant en introduction de la chanson pour poser l'ambiance. Nul doute, vous écoutez du
Rob Zombie. Le tout suivi par un riff très lourd, lent, mais ô combien efficace. Montez le son, la production est tout simplement surpuissante. Puis vient le refrain "Teenage
Nosferatu Pussy"... Tout est dit, du décalé, du démoniaque, un break de monsieur
John 5 au top, monsieur ne cherche pas à faire dans la surenchère technique, monsieur cherche à nourrir l'atmosphère, à rendre la chose plus flippante, et monsieur y arrive avec brio par un break très réussi.
Changement de tempo avec
Dead City Radio
And The New Gods Of Supertown, on accélère, on ajoute un refrain qui vous restera en tête pour la journée, on rajoute un petit côté roots avec un petit synthé à l'ancienne sur les refrains, et on fait tourner. La recette est là, imparable, un riff simple, efficace, puissant mais néanmoins recherché, je pense notamment au pré-refrain. Monsieur
John 5 impose son style, s’entremêle avec celui du sieur Zombie pour un résultat d'anthologie. La bombe de l'album. Theme For The Rat Vendor : ou comment réussir à placer un morceau de transition indien en plein milieu d'un album de metal indus, et cela de manière à ce que l'ensemble reste malgré tout cohérent. Un mystère que je ne m'explique pas. Ne cherchez pas à comprendre, le train fantôme s'occupe de tout. Ah on y vient, un sampler qui paraît un peu moisi au premier abord, enfin une baisse de rythme c'était pas humain cette affaire......Et merde...Encore un mystère, le sieur Zombie réussi à nous placer une atmosphère lugubre et inquiétante, enchaînant sur un refrain véritable appel au headbang. On imagine
John 5 et son air de possédé, remuer la tête de gauche à droite comme un dément. Dieu que c'est bon, bien que je doute que Dieu ai quoi que ce soit à voir avec ce disque, bien au contraire : "Rock
And Roll (In A
Black Hole)". "Behold, The Pretty Filthy Creatures!" : Introduction tirée d'un vieux film, puis riff simplissime, refrain simplissime, on fait beaucoup avec peu, aucune baisse de rythme, aucune concession, encore des petits breaks absolument flippants de monsieur 5. Un synthé absolument inattendu pour finir, et pourtant tellement dans le thème. Mais comment font-ils ?
Et donc puisque vous suivez, vous aurez compris que la logique profonde de l'album est qu'il n'y en a strictement pas, c'est donc en toute confiance que les bonhommes reprennent le "We're an american band". Cris de foule en liesse pour appuyer la chose, ils y insufflent pourtant ce quelque chose qui leur appartient, cette tranche d'ironie, aux limites du kitch et pourtant jouissive, qui nous fait dire qu'effectivement ce morceau, rythmé à la cowbell, a bel et bien sa place ici, et est littéralement taillé pour les lives. On en ressort avec la banane d'une oreille à l'autre. Les cris de la foule continuent à se faire entendre pour initier ce "
Lucifer Rising". Doit-on y voir une certaine forme de cynisme (l'american band introduisant dans le même temps l'élévation de
Lucifer) ? Un morceau qui nous fait violemment retourner dans le bain ! Un rythme soutenu, un
John 5 qui nous fait preuve de l'étendu de ses talents sur ses parties solo... Un peu de calme pour atterrir en douceur ? Oh que non, vous êtes sur la dernière attraction de
Rob Zombie et sa bande, on n'atterrit pas en douceur, on se crash avec bonheur avec "Trade In Your Guns For A Coffin", 2min10 de plaisir aux accents punk, qui termine l'album comme il a commencé, puissamment et brutalement.
Que dire pour conclure ? A mon sens, probablement l'album le plus réussi de
Rob Zombie en solo.
John 5 a réellement trouver sa place, il est nécessaire, complémentaire, brillant, tout simplement. Une voix reconnaissable entre toutes qui manifestement n'est pas prête d’arrêter de hanter nos plus délicieux cauchemars. Une production superbe, le tout appuyé par une section rythmique à la basse-batterie tout à fait en accord avec l'ensemble, qui ne tombe jamais dans les pièges de la technique toute puissante, et donc une base juste et inébranlable. Probablement cet album n'est-il pas parfait, on aurait aimé par moment que les morceaux durent plus longtemps. Mais on aime aussi ressortir d'un morceau en ayant eut l'impression qu'il est passé si vite, qu'on a même pas eût le temps de comprendre le fait qu'on s'est prit une énorme baffe. Peut-être aurait-on voulu plus de complexité par endroit ? Mais n'aurait-on pas perdu l'essence de la chose, son côté primitif, essentiel, direct ? Alors j'assume, pour moi cet album est une perle, au diable mon sens critique, au diable l'analyse, l'album produit exactement l'effet que j'attendais d'un bon
Rob Zombie, et même bien plus.
"Make Them Die" et "Soul Crusher" sont bien en dessous, c'est pourquoi je les avaient un peu zappé ;-)
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