Dès les prémices de ce
Eyes of
Hell, en réalité dès les premières notes de ce riff nerveux et tendu du premier titre de ce troisième opus des Brésiliens de Dragongheart, l'auditeur attentif et connaisseur des précédents travaux de cette formation aura immédiatement compris que quelque chose ici aura changé. Si le groupe aura toujours par le passé agrémenté sa musique de quelques touches allemandes évidentes (allant même jusqu'à reprendre un titre de
Grave Digger sur son deuxième album), il était toujours resté fidèle à ce
Power Metal plutôt italien ou nordique qu'il défendait avec un acharnement frisant parfois l'obsession. Ce qui n'est plus vraiment le cas ici puisqu'il a basculé de manière très franche dans le Heavy
Power Metal saxon influencé par
Blind Guardian,
Rebellion et, donc,
Grave Digger.
Il faut dire que le départ de son chanteur, Eduardo Marques à la voix limitée et aux aigus pas toujours d'une justesse irréprochable, remplacé par un André Mendes au timbre beaucoup plus écorché, âpre et grave, davantage donc dans cette tradition ancestrale des vocalistes de l'école teutonne, y aura grandement contribué. Notons que les prestations aiguës de ce chanteur seront, elles aussi, bien meilleures que celles de son immédiat prédécesseur.
En plus de ces éléments, d'autres qui ne gâcheront rien, bien au contraire, viendront nous titiller. Comme, par exemple, le fait que cet album aura été mixé par un certain Tommy Hansen (
Helloween,
Heavens Gate,
Jorn,
Manticora...). Que son artwork superbe soit toujours encore l'œuvre d'Andreas Marschall (
Blind Guardian,
Hammerfall,
Destruction,
Kreator...) sera aussi un atout non négligeable.
Autant dire qu'une fois encore
Dragonheart aura mis toutes les chances de son côté. Et bien plus encore si l'on considère qu'il aura fait évoluer sa musique autrefois convenue et académique en quelque chose de plus radical qui, s'il s'applique un peu, pourrait être bien plus intéressant.
Cela dit, évidemment, il n'a pas tout à fait le talent des groupes cités dont il s'inspire. Toutefois lorsqu'il se contente de les imiter fidèlement, il s'en sort pourtant avec les honneurs et nous offre une démonstration de force que, personnellement, je trouve globalement très séduisante (
Eyes of
Hell,
Silent Sentinell...).
Mais le plus étonnant n'est pas là. Lorsqu'il fait preuve de nuances et qu'il alterne subtilement chants clairs et chants rugueux, il se montre parfois même plus brillant que ses modèles (l'excellent
The Ancient Oracle, le somptueux Queops
Escape, le remarquable Secret
Cathedral ou le très réussi
Vengeance in Black par exemple).
Même la ballade Pop Rock
Heart of a Hero, chantée par Olaf Senkbeil (que l'on peut retrouver crédité dans les chœurs de travaux de nombreuses formations (
Freedom Call,
Saxon,
Helloween,
Blind Guardian,
Grave Digger...)) ne parviendra pas à nous déstabiliser. Ni même ce Crusaders March aux mélodies parfois un peu trop guillerettes.
Pour le second volet de sa trilogie, le quatuor aura donc soigné la forme mais aussi le fond rendant une copie parfaite que seule la subjectivité de chacun pourra décrier,
Dragonheart n'ayant, en effet, pas grand chose à se reprocher ici.
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