L’adage est vieux comme le monde. La vengeance est un plat qui se mange froid. Lorsque
Serious Black a bien cru imploser littéralement après les annonces du départ de Urban
Breed, vocaliste depuis les débuts et frontman indissociable d’un groupe longtemps vu comme un all star band, peu donnait cher de la peau des allemands. Mais les ressources viennent toujours à point lorsque le besoin est pressant.
Sans chanteur, avec un leader en proie à des soucis familiaux (Mario Lochert, basse, voir interview) et un album pourtant bien avancé, AFM a sorti de sa poche la recette magique en proposant au trio l’ancien chanteur d’
Eden’s
Curse, à savoir Nikola Mijic ! Si Dominik
Sebastian dit à l’envie que de très gros poissons étaient auditionner, c’est donc sur le serbe qu’ils ont jeté leur dévolu pour mettre en boîte le successeur de "
Suite 226", intéressant concept malheureusement un peu inégal et loin de la flamboyance des deux premiers opus, véritable bombe de power metal.
Quelques mois plus tard, le groupe se confie sans honte sur les difficultés récentes avec Urban, l’envie d’en découdre avec Nikola et surtout présente avec "
Vengeance Is Mine" ce qu’il annonce comme son meilleur album (forcément). Un disque plus efficace, plus direct, moins progressif et basé autour de l’histoire romancée de Mario qui a vécu une rupture très douloureuse l’année passée. "
Vengeance Is Mine" est donc un titre à plusieurs emplois, que les fans verront forcément à travers la défection d’Urban pendant que Dominik pensait à l’ex petite amie de son bassiste, tout en jouant astucieusement avec les sous-entendus pour que toutes les interprétations soient envisageables.
Passés ces détails, l’artwork est magnifique et truffé de symboles. Ce lion plein de force qui rugit, renaît par ses ailes de phénix et brise le diadème (symbole d’une princesse, autant la fameuse petite amie que les facéties de star d’Urban) annonce effectivement un groupe avec la rage.
C’est donc avec un certain étonnement que "
Rock with Us Tonight" ouvre l’album, dans un registre bien plus hard rock mélodique qu’habituellement. Le riff est plutôt simple, des soli parsèment dès l’intro le titre pendant que Nikola rappelle beaucoup plus un chanteur de
AOR que de power metal. Le tempo est plutôt mid, le refrain simple, fait pour être repris en choeur et on remarque également une production plus crue, plus naturelle au niveau de la batterie, avec des claviers très discrets (signés
Bob Katsionis, aussi responsable de la production sur ce disque). Le titre n’a rien de mauvais mais il n’a rien non plus d’un brûlot comme "
I Seek No Other Life" ou "
Castor Skies".
Il sera pourtant assez représentatif d’un disque moins véloce, plus posé malgré son titre, allant plus vers le hard rock moderne que le power speed ou prog des anciennes productions. Le chant de Nikola y est pour beaucoup, plutôt grave et manquant singulièrement d’aisance dans le spectre plus mélodique. On peut pourtant se surprendre à penser sur un titre comme "
Senso della Vita" à … Urban
Breed période
Bloodbound ("Tabula Rasa" notamment) pendant un refrain très bien construit et aérien.
Serious Black délivre douze compositions solides, professionnelles mais manquant probablement d’une certaine folie, d’une personnalité vraiment propre puisqu’on peine assez souvent à reconnaître musicalement le groupe d’antan. "
Fallen Hero" lorgne vers du
Firewind à la "
Fallen to Pieces" (l’intro, la ligne de claviers, le riff, la ligne vocale), "Soul Divider "montre un visage plus rugueux et abrasif tandis que "Ray of Light" débute comme une ballade très sensible pour finalement monter doucement en puissance et finir avec des growls qui opère un question / réponse avec Nikola. On peut également citer "
Out of the Ashes" qui nous ramène plus volontiers vers le passé traditionnel du groupe (ou encore de nouveau à
Firewind, mais la présence de Bob n’y est clairement pas étrangère) pendant que "Soldiers of
Eternal Light" nous abreuve de choeurs guerriers qu’un
Sabaton ne renierait pas pour enflammer une foule.
Rien n’est mal fait, mais rien ne nous emballe néanmoins plus que ça. J’ai la désagréable sensation que
Serious Black a un peu perdu sa patte, a manqué de liant dans la direction générale du disque et n’a ainsi proposé qu’un patchwork de compositions avant de penser à un album cohérent. Nikola Mijic, s’il s’en tire très bien, n’a pas l’aisance ni le charisme d’Urban
Breed non plus et peine à le faire oublier, étant souvent sur la corde raide ou semblant au bord de ses limites.
On sent bien que le groupe s’est livré corps et âme pour l’album (les textes le démontrent) mais le résultat n’est à mon sens pas le plus probant possible. Ceux qui souhaitaient une direction plus efficace, heavy et brute seront ravis mais les amoureux de mélodies chiadées et de passage speed retourneront irrémédiablement vers les précédents disques (du moins jusqu’à "
Magic"). Nous laissons le bénéfice du doute vis à vis des événements récents mais
Serious Black n’a pas le droit à l’erreur pour le prochain disque. Nous verrons bien.
Hello Eternalis,
Extrêmement rare que je ne sois pas d'accord avec tes critiques !
Mais, cette fois-ci, je trouve ta critique très sévère pour un très bon album de Heav Metal, qui fait bon écouter à tout moment.
Et même ta critique ne colle pas avec la note de 13.
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