Excellente initiative du label amiénois Ars
Funebris de sortir cette split/tape regroupant l’un des groupes de dark-ambiant des plus reconnus ainsi que le plus jeune
Vannvidd, initiateur du « Pianistic
Dark Ambiant » et dont on en pense le plus grand bien. Trouver ces deux groupes en un seul enregistrement pourrait être un délire mais non, c’est bel et bien réel. Le format du split est d’ailleurs particulièrement capricieux. N’est-ce pas à ce moment qu’on impose une compétition (au meilleur des cas, une collaboration) entre les groupes ? Le groupe gagnant est celui qui sera le plus écouté et tant pis pour le perdant. Cependant, ajoutons que la place du petit canard est, la plus large partie du temps, amplement méritée...
Et là, le vainqueur est... ? Et ben, après écoute, je dirais sans crainte... Egalité, une cassette sans faute.
On commence les hostilités par
Vinterriket nous gratifiant de deux titres ambiant comme son compositeur sait mieux le faire. Deux titres atmosphériques du meilleur cru, une ambiance panthéiste, un appel à la contemplation de paysages enneigés au milieu d’une déambulation forestière. Tout y est, de la profondeur des chapes de sons à la texture enveloppante, un certain minimalisme de la structure faisant d’autant mieux ressortir l’essence même de la solitude. Le ton glacial, commun à
Vinterriket, des titres se ressent comme un vent glacial sur la nuque. Efficaces et romantiques, les morceaux du split renforcent tout autant le statut de l'allemand dans le monde du dark-ambiant que le débit monolithique de ces nouveaux enregistrements...
Suite à ces deux titres, on pouvait se demander (en changeant de face) comment
Vannvidd allait suivre le mouvement amorcé par l'allemand. Le résultat est sans appel : trois titres classieux respirant d’une profonde mélancolie au simple toucher du piano. Svarthet ne change en rien la structure de ses pièces. Légèreté du toucher tel un chuchotement au creux de l’oreille, allure fantomatique des mélodies distillées, le groupe français capte l’attention avec une puissance d’évocation rare (surtout quand le contenu se compose d’un piano et rien d’autre) donnant la nette impression à celui qui l’écoute d’un ralentissement temporel comme d'une aurore boréale se dessinant sur un ciel étoilé... D’une atmosphère aussi morbide, triste que sublime,
Vannvidd signe ici des titres forts, une sorte de « Ballade à
Elise » maussade et ténébreuse comptant parmi les meilleures compositions de Svarthet.
Au final, Ce split est un objet fantastique, une plongée dans un univers sombre et tragique qui raviront les amateurs, aidés il est vrai par un format cassette favorisant un secret d’écoute subtil et bienvenu, car c’est peut-être là la grande force de l’objet. Et comme la cassette ne coûte trois fois rien, il serait (vraiment) bête de ne pas tenter l’expérience... Surtout quand on atteint ce niveau d'exécution.
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