En ce moment, on ne peut cacher que la production de
Vannvidd se fait pour le moins foisonnante et rimant toujours avec talent et sincérité. Essayez un peu de monter un projet dark-ambiant avec seulement un piano. Essayez de faire passer des sensations avec un instrument qu’on adjoint plus volontiers à un registre plus vivant et qui même se change en un élément pseudo intellectuel et à forte consonance commerciale, mais je ne citerai personne…
Le piano est l’instrument de l’intime même, le plus proche médiateur de la pensée avec la main. Et pour cela, nul besoin de rectifier, de gommer et d’amplifier le son, la note, elle, est là, fluide et aussi d’un corps brut.
Vannvidd, c’est cela, un dark-ambiant minimaliste aux notes éparses à l’aide d’un instrument qui dépose les sentiments sur page (ou bande)
2006 est de ce fait une année faste pour le projet français. Ressortie de trois de ces démos sur un format disque (sur Ocultum Productions), split avec
Vinterriket et, pour l’instant, cette nouvelle cassette démo, «
Ghost of
Destinity ». Autant dire et je m’avance guère en écrivant cela que cet objet est une nouvelle preuve du talent de son compositeur à soutenir au plus vite.
Oui, «
Ghost of
Destinity » est une perle de mélancolie et de tristesse qui arrête le temps d’une finesse immense où chaque note trouve sa place et l’émotion qui lui sied. Comment ne pas résister à ces moments de solitude bercée par la flamme vacillante d’une bougie ? Il respire dans cette casette (ainsi que dans le reste de la discographie) un appel à l’introspection, limpide, clair et simple comme un coucher ou un lever de soleil. On ressent dans «
Ghost of
Destinity » cet état de faiblesse proche du romantisme allemand. Et l’on croirait presque à se retrouver au centre d’une peinture de Gaspard David Friedrich (la pochette rappelle le magnifique tableau « La Mer gelée »). Exacerbations des émotions via des moyens humbles et élémentaires (le sublime « Scars of innocence »). Les notes s’espacent entre chaque imposition des mains, la douleur ne se ressent que plus fort et par là, sa beauté, son aspect atemporel.
Se terminant sur le tout aussi magnifique «
Rain », l’objet se détache pour atteindre cet espace d’isolement que seul l’auditeur pourra saisir et apprécier. Un côté secret, cher au format cassette ne se fait que plus apprécié et nul doute que la saveur des compositions de Svarthet doit énormément à ce système de présentation.
Magnifique, émouvant et poignant, «
Ghost of
Destinity » arrive même à mettre la larme à l’œil tout en gardant son allure spectrale et désespérée. En soi, cette cassette est splendide et on ne fera pas mine bouche face à la durée réduite d’écoute (vingt minutes). L’essentiel est là...
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