En 1984, Rock'n Roll Secours arrive dans les bacs. Album pied au plancher, bruyant comme une mécanique en échappement libre, un bolide gavé au Rock'n Roll survitaminé capable de laisser sur place les potentiels suceurs de roues, arrachant le bitume à la moindre sollicitation sur la pédale de gaz à l'image du diptyque
Vulcain/L'Enfer, inoubliable enchaînement en excès de vitesse manifeste. La machine est lancée.
Rien ne semble l'arrêter, délivrant toute sa puissance avec
Desperados, elle avale les kilomètres sans broncher alors qu’arrivent les premiers virages avec Big Brother l'obligeant à user du frein.
Pause tuning et installation d'un pot d'échappement aux sonorités mélodieuses avec l'expérimental et attachant
Transition, mettant en valeur une carrosserie aux multiples reflets, polishée par la suite avec un
Big Bang qui suivra la même voie, terriblement contre nature, il faut bien l'admettre.
La course se poursuit avec
Vulcain, mais la mécanique s'essouffle et le constat est amer; il y a de moins en moins de personnes à attendre sur la ligne d'arrivée. Un dernier run au titre tristement prémonitoire est lancé mais la sortie de piste se profile à l'horizon 1998.
Après un dernier coup d’œil dans le rétroviseur et une pensée pour ceux qui ont mis les mains dans le cambouis, Franck Vilatte (RIP), Didier Lohezic, Franck Pilant et Marco Arieta, la clé est retirée du contact, le moteur s'éteint dans un dernier soubresaut en post-combustion, laissant place à un silence assourdissant. La machine est stoppée.
Usés, fatigués, l'inspiration dans la boîte à gants, Marc Varez, Daniel et Vincent Puzio ferment la porte du garage dans l'indifférence quasi générale.
Alors que l'on ne les attendait plus,
Vulcain se reforme en 2010. Le manque, l'envie de refaire vrombir le moulin et cramer de la gomme sont trop forts et la série de dates qu'ils vont effectuer suivie des retours enthousiastes les replace sur la ligne de départ.
V comme
Vulcain, 8 comme huitième album, c'est sans aucune pression que le groupe a peaufiné son V8 enregistré dans le studio personnel de Marc Varez, La Grange 69.
A souligner l'artwork plutôt réussi signé du jeune graphiste Stan W Decker représentant le fameux moteur V8 constitué de parties d'instruments de musiques en guise de pièces mécaniques.
Au premier coup de démarreur, Avec Vous qui rappelle le titre Ebony ouvrant leur premier full length, retentit.
Pas de temps de chauffe, le groupe clame haut et fort sa joie d'être de retour et cela s'entend. Un titre taillé pour la scène.
La Rikenbacker de Vincent, en arbre de transmission intégrale, claque et propulse comme jamais, Marc Varez qui gère la boîte de vitesses enclenche la sur-multipliée à coups de double débrayage et Daniel alimente le turbo de riffs bien gras additivé au
Metal 5. La basse est très en avant, la production est dépouillée, organique, sans effet cache misère. Bref, ça pète à la gueule et après plus de dix ans d'abstinence, ça fait du bien par où ça passe. Si vous cherchiez la définition du power trio, vous l'avez trouvé.
Les hauts régimes n'essoufflent pas ce nouveau moteur, le très bon Call of Duty, pamphlet sur les mercenaires de canapé, Sur la Ligne ou encore Lâchez-nous, coup de gueule contre notre monde politique font montre d'une belle vélocité. L’arrivée du Tour ou Avec Vous précédemment cité ne souffrent d'aucune baisse de régime et renvoient avec bonheur trente ans en arrière.
Les titres mid-tempo (si l'on peut dire) comme Go Fast, Sale Temps pour les Cons, Rien à Voir suintent le Heavy-Rock sans concession et le Boogie-Rock, Limite, avec la Rikenbacker au son saturé que ne renierait pas ce bon vieux Lemmy, laisse les ongles sales et la gorge sèche.
Dans mes Rêves laisse la part belle au groove de basse reptilien de Vincent, capable d'hypnotiser le cobra le plus retors à l'occasion du break qui sauve le titre, faute à un refrain moyennement inspiré.
Cette belle mécanique possède également un couple sans pareil, tout autant capable de réduire sa vitesse pour un lowride en terre Australienne. Fermez les yeux, écoutez Croix de Bois, vous y êtes. Avec ces faux airs de Hells Bells, son rythme nonchalant, vous circulez à vitesse réduite sur ce long ruban noir longeant les collines poussiéreuses, le coude à la fenêtre, bercé par ce
Hard Blues de vieux briscard et son solo dégoulinant de feeling. Gare au soleil et ses mirages, vous risqueriez bien de voir Bon (RIP) ou
Angus en train de faire de l’auto-stop sur le bord de la route.
A l'inverse de la reprise de Dutronc figurant sur l'album Big Brother, celle de L’Arrivée du Tour de feu Alain Bashung, est une franche réussite. L'exercice s'avère souvent casse gueule mais le passage à la sauce
Vulcain est des plus concluant. D'ailleurs, le clip sous acide de la version originale vaut le coup d’œil. Attention, lunettes de soleil obligatoire! http://www.youtube.com/watch?v=KO1fY6d1wGk
Petit clin d’oeil également à ce même Bashung et son Gaby Oh! Gaby lorsque Daniel évoque Wanda et ses sirènes dans Rien à voir.
Sale Temps pour les Cons au verbe moins subtil que sa glorieuse référence revisite le répertoire de la chanson Française avec son évidente allusion au
Requiem pour un Con de Gainsbourg.
Il y a tout de même quelques éraflures sur cette belle carrosserie. Sur la Ligne par exemple avec son refrain redondant et son riff pas trop inspiré, Rien à Voir et Go Fast aux paroles simplistes (leur talon d'Achille depuis toujours)) et dans une moindre mesure, Dans mes Rêves, où le refrain également manque un peu d'agressivité heureusement compensé par le groove hypnotique de Vincent.
Mais cette petite ombre au tableau disparaît bien vite face à l’enthousiasme affiché et à l’énergie déployée, trente ans après Rock'n Roll Secours Les Puzio brothers et leur frère de sang Varez sont de retour et ils envoient du gaz. Vous nous avez manqué messieurs.
Allez, les frangins! Pour fêter ça, faisons la course. Le dernier arrivé paie la tournée.
Gentlemen, start your engine.... GO!
Les frangins ne doivent pas s'en rappeler... vu la branlée qu'on leur avait mis avec le pote. Bam gamelle, bam gamelle, bam gamelle. Il faut dire que je passais plus de temps au bistrot que devant mon bureau. Et maintenant je me retrouve à raconter mes bétises sur un site métal. Bien fait pour moi!
Un album a la ramasse totale mixage compris , une grosse très grosse déception vraiment !
Tout dépend la lecture que l'on fait de l'album, on ne juge pas Rock'n'Roll Secours sur sa prod... V8 est un album providentiel qui marque le retour aux manettes du groupe, avec des convictions fortes... fini les doutes, fini les tergiversations, Vulcain affirme sur ce disque avec sincérité la volonté de faire du Rock'n'Roll à leur image avec une énergie jamais égalée depuis Desperados. Pas du tout à la ramasse, bien au contraire !
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