Naer Mataron ou un groupe qui, lors de la sortie de From up to
Ashes, était quasiment inconnu, et dont la petite perle noire qu’est cet album est passée presque totalement – et injustement !- inaperçue. Même si, aujourd’hui, grâce à une persévérance exemplaire et un black guerrier qui se durcit toujours au fil des productions et lorgne de plus en plus vers le black old school, le groupe grec est parvenu à se faire un petit nom sur la scène black internationale. Et si chacune de ses galettes, si elle ne brille pas forcément par son originalité, rime du moins avec qualité, il serait injurieux d’oublier un si glorieux passé, et l’heure est donc venue de rendre hommage à cet excellent premier album.
Penchons-nous donc sur ce premier méfait qu’est
Up from the Ashes.
N’y allons pas par quatre chemins : pour moi, il s’agit tout simplement d’un chef d’oeuvre de black metal puissant et martial dégageant une atmosphère sombre et unique, alliant dans une osmose parfaite mélodies entêtantes et brutalité suffocante. La mention « Hellenic Black metal Art » inscrite au dos du livret résume parfaitement l’essence même de cet album qui représente la vague de black metal grecque des années 90 dans toutes ses lettres de noblesse, teintées d’or et de sang, au même titre que des groupes comme
Varathron,
Necromantia ou
Rotting Christ : un mélange particulier et savoureux de claviers sombres et mélodiques, de riffs incisifs carrément hypnotiques et d’une batterie qui privilégie la plupart du temps les mid tempos pour mieux transcender la musique par quelques accélérations soudaines et fulgurantes.
Mais ici,
Naer Mataron sublime le genre, lui ajoutant une touche de brutalité et de rapidité supplémentaire qui, contrastant avec la mélodie de certains riffs et l’utilisation omniprésente des claviers, noie littéralement l’auditeur dans un harmonieux chaos sonore où la bestialité, incarnée par la voix écorchée et haineuse d’Aithir et le martèlement frénétique et martial des fûts, s’accouple avec une dimension plus spirituelle, onirique et épique de la musique.
Chacune des chansons se ressent comme un violent et fier hymne païen et nous transporte dans une transe extatique sur les champs de bataille de la Grèce antique ou sur le mont Olympe, au côté du terrible
Zeus.
Les riffs sont sublimes et agressifs tout en restant mélodiques (aaaaaah, écoutez donc, à 2,43 minutes de Faethon, oserais-je avouer que pour moi, ce riff majestueux soutenu par une batterie survoltée est tout simplement l’un des plus touchants, puissants et épiques qu’il m’ait été donné d’entendre dans tout l’univers du black métal ? Merde, c’est fait.), la batterie impitoyable se calme en de rares moments, qui, claviers atmosphériques aidant, nous plongent dans une mélancolie profonde, la basse est – miracle pour du black !- bien audible et rajoute une touche mélancolique à l’ensemble, et la balance entre brutalité et mélodie est tout simplement parfaite pour des titres au delà même de l’excellence (Faethon,
Zephyrous).
Seul petit bémol : une durée un peu courte (environ 35 minutes pour seulement 7 titres dont un interlude acoustique, on se serait bien enfilé 2-3 titres en plus dans les oreilles vue la qualité de la musique !), et peut-être une légère tendance à se répéter, les titres étant tous à peu près construits sur les mêmes structures et les mêmes effets de contrastes.
Mais bouder un tel chef d’œuvre pour si peu serait pure hérésie, et je ne saurais que trop conseiller aux amateurs de black brutal, mélodique et épique de se procurer cette petite merveille de toute urgence !
Reçu hier en KDO!, suite à la tournée de KURGALL avec en ses rang l'actuel drummer de NAER MATARON qui distribuait tous les méfaits de ce groupe kult!
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