La sortie de "
Up from the Ashes" en 1998 avait présenté
Naer Mataron comme un groupe prometteur et ne manquant aucunement d'inspiration dans ses compositions, arborant une flamme hellène des plus honorable dans ses ambiances et ses paroles en dépit d'une musique quelque peu brouillonne par moment, mais indéniablement de qualité. Alors que cette horde grecque présentait un Black
Metal mélodique axé sur les ambiances et l'envoûtement que les différents titres pouvaient procurer à l'auditeur adepte de dépaysement, avec parfois quelques relents
Rotting Christiens dans des titres tels que "
The Great God Pan", ce second opus vient déjà bouleverser les habitudes par un virage musical conséquent. Changement de logo, changement de chanteur, changement de registre...mais changement très bien exécuté.
En effet, comme l'œil aguerris le remarquera au premier regard qu'il posera sur l'illustration de l'album très clichée, montrant le fameux duo Kaiadas (basse) et Morpheas (chant, guitare) tout en corpsepaint sous le couvert d'un pentagramme, c'est bien à du Black
Metal pur auquel nous avons droit. Le duo de compositeur a décidé de ne pas stagner sur ses acquis et de rejoindre en partie l'école Scandinave pour ce qui est de la forme musicale de leur second méfait. Si beaucoup se sont cassés les dents lors d'un remaniement de registre, les athéniens ont franchi les obstacles avec un succès certain. La chose en elle-même surprend aux premiers abords, mais force est de constater que la qualité des compositions n'a pas faibli et que l'âme du Black
Metal a rarement été aussi forte chez le groupe.
Alors que "...
And Bloodshed Must Be Done" se charge de lancer la nouvelle offensive hellène sous l'apparence d'une introduction instrumentale (exécutée par
Lethe, le batteur) apparaissant presque comme étant le dernier souffle mélodique de "
Up from the Ashes", le premier véritable titre "Diastric Fields Of
War" amènera brusquement le nouveau visage de
Naer Mataron en délivrant un riff minimaliste dans sa forme, mais non pas d'une linéarité Darkthronienne, réservant des variations bien exécutées et très prenantes, tirant de la brutalité une mélodie marquante qui dégage un souffle épique de sa noirceur grâce aux crescendos/décrescendos et aux changements de tessiture vocal de Aithis qui délivre une prestation des plus appréciables, autant dans son chant clair que dans son chant Black, le tout formant un mélange de tristesse et de haine des plus délectable.
Oui, c'en est bien fini des breaks parsemés de clavier un peu trop kitsh par moment et des beaux solis. Mais comme vous l'aurez compris le groupe n'a rien perdu de sa fougue et alterne habilement entre des rythmiques plus torturées et malsaines à la manière de "Iketis" et sa tristesse furieuse où l'auditeur est happé par le jeu des différents musiciens et ce mix talentueux entre les blasts de
Lethe (qui sonnent parfois trop clair malheureusement) et le riffing simple mais intense de Morpheas, ou encore le tiraillant "
Hyperion" qui jongle entre parties rapides et mid-tempos avec aisance pour offrir une structure mélodique plus complexe que précédemment dans son appréhension, mais tout aussi efficace.
La production du
Unholy Studio 5 sied très bien à la musique ci-présente. Le son des guitares est aigu et a ce côté raw typique du Black
Metal, mais les différents riffs ne peinent jamais à se faire entendre, le tout disposant au final d'un rendu puissant. Si la batterie sonne un peu synthétique par moment, on lui pardonnera ce défaut grâce à sa bonne prestation tout au long de l'œuvre et un rendu sonore des plus correct dans l'ensemble.
Le défaut qui pourrait chagriner les fans de la première sortie est le manque d'ambiance de ce
Skotos Aenaon par rapport à son prédécesseur. À ceux-ci je dirais simplement qu'ils devraient réécouter l'œuvre, car elles sont bien là, mais pas de la même manière. Là où les synthés et quelques samplers servaient à poser le décor au sein du premier opus, ici la base des compositions se suffit à elle-même. Quelque chose d'imperceptible dans cet album se répercute à travers chaque morceau afin d'y apporter un élément qui nous fait ressentir que c'est du Black
Metal Grec, à la manière de "
Wolf Of Ions", un des titres les plus brutaux de l'album en son départ avant le lâcher son break central ponctué de notes de claviers relevant l'atmosphère de l'album d'un cran supérieur alors que l'on s'approche de la fin. Le titre éponyme est également empreint de cette ambiance fantomatique et se veut être un parfait résumé de ce second opus. Tous les éléments y sont présents, de la furie à la mélodie en passant par les élans vocaux classiques aux cris immondes.
Au final, cette deuxième offrande à la scène grecque est de très bonne qualité.
Black Lotus Records pouvait être fier de ses protégés qui avaient réussi une refonte de leur base avec succès et ceci n'est pas donné à tout le monde comme l'auront montré certains groupes pionniers.
Quoiqu'il en soit,
Naer Mataron aura quelque peu surpris et aura sûrement perdu les fans adeptes des atmosphères d'agora ensoleillées, mais au final leur évolution ne laisse personne les connaissant indifférent et si cet album présente encore des erreurs comme tous les jeunes groupes en font, après leur essai vers un Black
Metal plus virulent et assez maladroit sur "
River at Dash Scalding", "
Discipline Manifesto" saura reprendre ces ingrédients en les sublimant afin de mettre tout le monde d'accord.
"Hellenic Black
Metal Legions"
Val'.
Je t'y encourage vivement en tout cas, ainsi que pour Discipline Manifesto.
Merci d'avoir lu.
@Mmatai: merci aussi à toi et pour le compliment ;) .
Un album qui, pour moi, n'a pas autant de personnalité que le premier Up From The Ashes, mais qui vaut sacrément le détour!
Je vais me le réécouter, tiens!
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