Respectivement atmosphérique, symphonique et death, le blackmetal créé par Sanrabb & Dolgar en 1993 sous l’entité
Gehenna sera passé par bien des colorations aux grés des périodes, jusqu’à l’intraitable WW paru en 2005, un retour aux sources vers un blackmetal guerrier, totalitaire et sans compromis, guidés par la force de frappe de
Frost* (
Satyricon), batteurs parmi les plus rapides & talentueux issus de Norvège. L’arrêt de la collaboration avec
Moonfog Productions ayant cessé les réalisations, le retour de
Dirge Rep entre 2006 et 12, sont ensuite les principaux évènements de huit années durant lesquelles le groupe aura été très discret, jusqu’à cet automne 2013 où il revient chez Indie Recording avec un nouvel album baptisé
Unravel.
Si WW était un disque épuré et sans détour, martelant sur des thèmes annihilateurs & guerriers,
Unravel est quant à lui une œuvre tout aussi noire où transpirent davantage de haine et de désespoir, bien que dans la forme le blackmetal de
Gehenna soit ici tout aussi cru et terriblement froid. Les diverses illustrations moyenâgeuses, notamment la superbe peinture "The
Triumph of Death" (Jan Swart van Groningen - 1530) en couverture, ou encore la représentation du
Baphomet, sont autant d'éléments qui renvoient justement vers ces temps reculés & obscurs, et confirment cette dimension mystique, ce sentiment de mort et de damnation qui relie chacun des nouveaux morceaux.
Tout comme WW dont
Unravel en porte l’esprit, exit les synthétiseurs des premiers albums ou encore les velléités deathmetal de
Murder et d'
Adimiron Black, au profit d’un blackmetal post-apocalyptique où plus aucune lumière ne se dégage. Les morceaux lents et oppressants (The Decision) côtoient d’autres plus rapides (
Nine Circles of
Torture), moments où la batterie entêtante de Slaktaren frappe inlassablement. Chaque titre reste dépouillé & toujours accrocheur, lié par la même noirceur et par ce riffing volontairement basique & répétitif, sans note majeure, afin de mieux absorber l’auditeur, tout comme
Burzum et
Darkthrone ont si bien su le faire durant leur période la plus sombre entre 1991 et 94.
Aspirateur d’âme,
Unravel ne s’embarrasse d’aucune fioriture pour répandre la mort. Basse, batterie, guitares basiques et chant anthracite sont les seuls éléments nécessaires à
Gehenna, dont le blackmetal a rarement été aussi haineux, pur et obsédant. Après 20 années de carrière, la bande de Stavanger livre aussi à travers son nouvel album un vibrant hommage à la scène revival black norvégienne, dans ce qu’elle recélait de plus sombre et de plus cru durant la première partie des années 90’s.
Seul le Malin peut désormais prédire l’avenir d’un groupe au soleil si noir qu’il parait sans lendemain.
Fabien.
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