Surprenant sur son premier album
Piece of Time, modèle de vitesse et de complexité, la formation deathmetal floridienne
Atheist s’attèle à l’écriture de son second album, auquel participe activement son bassiste Roger Patterson, musicien au jeu d’une prouesse technique désarmante. Le quatuor emmené par Kelly Schaefer réalise notamment une pré-production de son nouvel effort en août 1990, puis s’embarque dès le début d’année suivante sur tournée, qui s’arrête hélas tragiquement ce 12 février 1991, lors de l’accident de bus envoyant directement Roger Patterson au paradis de bassistes.
Profondément affecté,
Atheist met toutefois un point d’honneur à enregistrer l’album dans l’année 1991 et à se surpasser, afin de rendre un hommage poignant à son ami défunt, bassiste d’exception. Tony Choy, issu du groupe
Cynic tout aussi technique, est idéalement recruté pour l’occasion, rejoignant Kelly Schaefer,
Randy Burkey et Steeve Flynn pour les sessions d’
Unquestionable Presence aux Morrisound Studios, sous l’œil bienveillant de l’ingénieur du son Scott Burns.
Tout en restant dans un registre deathmetal résolument à part dans le circuit de l’époque,
Atheist pousse le côté expérimental et son niveau technique jusqu’à leurs ultimes retranchements. A l'instar de l’avant-garde de
Piece of Time, le quatuor n’hésite pas à exploser les barrières du genre, multipliant les plans techniques et fleuretant avec le jazz, sans toutefois jamais s’égarer en gardant une ligne directrice, pour un résultat parfaitement fluide et homogène.
Durant ses 32 minutes,
Unquestionable Presence renverse ainsi le deathster, à genoux devant la complexité du couple basse batterie du tandem Choy / Flynn et la dextérité des jeux guitares et des soli hallucinants de Shaefer & Burkey. En outre, au-delà d’une force technique n’étant plus à démontrer,
Atheist injecte une rage et supplément d’âme dans chacune de ses compositions. L’unique Mother Man au final désarmant, le superbe An Incarnation Dreams à l’ouverture acoustique pleine de mélancolie, le tout aussi impensable
And the Psychic
Saw, sont ainsi autant de marques d’une créativité, d’une richesse et d’une inspiration sans limites.
Sans occulter la justesse de ses paroles aux thèmes existentiels et son enregistrement cristallin,
Unquestionable Presence est aussitôt décrit comme l’une des réalisations deathmetal les plus techniques de tous les temps. Rageur, subtil et poétique, beau et sincère, ce second effort d’
Atheist se range idéalement aux côtés de
Human et
Testimony of the
Ancients (Death,
Pestilence) sortis cette même année, deux chefs-d’œuvre complexes & posés, et tout aussi poignants. Roger Patterson aurait adoré cet album.
Fabien.
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