Depuis la sortie du culte
Unquestionable Presence,
Atheist connait de nombreuses turbulences au sein de son line up, affrontant le départ du frappeur Steve Flynn et du guitariste
Randy Burkey, tous deux membres originels de la formation. Devant toutefois honorer la fin de son contrat avec Music For Nations, la maison mère d’Active Records, prévoyant en tout trois albums, le groupe se réunit une ultime fois durant tout le mois de mars 1993 aux Pro Media Studios floridiens, sous la houlette de l’ingénieur du son Mark Pinske.
Le leader Kelly Schaefer recrute pour l’occasion Frank Emmi à la guitare lead, ainsi que le batteur Josh Greenbaum durant les sessions d’enregistrements, tandis qu’in extremis,
Randy Burkey rejoint le groupe, qui compte alors trois guitaristes lors des sessions. Composé dans l’urgence, le troisième album d’
Atheist parait ainsi en septembre 1993 sous couverture de son label britannique, dans les même temps qu’Heartwork,
Wolverine Blues ou Spheres de ses homologues européens
Carcass,
Entombed et
Pestilence.
Baptisé
Elements, en référence à l’eau, la terre, l’air et le feu, le nouvel effort d’
Atheist bénéficie de morceaux composés par l’intégralité de la bande, à l’exception de ses quatre interludes écrits en solitaire. Moins rapide et moins extrême que ses prédécesseurs, s’écartant un peu plus des sphères deathmetal, l’album reste en revanche tout aussi technique, transpirant parallèlement ces influences jazz propres à la formation, d’ailleurs ouvertement assumées sur les breaks délectables de Water,
Fire ou du titre éponyme.
Très complexe et particulièrement soigné dans sa mise en place, bluffant une fois encore par la richesse de ses influences et le jeu de basse hors pair de Tony Choy, à l'image des très bons morceaux Air et Animal,
Elements reste toutefois plus académique que ses deux aînés, notamment en regard de l’intemporel
Unquestionable Presence, où
Atheist était parvenu à toucher la magie du bout des doigts.
Entre les vocaux de Kelly perdant la hargne des débuts, et la production de Mark Pinske privant les guitares de mordant et le tout d’un mixage équilibré,
Elements contient ainsi plusieurs faiblesses l’empêchant de se hisser au sommet de la –courte- discographie d’
Atheist. Les interludes apaisants de
Randy Burkey et Frank Emmi confèrent toutefois un côté feutré judicieux, tandis que l'instrumental débridé de Tony Choy, aux airs de samba et aux parties de basse délicieuses, décalé de prime abord, apporte finalement une grande originalité et s’intègre royalement à l’ensemble.
Certes moins accrocheur que ses deux prédécesseurs et assemblé dans des conditions difficiles,
Elements bluffe en revanche par sa technicité désarmante, préservant parallèlement l’essence même du death technique inimitable d’
Atheist.
Semblant de nouveau y croire, le quintette floridien s’embarque alors pour une tournée européenne en compagnie de
Carcass et
Suffocation (que j’ai loupée à mon plus grand regret), mais se sépare hélas définitivement quelques temps après, laissant toutefois derrière lui trois disques d'une influence toujours aussi forte après tant d’années.
Fabien.
En cette année 1993, les studios Morrisound étaient devenus assez chers, dû à leur notoriété croissante. De nombreux labels ont alors boudé l'endroit, à l'image de Roadrunner envoyant Suffocation & Malevolent Creation dans d'autres studios, pour les sessions respectives de Breeding the Spawn et Stillborn. Ceci n'a pas été une réussite pour ces deux albums cités, pêchant chacun par une production confuse et manquant de mordant. Atheist a lui aussi atterri dans le même studio que Malevolent Creation, le Pro Media, avec le même ingénieur du son, Mark Pinske, visiblement peu expérimenté en metal extrême. Je pense honnêtement que la bande de Kelly Schaeffer aurait largement préféré retourner aux Morrisound Studios sous la coupe de Scott Burns, qui maîtrisait parfaitement le son du groupe. FABIEN.
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