Liste des groupes Hard Rock Skid Row (USA) United World Rebellion - Chapter One

Après la rumeur fondée mais sans lendemain de mars 2011 sur l’éventualité fantasmée d’un retour au bercail du fils prodigue Sebastian Bach accompagné d’une grosse enveloppe de billets verts en échange d’une série d’apparitions scéniques en tête ou co-tête d’affiche sur plusieurs festivals d’été européens la même année, le légendaire Skid Row retourne vaquer à ses occupations habituelles autrement dit continuer sa route de mythe déchu du hard rock/metal de la décennie 80 aujourd’hui cantonné à un relatif anonymat médiatique ainsi qu’aux petits clubs de seconde zone dans le but de maintenir allumée tant bien que mal la flamme pour ses désormais rares inconditionnels nouveaux venus ou nostalgiques téméraires de l’épopée Baz pour lesquels il y eut une vie après le « Subhuman Race » de 1995 et le départ mouvementé du vocaliste canadien natif des Bahamas, alors idole bankable et objet de désir incontestée de ces demoiselles.

Fronté depuis 1999 par le sympathique chanteur de country texan Johnny Solinger et orphelin de son percussionniste originel Rob Affuso battant aujourd’hui le fer chez Soulsystem, le groupe de Toms River NJ a sorti deux full lengths n’ayant suscité d’engouement particulier ni de la part du public ni de celle de la critique spécialisée ; les relativement inégaux mais audibles « Thickskin » (2003) et « Revolutions per Minute » (2006) à mille lieux de la fureur des intouchables « Skid Row » (1989) et « Slave to the Grind » (1991). Rejoint derrière ses fûts par le dénommé Rob Hammersmith (Gunfire 76) et articulé autour du noyau dur de survivants de la grande époque Dave « The Snake » Sabo, Scotti Hill (guitares) et Rachel Bolan (basse), Skid Row dégotte un deal avec le label allemand UDR Music. Enregistré entre les murs de trois studios de Géorgie dont le Bonehead d’Atlanta et produit par la paire Rachel Bolan/Dave « The Snake » Sabo, l’EP « United World Rebellion – Chapter One » sort le 16 avril 2013.

Ce combo de légende, ces hymnes rock n’ roll atemporels, cet esthétisme incomparable illustré par la jadis dégaine bad ass absolue de ses ambassadeurs et ce logo parfait digne de ceux des plus grandes corporate brands pourrissant l’humanité ; Skid Row ne peut laisser indifférent le fan de hard rock américain de la fin des années 80 même si de nos jours parait-il, le gang de Bolan ne serait plus que l’ombre de lui-même et ce depuis bien longtemps. Quoiqu’il en soit, la curiosité et l’insatiable envie de savoir de quel bois se chauffe le Skid Row version 2013 dépassent les préjugés et rendent obligatoire l’acquisition et l’écoute solennelle de cet EP cinq titres animé semble-t-il par le concept de rébellion internationale organisée et unie contre les putains de rats financiers, politiques et faussement moraux qui dirigent le monde.

Premier morceau de « United World Rebellion – Chapter One », le titre « Kings of Demolition » et son imparable refrain donne dans un hard rock puissant et accrocheur tout en rappelant « Livin’ on a Chain Gang » extrait du deuxième opus de Skid Row « Slave to the Grind », notamment via le phrasé introductif de Solinger assez semblable à celui de l’irremplaçable Sebastian Bach sur l’invective précédemment citée. Simple coïncidence désintéressée ou clin d’œil au passé synonyme de retour aux sources ? Toujours est-il que le groupe du New Jersey semble être en forme sur ce nouveau support, offrant à l’auditeur l’expression inspirée d’un hard rock métallisé aussi puissant qu’efficace comme peut en témoigner l’énergique « Let’s Go » et ses accents punks (songwriting de Bolan oblige) sur lequel Johnny Solinger annonce avec force et conviction à qui voudra l’entendre qu’il se trouve prêt à casser la baraque et à faire crisser les pneus, métaphore chère à un Rachel Bolan que l’on connait féru de sport automobile et plus précisément de race cars quand il ne tripote pas sa quatre-cordes dans son combo principal ou au sein de ses projets annexes. Dans un style tout aussi efficient, il conviendra de souligner l’enthousiasme généré par la véloce « Stitches » notamment ponctuée par un bon solo signé Scotti Hill rappelant pour l’occasion à qui l’aurait oublié toute l’étendue de sa classe et de son talent guitaristique instinctif.

Fidèle à son identité de groupe de hard rock US ayant grandement contribué à écrire les lettres de noblesse du style auquel on le rattache, Skid Row présente également sur ce format réduit « United World Rebellion – Chapter One » une ballade représentative du genre qui à défaut de révolutionner le concept de la mélopée pour gros durs s’avère être plus qu’agréable à l’écoute et coller habilement à l’atmosphère générale du support. Belle, simple et efficace, « This is Killing Me » et son indispensable intro acoustique ne pourra que remporter l’adhésion de l’auditeur qui se prendra alors à rêver d’un monde meilleur à mesure que Solinger et ses partenaires de crime exorcisent leur aversion des sociétés modernes et de leurs innommables aberrations (« The worst of times collide, the best is left behind (…) Mistaken leap of faith, that’s fallen out of place.. ») via un break tempéré salvateur marquant une pause constructive sur un EP globalement animé par les sentiments ô combien sains de colère et de révolte. Titre assez en deçà du reste du disque, il faudra composer avec la relativement poussive pour ne pas dire sans grand intérêt « Get Up » qui aurait sans doute davantage eu sa place sur « Revolutions per Minute » que sur ce surprenant et qualitatif « United World Rebellion – Chapter One » globalement réussi émanant de la créativité d’une ancienne gloire dont plus personne ou presque n’attend quoi que ce soit.

Délivrant quelques puissants hymnes bien sentis sous le sceau de l’inspiration et de l’enthousiasme communicatif, le venu de nulle part « United World Rebellion – Chapter One » constitue un release honnête et accrocheur façonné par un combo de légende continuant le combat coûte que coûte malgré une épopée révolue à jamais et des années de vache maigre (notamment un Elysée Montmarte en novembre 2007 devant 50 personnes). Ayant finalement suivi son instinct et adressé un délicieux fuck off au Dieu-Dollar (« Rebels we are. »), Skid Row continuera visiblement son chemin loin du business nauséabond des festivals grand public à fric mais dans l’underground passionné des petits clubs de banlieue où la bière et la sueur coulent à flot. Prometteur, l’authentique et globalement ravageur « United World Rebellion – Chapter One » appelle parait-il deux suites dans un avenir plus ou moins proche. Vivement !